Du 1er au 11 septembre 2023, la Coordination Rurale Grand Est était présente comme à l’accoutumée au deuxième plus grand événement agricole de France, la foire de Chalons. Ce fut l’occasion pour les élus locaux et nationaux de valoriser le monde rural et le métier d’agriculteurs auprès de personnalités politiques, de représentants de la société civile, mais aussi du grand public.
« Bruxelles demande de faire deux pas, la France veut en faire cinq ! »
Christophe Saint-Juvin, représentant de la CR51, déplore auprès des représentants régionaux le manque de considération du ministère de l’Agriculture face au mal-être agricole. Il y a un malaise présent lorsque l’on vend du rêve aux jeunes avec les installations hors cadre familial alors que ceux qui ont des parents agriculteurs n’en veulent pas : « La FNSEA a gagné son pari de valoriser les grosses structures qui privilégient de plus en plus le travail à façon » ou, en d’autres termes : l’appel à des prestataires de services extérieurs pour réaliser tout ou partie de leurs travaux.
En Marne, les terres à 15 000 ou 20 000 euros doivent respecter les réglementations établies par la loi Sempastous mais pour Christophe Saint-Juvin, ce n’est que de la poudre aux yeux. Cette situation génère de l’incompréhension et de l’inquiétude pour de nombreux agriculteurs, mais elle ne semble pourtant pas être au cœur des préoccupations des élus régionaux. « On veut faire de franco-français, toujours plus blanc que blanc », déplore Christophe Saint-Juvin qui illustre ainsi l’absence de bon sens paysan dans de nombreuses réglementations agricoles.
Pour Sophie Lenaerts, 1ère vice-Présidente de la Coordination Rurale et éleveuse laitière dans l’Oise, la présence des agriculteurs sur le terrain est essentielle. Toutefois, il ne faut surtout pas enjoliver la réalité de la profession auprès des jeunes car elle n’est pas toujours réjouissante. À ce titre, Béatrice Moreau, vice-présidente de la région Grand Est et responsable de la délégation dédiée à l’agriculture, viticulture et forêt, indique qu’aujourd’hui, les jeunes qui souhaitent s’installer sont ceux qui ont choisi et qui ont maturé leur projet. L’accompagnement qui doit être mis en place est donc là pour les aider dans ce processus, pour s’assurer qu’ils soient également bien conscients de tous les enjeux et des contraintes que leur projet implique, quitte à ce que ces jeunes effectuent un temps salarial agricole sur les exploitations. « Il y a des outils qui existent, il faut les utiliser », conclut-elle.
Plus d’action, moins de paperasse !
Pour Christophe Saint-Juvin, il faut une restructuration totale de l’aspect administratif de la profession. En effet, alors que le métier d’agriculteur est un métier de terrain qui s’insère dans le monde du vivant, le temps qu’ils doivent consacrer aux tâches administratives leur semblent démesurées. « Aujourd’hui, on fait du papier pour un rien avec une épée au-dessus de notre tête (…) le métier est intéressant, mais on passe de plus en plus de temps dans le bureau au lieu d’être dans les champs ou avec nos bêtes », indique-t-il.
PLUi et artificialisation des terres : vers une législation du Sénat ?
En Alsace, chaque commune aura droit à un hectare d’agrandissement ou d’artificialisation (10 a/an pendant 10 ans = 1 ha), une procédure qui peut être mutualisée avec la communauté de communes. À la Coordination Rurale, nous demandons à ce que les sorties d’exploitations et les méthaniseurs ne soient pas comptabilisés dans les nouveaux plans locaux d’urbanisme (PLU), qu’ils soient intercommunaux (PLUi) ou non. Si les représentants de la région Grand Est ne peuvent pas dire si une décision définitive a été prise, ils indiquent quand même que le Sénat semblait adopter le même point de vue que la Coordination Rurale sur ce sujet.
Un point de convergence avec le ministre de l’Environnement
Paul Fritsch, président de la CR Grand Est et de la CR67, a pu rencontrer Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et évoquer avec lui le sujet de l’artificialisation des terres. L’agriculteur a ainsi indiqué que depuis plusieurs années, la Coordination Rurale propose une super-taxe lorsqu’il y a un transfert de foncier et changement de destination. Le ministre a répondu dans ce sens en expliquant qu’il faudrait taxer les terres où il n’y a plus d’activité agricole et qui sont destinées à une autre vocation. Cette taxe aurait ainsi pour but de favoriser la dépollution des villes et la déconstruction des friches industrielles. Paul Fritsch a salué cette position de la part du ministre, proche des convictions de la Coordination Rurale.
La CR Grand Est a donc pu compter sur la présence de nombreux élus départementaux et nationaux, ainsi que sur la participation de Véronique Le Floc’h, présidente de la CR nationale, Sophie Lenaerts et Thierry Lebègue, respectivement première et quatrième vice-présidents du syndicat. Merci à eux ainsi qu’à toutes les personnalités politiques venues à notre rencontre lors de cette foire.
Le prochain rendez-vous est fixé au 5 décembre 2023 à Nancy à l’occasion du 30e Congrès annuel de la Coordination Rurale !