Yann de Kerimel a décidé de ne pas se rendre à la grand-messe de la Chambre d’agriculture « Agora », où chacun a été convié, pour « débattre » cette année, sur le fait qu’ « en Ariège, la gestion quantitative de l’eau constitue un défi majeur, pour les particuliers comme pour l’ensemble des activités humaines, économiques, sociales, environnementales, sécuritaires… ».
De grands mots sous l’égide de Marc Fesnau, ministre de l’Agriculture, mais ce débat n’en est pas un, puisqu’il faut communiquer ses questions en amont…
Le président de la CR09 a donc préféré décliner, mais a transmis un courrier au président Philippe Lacube :

 

Bonjour,

Je ne serais pas là… mais mes études ayant porté sur l’eau, sa gestion, sa maîtrise (spécialité hydraulique) puis mon travail durant huit ans à la Lyonnaise des Eaux sur les réseaux, les stations de traitement en potable et en assainissement, je me permets de vous dire que :

– La loi sur l’eau impose, depuis 1992, aux stations d’épuration de ne pas rejeter dans les rivières. Presque 100% des stations rejettent dans les rivières et ruisseaux.

– Les villes captent des sources et pompent dans les nappes phréatiques et rejettent dans les rivières. Résultat, elles vident les nappes et remplissent les océans et mers… et les citadins accusent l’agriculture d’exploiter l’eau commune !

– Capter les nappes phréatiques met en place, dans le sous-sol, un système venturi qui modifie l’écoulement et les zones de réserves, impactant les terres voisines.

– Le département de l’Ariège a fait le choix de supprimer les chaussées multiples qui étaient sur nos cours d’eau. Ces chaussées permettaient de freiner la vitesse d’écoulement de l’eau (et ainsi évitaient les dégradations des bordures de cours d’eau) et de garder un lit permanent, laissant des poches d’eau qui permettaient ainsi la vie aquatique. Depuis que les chaussées sont enlevées, les rivières deviennent des torrents à chaque crue, dégradant les rives par la vitesse de l’eau et des zones sèches en période d’étiage. J’ai quand même perdu 0.5 hectare en 5 ans depuis que la chaussée qui était chez moi a été enlevée.

– La loi sur l’eau interdit d’enrocher les bords de rivière, sauf en cas d’atteinte aux routes et aux habitations… mais si on ne freine pas l’eau, à part l’enrochement, rien de stabilisera les bordures dans les coudes et méandres.

– Les maires sont, en cas d’incendie, responsables, mais rien n’est fait de leur part pour mettre en place des retenues collinaires, chaussées… car la loi est très restrictive. De même, la loi impose une exploitation restrictive sur les bois mais les propriétaires sont responsables avec les maires en cas d’incendie pour non entretien des bois… cela, ajouté au manque d’eau stockée, on fait comment avec la forêt qui prend de l’ampleur en Ariège ?

– La chaleur et la sécheresse forment un cercle vicieux qui ne peut être brisé que par l’évapotranspiration. En effet, l’évapotranspiration forme une vapeur qui, comme les gaz à effet de serre, limite les ultra-violets source de chaleur pendant le jour et retient la chaleur pendant la nuit permettant un climat tempéré. Sans vapeur et sans gaz à effet de serre, il fera de plus en plus chaud le jour et de plus en plus froid la nuit.

L’évapotranspiration se fait par la photosynthèse des plantes chlorophylliennes et surtout par les arbres avec leur système racinaires très performant… Il faut donc maintenir la verdure au sol (et les haies et forêt) avec des systèmes racinaires performants pour permettre aux plantes de résister aux coups de chaud (et donc éviter les sols nus…. donc revenir aux méteils, cultures pérennes..…). Et, en cas de chaleur, il faut arroser car seule l’eau est thermophage et permet, par l’évapotranspiration, de refaire cette vapeur, qui, elle, liée à la fraîcheur, va entraîner les cycles de pluie…

Donc, quand le préfet stoppe l’arrosage en cas de sécheresse, il va dans le sens du cercle vicieux de chaleur…

C’est justement quand il y a sécheresse qu’il faut arroser au maximum pour refaire de la vapeur qui va freiner le cercle vicieux et rafraîchir l’atmosphère… pour permettre la pluie (bien sûr, il faut qu’un écosystème large fasse la même chose, sinon, la fait d’être géographiquement limité ne servira à rien).

Pour en savoir plus, je vous invite à regarder les vidéos d’interventions de Laurent Denise, qui en connaît bien plus que moi…

 

 

En bref, la loi est parfois absurde et le département de l’Ariège ainsi que la Préfet font parfois le contraire de ce qu’il faudrait sur le sujet de l’eau. Et je souligne que je ne mets pas forcément les cultivateurs dans le bon rôle.

Yann de Kerimel, CR09.

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