Alors que la société était en demande croissante de produits bio ces dernières années, nous constatons depuis la crise sanitaire liée au Covid-19, un effondrement du marché lié notamment aux consommateurs qui se détournent de certains produits bio tels que le lait et les œufs.

Face à la l’engouement des consommateurs pour les produits bio et la volonté des responsables politiques puis des industriels d’encourager les conversions, les filières s’étaient organisées pour augmenter la production et répondre massivement à la demande des consommateurs. De ce fait, de nombreux agriculteurs se sont installés ou convertis en bio pour répondre à cette forte demande de consommation. Et pourtant, la labellisation en bio exige de s’adapter à un cahier des charges très strict imposant de nombreuses contraintes.

Par conséquent, depuis quelques mois, l’offre est bien supérieure à la demande. La hausse de la production n’est pas en phase avec la consommation, laissant les producteurs s’interroger sur l’avenir de cette filière, d’autant plus que la prochaine PAC a pour ambition d’inciter à augmenter encore la surface en bio (18 %).

Ainsi, les agriculteurs sont une nouvelle fois le premier maillon de la chaîne à subir les conséquences de cette baisse de la consommation. Cette surproduction a un impact direct sur les prix avec une baisse constatée de l'ordre de 20 €/1 000L . C’est un réel manque à gagner mettant en péril les exploitations les plus fragiles. Sodiaal a d’ores et déjà annoncé à ses producteurs que 10 % de la production totale de lait serait payée au prix du lait non-OGM alors que, parallèlement, les charges n’ont jamais été aussi lourdes pour les exploitants (énergie, fourrage, aliments, eau…). Pourtant, de nombreux éleveurs laitiers sont loin d'atteindre leur droit à produire à l'heure actuelle.

Devant les difficultés qui s’accumulent, des éleveurs laitiers ayant fait le choix de se convertir ou de s’installer en bio, décident de se désengager pour revenir vers du conventionnel, filière plus stable avec moins de contraintes. Face à ce constat alarmant, l’État assure que l’approvisionnement des collectivités territoriales en bio à hauteur de 20 % permettra de désengorger le marché, mais il est évident que cela ne sera pas suffisant pour rééquilibrer le marché.

Cette situation était inévitable. Notre syndicat a toujours été sceptique sur une telle progression du bio et milite d’ailleurs pour l’instauration pérenne d’une régulation des marchés, en bio comme en conventionnel.

Il est irresponsable de laisser de jeunes agriculteurs s’installer sur des productions dont les débouchés sont saturés. En parallèle, il est nécessaire de réguler ces productions afin que les agriculteurs puissent vivre dignement de leur travail.

Retrouvez  l'interview de M. ANGELVY, président de la CR15 publiée dans La Montagne en cliquant sur ce lien

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