Le 9 novembre 2016, la Coordination Rurale Île-de-France s’est rendue au Conseil régional d’Île-de-France afin d’y rencontrer Anne Chain-Larché, vice-présidente chargée de la Ruralité et de l’Agriculture. Lors de cet entretien, étaient présents Marion Zalay, chargée des questions de l’agriculture, Michel Caffin, président de la commision ruralité et agriculture et Rebecca Akrich, chef du service agriculture de la région.
Patrick Clogenson, Pascal Lepère et Agnès Henry représentaient les CR de Seine-et-Marne et de la Couronne parisienne.
Après avoir présenté la Coordination Rurale et nos prises de position sur les sujets d’actualité en agriculture, nous avons fait part de notre sentiment sur la manière dont s’est déroulée la mise en œuvre de l’aide aux semences dans la région Île-de-France.
La position de la CR IDF sur la question de l’aide aux semences : nous avons été attristés de voir que l’on disait que nos productions ne valaient rien. Dès le début des moissons, il a été annoncé que nous aurions des semences de mauvaise qualité alors que rien ne le laissait présager.
Nos semences de ferme sont de bonne qualité et cela se confirme depuis leur semis. Le triage a pris un peu plus de temps que d’habitude car il y avait plus de « déchets » par rapport à une année classique. Cependant, on observe 85 % à 100 % de germination, ce qui sera peut-être même mieux que pour les semences certifiées.
Nous n’avons pas compris le but premier de cette aide qui se dit « à destination des agriculteurs ». Nous n’avons pas de prix agricoles pour nos productions depuis 3 ans. Afin de diminuer les charges, nous avons réduit l’usage de phytos, d’engrais et la mécanisation. Nous avons engagé une véritable démarche de conservation des sols afin de ne plus être les « petits soldats » de l’agrofourniture et de l’agrochimie.
Sur cette ligne, notre réflexion était la suivante : ma première économie = mes semences. Vous comprenez dès lors notre stupéfaction devant le grand plan d’aide de la région. Selon nous, les agriculteurs doivent avoir le choix.
Les semences représentent une affaire sensible, c’est par là que l’on va « tenir l’agriculteur ». C’est notre premier outil de travail. Nous comprenons qu’il puisse y avoir eu un vent de panique car moins de rendement, moins de récolte et donc moins de CVO (Cotisations volontaires obligatoires) pour la recherche. Mais il faut alors être honnête et ne pas parler d’une aide aux agriculteurs mais plutôt d’une aide aux semenciers.
Ce n’est pas une aide aux semences certifiées donc nous avions besoin, c’est pourquoi nous sommes intervenus auprès des différents groupes politiques du Conseil régional. Aujourd’hui, l’agriculture est déjà stigmatisée, il faut montrer au grand public que nous sommes autre chose que des « subventionnés ».
Sur ce sujet, Marion Zalay nous a assurés qu’ils étaient sincères en parlant d’aide aux agriculteurs. Ils se sont rendus sur le terrain et ont pris en conscience la disposition qui leur semblait la plus appropriée par rapport à la situation d’urgence. Elle entend bien cependant que cela n’a pas satisfait tout le monde et nous invite à l’avenir à la contacter directement pour faire part du point de vue des agriculteurs et des positions de la CR.
Nous avons dit et répété que ce n’était pas vraiment une aide aux agriculteurs. Et nous n’avons pas été contredit sur ce sujet. En essayant de « mettre les semences certifiées au même niveau que les semences de ferme », le Conseil régional a été piégé. Car l’aide devenait alors clairement orientée vers la filière de semences et non plus vers les agriculteurs. Pour tout cela, il est indispensable d’avoir de bonnes remontées entre le terrain et le Conseil régional.
Anne Chain-Larché a suivi le débat sur les semences de ferme avec grande attention. Devant quitter notre entretien plus tôt, elle a souhaité que nous soyons associés aux prochains travaux de la commission agricole. Elle a réitéré leur position selon laquelle ils avaient essayé de faire au mieux dans le contexte d’urgence. Cependant, elle nous a assurés qu’elle nous avait entendus et que c’est pour cela qu’ils ont infléchi avec l’ouverture de l'aide aux semences de ferme pour les céréales de printemps. Après avoir rappelé qu’ils travaillaient avec les représentants majoritaires des agriculteurs, elle a annoncé que nous serions associés aux travaux et aux commissions.
Notre constat sur la crise actuelle : nous vivons actuellement une très grosse crise financière. A l’automne, pour beaucoup, la question était uniquement financière : « Comment vais-je faire vivre ma famille ? ». Il y a aujourd’hui une très forte hausse des suicides et il faut les prendre en compte. Il nous faut aussi trouver des moyens pour préserver les exploitations, prévenir les drames.
Nous avons ensuite proposé des pistes de sujets/thématiques sur lesquels il nous semble important de travailler : - La MSA est débordée, ils ne peuvent plus gérer. Il va falloir voir ce qu’il est possible de faire. - Nous avons entendu parler d’une augmentation du prix des semences due à l’aide financière. M. Caffin et Mme Zalay ont insisté pour qu’on leur fasse parvenir les preuves d’une augmentation car ils seront intransigeants sur ce sujet. - Des aides plutôt axées sur le social : aider l’agriculteur et non plus l’agriculture et ainsi sortir des aides de minimis. - Réflexion sur les Maec. C’est un sujet porteur notamment chez les jeunes. Il y a quelque chose d’utile là-dedans. - Rémunération du carbone. - Outil permettant de faire la traçabilité de nos produits phytopharmaceutiques et bilan nitrates. - Aménagement du bâti.
Dans l’ensemble, Michel Caffin les a trouvées pertinents et nous a encouragés à travailler dessus et approfondir nos travaux afin de pouvoir ensuite échanger avec eux.
Ce que nous retirons de cet entretien au Conseil régional : nous avons pu échanger sur les sujets d’actualités agricoles et faire remonter notre mécontentement quant à l’aide pour les semences en IDF. Cet entretien a représenté une première prise de contact avec l’équipe d’Anne Chain-Larché et nous espérons que nos relations se développeront par la suite. Cela permettra ainsi que tous les acteurs agricoles de la région soient consultés sur les sujets agricoles.