Monsieur Christophe Marion(député de la 3° circonscription  du Loir-et-Cher), Monsieur Vincent Le Duff (sous-préfet de l’arrondissement de Vendôme),  Mme Christelle VOISIN-JOUANNEAU, (cheffe du Service Économie Agricole et Développement Rural de la DDT), ainsi que plusieurs maires des communes alentours se sont rendus à Authon ce mardi 16 avril 2024 à l’occasion d’une visite d’exploitation.

La visite a eu lieu sur l’exploitation de Monsieur Johane Berthier, spécialisé en élevage de volailles et labellisé, qui s’est installé en 2005 sur 80 hectares avec un poulailler, puis en a fait construire un second en 2009. Sa femme, diplômée en élevage canin et félin, l’a rejoint en tant que co-exploitante en 2012 et trois ans plus tard, ils agrandissaient leur production avec l’installation de deux poulaillers supplémentaires. En 2018, Monsieur Berthier a repris l’exploitation de  son père et compte aujourd’hui 6 poulaillers et 200 hectares de terrain, avec en parallèle un projet d’agrivoltaïsme.

Une ferme qui pâtit d’un excès de régulations

Si la famille Berthier a eu le courage d’investir, suite à la récente inflation, les difficultés se font ressentir.

« C’est de  plus en plus compliqué, on en fait de plus en plus, pour en gagner de moins en moins » explique le couple qui élève 70 000 poulets à l’année (jusqu’à 1600 dindes et 2500 chapons pour les festivités) et qui doit faire face à la concurrence européenne qui ne bénéficie pas des mêmes contraintes d’élevage. Les 70 heures hebdomadaires de travail, permettent de dégager 1500€ de revenus par mois, correspondant à 2€ de plus par heure que ce que le RSA offre. Cela souligne une injustice flagrante dans le système.

Pour donner quelques chiffres, si le chiffre d’affaires de l’exploitation est passé de 320 000€ à 422 000€, l’excédent brut d’exploitation a été divisé par 4, le prix des céréales a été augmenté par 1.5 et le prix de l’électricité n’a fait que grimper.

De plus, le Parlement européen a approuvé le mois dernier, le texte de compromis trouvé avec le Conseil sur la révision de la directive sur les émissions industrielles, dite « directive IED ». Cette nouvelle directive diminue les seuils, c’est-à-dire le nombre d’animaux à partir duquel un élevage doit s’adapter pour respecter les normes de rejets de polluants, sous peine de sanctions.

A savoir également, le référentiel construit pour l’évaluation du bien-être du poulet, demandé par le consommateur, comporte environ 230 critères. Ces critères sont contrôlés auprès de l’éleveur, auprès du groupement d’éleveurs, auprès du couvoir et auprès du transporteur et de l’abattoir grâce à des audits réalisés par des organismes de contrôle indépendants.

Une question de choix et d’éducation

Christophe Marion,  s’interroge « Plus on est un pays développé, plus le panier pour l’alimentation diminue. Qu’est-ce qu’on fait de nos dépenses dans un monde de plus en plus individualisé ? ». Il explique vouloir privilégier l’intérêt collectif et encourage les maires à faire le choix du local.

Le député comprend que les municipalités préfèrent parfois concentrer leur budget sur des travaux moins coûteux, comme par exemple la construction d’un city-stade. Néanmoins, si les communes investissaient dans les produits locaux à proposer à la cantine scolaire, les enfants pourraient profiter de produits de qualité et y prendre goût. Christophe Marion fait également le pari que le comportement actuel des enfants aura une incidence sur leurs futures habitudes de consommateurs et que ceux-ci feront le choix d’acheter des produits locaux.

Le sujet du prix rémunérateur a également fait débat, faut-il un prix plancher et si oui, sur quelle base ? S’il s’agit d’un prix plancher basé sur la rémunération des agriculteurs à l’échelle européenne, celui-ci ne peut pas être envisagé à l’heure actuelle car dans chaque pays européens est très différente. Cependant, parvenir à harmoniser la législation encadrant l’utilisation de produits phytosanitaires en Europe paraît logique, c’est une des revendications les plus importantes de la Coordination Rurale sur la loi Egalim.

L’aspect financier prend le pas sur le travail agricole

Plusieurs agriculteurs constatent que l’accès au crédit est de plus en plus difficile et que progressivement, ce sont les financiers, voire les coopératives qui vont reprendre nos fermes. La valeur de la terre est aussi très aléatoire et cela comporte des risques pour la reprise d’exploitation ou de terres agricoles.  Nous devons nous demander quel type d’exploitation la France veut voir perdurer. Si les gros élevages sont de plus en plus difficiles à céder, le schéma des exploitations familiales a-t-il encore un avenir face à la concurrence de pays étrangers comme le  Canada ?

D’autres échanges sur l’actualité ont eu lieu, tels que le retard de paiement pour les aides de la PAC, les prêts bancaires face aux problèmes de trésorerie, la carte des cours d’eau, les dérogations par exemple pour les jachères, le revenu des retraites…

 

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