La CR11 a adressé un courrier à tous les élus du département ainsi qu'au Préfet de Région et au Président du Conseil Régional du Languedoc Roussillon pour les alerter sur la situation préoccupante des éleveurs laitiers face à la disparition prochaine des quotas et à la dérégulation du marché laitier. La Députée Marie-Hélène Fabre et le Sénateur Roland Courteau ont saisi l'importance de l'appel de la CR11 et ont interpellé le Ministre de l'Agriculture à ce sujet.

 

Vous pouvez consulter le courrier de la Députée Marie-Hélène Fabre et du Sénateur Roland Courteau, ainsi que la réponse du Ministre dans la rubrique "à télécharger" en bas de page.

 

Voici le courrier initial adressé par la CR11 à tous les élus de l'Aude :

 

Madame, Monsieur,

Nous venons, par le présent courrier, attirer votre attention sur la situation extrêmement préoccupante des éleveurs laitiers.

En effet, la date annoncée de la fin des quotas approche et les laiteries ont bien évidemment anticipée la disparition décidée de la régulation des marchés et de la production. Les conséquences négatives commencent à se faire sentir dès aujourd'hui.

Bien qu'ayant fait la une de la presse, les épandages spectaculaires et historiques de la grève du lait de 2009, symboles de l'inquiétude et du manque de perspectives offertes aux éleveurs laitiers n'ont pas eu l'effet escompté sur les décideurs. L'OPL espérait une prise de conscience, une réflexion et des décisions en faveur d'une politique laitière européenne efficace.

"C'est l'Europe qui décide , la France ne peut que subir!"  Cette réponse de nombreuse fois entendue n'est plus acceptable et encore moins recevable.

La restructuration de la filière laitière depuis 20 ans (avec les accord du GATT notamment) s'est faite dans la douleur et il urgent maintenant  de se garantir une production durable sur l’ensemble de notre territoire, c'est à la fois un devoir économique  mais aussi un devoir social.

La fin des quotas laitiers ouvre une nouvelle  ère où chacun s'interroge sur ce que pourrait être son lendemain.  Cette insécurité est pesante et coûteuse pour l'ensemble des protagonistes de la filière mais aussi pour l'Etat sollicité financièrement à la moindre crise.
 
Après quelques mois de "beau temps" sur les marchés laitiers, la surproduction induite volontairement par les industriels eux-mêmes (des augmentations de production  de 20% proposées par certaines laiteries pour cette dernière campagne ou des volumes supplémentaires de 300 à 400 000 litres de lait attribués à un jeune qui vient de s'installer) est de l'ordre du déraisonnable. C'est de l'autodestruction.
Il suffit de rajouter à cela une crise politique telle que l'embargo russe, (il pourrait également s'agir d'une crise sanitaire telle que nous l'avions connu avec la vache folle ) pour que la filière dans son ensemble soit touchée durablement. Les effets collatéraux seront nombreux mais dès aujourd'hui prévisibles notamment sur les cours de la viande. (le nombre de vaches réformées va inévitablement encombrer un marché déjà bien en difficulté).

Ces politiques, ces gestions faites au quotidien sans autre perspective que le lendemain ont montré leurs limites. L'exemple du bassin laitier du sud-ouest où les fermes ont été éliminées les unes après les autres est caractéristique. Aujourd'hui, il manque 5 millions de litres sur ce secteur. Penser que les producteurs bretons vont produire ce lait est une hérésie. les éleveurs du grand-ouest, avec la meilleur des volontés n'en ont pas les capacités.

Alors pour palier à de probables et fortes variations de production, les laiteries continuent de s'organiser. Des coopératives préparent en effet la mise en place de pénalités pour des producteurs qui ne produiraient pas (ou pas au bon moment) le volume de lait contractualisé.
En laissant faire, nous acceptons et nous signons la mort des élevages laitiers en France. Comment pourrions-nous nous assurer d'un prix juste et couvrant à minima les coûts de production  dès lors que les laiteries auront le droit contractuel de faire produire du lait alors que le marché ne peut pas l'absorber! Les éleveurs n'auront pas d'autre choix que de produire à défaut d'être sanctionnés par des pénalités.  Dans le même temps, en refusant cette sanction, ils s'en créeront une autre, celle de la baisse des prix par un excès de l'offre.  
C'est ce qui se profile aujourd'hui où le prix du lait est d'ores et déjà annoncé pour le début de 2015 à moins de 300 euros par tonne!

Cette instabilité et cette insécurité entraînent inévitablement une volatilité des prix à la production qui met en péril de très nombreuses exploitations laitières mais aussi tous les emplois induits en amont et en aval.

Après la volonté acharnée des industriels et des coopératives de vider les conférences de bassins de leurs compétences et où l'Etat avait encore un minimum de visibilité et d'actions,
après la contractualisation totalement déséquilibrée imposée aux producteurs sous la pression des laiteries,
après la mise en place d'Organisations de Producteurs verticales qui ne sont en fait que des groupements de producteurs asservis au bon vouloir de leurs collecteurs, l'intégration prend alors sa totale dimension, sans bruit mais avec grande efficacité.

La totalité du pouvoir de gestion de la filière laitière ne peut pas être entre les mains de businessmen   insensibles aux conditions d'existence des producteurs et à l’aménagement du territoire  et ne comptant que sur le marché pour le développement de notre filière laitière. Les conférences de bassins doivent à ce titre être les organes incontournables des décisions laitières qui garantissent l'équilibre des forces dans les négociations  en respectant la législation et la réglementation.

Face à l'évolution dramatique et annoncée de la situation dans ce secteur, nous attirons une nouvelle fois votre attention sur votre responsabilité  et nous vous demandons d'intervenir énergiquement auprès des institutions de l'UE  pour qu'elles réagissent rapidement  afin de prévenir la crise.
Sur le plan national nous vous demandons  de garantir le maintien des conférences de bassins et de toutes leurs missions indispensables à une saine gestion  de l'ensemble de la filière laitière  française.

Certains de l’attention que vous porterez à notre demande et demeurant prêts à vous rencontrer pour mieux vous exposer notre position, nous vous prions de croire en l'assurance de notre haute considération.


Véronique Le Floc'h, Présidente de l'OPL          Jean Baptiste Gibert, Président de la CR 11







Fin-quotas-laitiers-reponse-deputee-senateur.pdf

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