Guy Charre, parcours d'un éleveur CR engagé en Haute-Loire

 

Quel a été ton parcours ?

En 1995, j’ai repris la petite exploitation de mes parents en tant que double actif, exploitation sur laquelle mes parents avaient bien vécu durant toute leur vie. C'est un élevage de bovin viande sur 20 hectares. En 1996, j'ai entrepris de passer l'exploitation en agriculture bio. Je l'ai fait par conviction éthique et environnementale et aussi avec l'envie d'améliorer la qualité de ma viande bovine. J’étais à cette époque un des premiers agriculteurs de Haute-Loire à faire le pari de l'agriculture biologique.

En 2005, j’ai eu la chance de pouvoir moderniser l’exploitation sans aide. J'ai créé une nouvelle stabulation de 30 places et je me suis lancé dans la vente directe de génisses et de veaux de 5 mois "Aubrac". Pour l'écoulement des autres vaches et pour le suivi de l'engraissement, je suis, depuis le premier jour de mon agrément bio, en lien permanent avec Bio Auvergne.

C’est en 2006 que j'ai décidé de militer à la Coordination Rurale de la Haute-Loire.

Pourquoi as-tu décider de te syndiquer ?

C'était pour moi un moyen de rencontrer d’autres agriculteurs, d'échanger sur nos pratiques, notamment sur la validité du système en double activité. En parallèle, je suis adhérent à Haute Loire bio depuis sa création, ce qui me permet de suivre l’évolution du marché. Je voulais surtout défendre les paysans et les agriculteurs.

Pourquoi as-tu décidé de t'engager auprès de la Coordination Rurale ?

Parce que c'est un syndicat qui défend tous les paysans et les agriculteurs. À la Coordination Rurale, tout le monde a sa place, on est à l’écoute de toutes les composantes et de tous les modèles dont le mien. Si on a peu d’hectares, ce n'est pas grave. Tout le monde est reconnu et il n’y a pas de rejet.

Quelles sont les autres valeurs importantes pour toi et que tu partages avec la CR ?

Le plus important, c'est que l'agriculteur soit maître de son activité ! Et c'est une des valeurs principales de la Coordination Rurale.

Je pense que l'agriculteur doit posséder ses « pouvoirs de métier » de A à Z. C’est-à-dire maîtriser l’ensemble de son activité, de la production à la vente en passant par la transformation. Ça permet d'éviter de confier cette démarche aux industriels et aux intermédiaires et forcément, de garantir un prix juste à notre travail.

Bien sûr cela m'a demandé plus de temps, j'ai dû libérer plus d'espace sur la ferme donc avoir moins de surface, moins de matériel et consacrer du temps aux consommateurs. Mais cela est largement rentable. Il a fallu s’adapter aux besoins des consommateurs et savoir sortir du système des contrats, du système des coopératives industrielles et surtout du système dans lequel on enrichit les « gros » (banque, groupe terre, assurance...) par son travail !

Il faut comprendre que le moment de la production c’est le socle de l'alimentation; sans raisins, pas de vin, pas de ventes. Mais la production c'est surtout le maillon dans lequel il y a tous les risques (pertes, aléas climatiques, maladies...). Et ce sont les agriculteurs qui assurent seuls ces risques. Donc je ne voulais pas me faire enlever le fruit de mon travail, soi-disant parce que la plus-value se fait au moment de la transformation. Quand on s'est démenés pour proposer un produit sain et de qualité, on a déjà fait une grosse partie du travail. Le plus dur, c'est de produire.

C'est pour cela que je souhaite tout maîtriser de la production à la vente, afin que mon travail de producteur soit reconnu à sa juste valeur et que mes produits le soient à leur juste prix.

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