« Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts », c’est ainsi que la loi biodiversité de 2014 a rebaptisé les espèces nuisibles. Un changement de nom dicté par l’idéologie mais qui ne suffira pas à atténuer les dégâts subis par les agriculteurs (élevages avicoles, cunicoles et de petits gibiers, ruchers, vergers, activités maraîchères…).

« À l’heure où l’on s’indigne des pertes liées aux aléas climatiques, nous pouvons nous offusquer de l’impact de toutes ces espèces non régulées qui provoquent des dégâts considérables sur nos exploitations. Ils sont aujourd’hui récurrents et nous devons prendre en compte ces coûts dans la gestion de nos exploitations ! Que ce soient les corbeaux, les loups, les sangliers ou les blaireaux, toutes les productions sont touchées ! Pour l’année 2020, les corbeaux ont occasionné une perte de 7 % sur la totalité de mes cultures, mais cela représente plus de 50 % sur 3 de mes parcelles », s’indigne François Walraet, président de la CR 03 et céréalier sur la commune de Saint-Christophe.
Il est vital que les dégâts soient déclarés à la DDT, de manière à bien justifier le classement en tant que « nuisible » d’une espèce dans un département. En s’efforçant de faire annuler les arrêtés de classement des espèces nuisibles, des associations écologistes accentuent ainsi leur prolifération et amplifient l’augmentation des dégâts l’année suivante.


Au-delà du vocabulaire, c’est à la lutte même contre les nuisibles que l’on cherche à s’attaquer. Pourtant, sans régulation, certaines espèces prolifèrent, déséquilibrent l’écosystème et nuisent ainsi à la biodiversité. Surtout, elles causent des dégâts qu’il ne faudra dès lors pas oublier d’indemniser en cas d’atténuation de la réglementation relative à la lutte contre les « ex-nuisibles ». Pour la seule année 2020, ce sont plus de 428 000 euros d’indemnités liées aux dégâts de grands gibiers qui ont été versées aux agriculteurs de l’Allier, montant bien inférieur à ce qu’il devrait être. Et pour cause, la réforme de l’indemnisation des dégâts de gibier a supprimé 40 % des dossiers de demande d’indemnisation, par application d’un seuil de dégâts dissuasif et imputation des frais d’estimation aux agriculteurs demandeurs en cas de non atteinte. Sur les cultures de printemps comme le tournesol, la pression des corbeaux et pigeons est de plus en plus forte et occasionne des dégâts significatifs sur les parcelles, notamment durant la période comprise entre les autorisations de tirs et l’ouverture de la chasse.


Afin de rendre aux agriculteurs le droit de protéger leurs cultures, la section Dégâts de gibiers et de nuisibles de la CR milite pour une harmonisation et une simplification de la lutte contre les nuisibles. Sur simple demande à la DDT, chacun doit pouvoir bénéficier d’une dérogation l’autorisant (ou autorisant la personne à qui il délègue) à détruire et repousser à tir, pigeons, corbeaux ou autres nuisibles, jusqu’à l’enlèvement des récoltes.


Au-delà du statut de certaines espèces, la chasse est un domaine qui a profondément muté ces dernières années. Il y a deux décennies, la chasse constituait une activité vivrière et était une pratique réservée aux agriculteurs et ruraux, exclusivement destinée à réguler les populations envahissantes. Aujourd’hui, c’est un loisir au service des chasseurs souvent non agriculteurs qui ne souhaitent pas réaliser les missions de régulation de certaines populations comme le blaireau.


« Les deux ne sont pas incompatibles, la chasse peut être un loisir pour certains, accompagné lorsque cela est nécessaire d’un devoir de régulation. La présence d’un agriculteur chasseur au sein de chaque conseil d’administration des associations de chasse de notre département permettrait de rappeler ce devoir », explique Pierre-Étienne Wawrzyniak, président de la société communale de chasse de JENZAT et administrateur à la CR 03.
En parallèle, depuis plusieurs années, les chasseurs comme de nombreux acteurs des territoires ruraux sont violemment attaqués par des associations ultra-minoritaires qui militent contre la nécessaire régulation de la faune portant atteinte aux activités économiques, aux biens et aux personnes.


Ainsi, les chasseurs rejoints par les pêcheurs, agriculteurs, forestiers, propriétaires ruraux, et soutenus par de nombreux élus ou responsables politiques, ont manifesté d’une même voix en septembre pour défendre la ruralité.
Le manque flagrant de défense de ces dossiers par nos ministères de tutelle d’un point de vue législatif ou devant les tribunaux est un aveu flagrant d’abandon du monde rural et de ses modes de vie. Fiers de nos savoir-faire et persuadés que la ruralité est une chance pour la France et ses territoires, nous revendiquons le maintien de nos activités, de nos modes de vie et de la gestion actuelle des paysages et de la biodiversité qui font la richesse de notre pays et son avenir.

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