La lecture de l’article paru dans l’Est Républicain ce jeudi 12 octobre et intitulé « les anti et les pro loups montent au filet » nous a fait bondir. Les positions défendues et les propos tenus par l’avocate du GEML, sont inacceptables !

Impossible de protéger tous les troupeaux

Dire que le loup attaque quand les mesures de protection sont absentes ou partielles, c’est enfoncer une porte ouverte !
Sauf qu’il est impossible de protéger efficacement TOUS les élevages. En protéger un seul ne sert à rien puisque cela déplace le problème chez un autre éleveur.
Compte tenu de l’adaptabilité du loup, de sa capacité de déplacement, il faudrait protéger toutes les pâtures avec des clôtures résistantes, hautes et coûteuses. Toutes les pâtures, quel que ce soit le type d’élevage : ovin, caprin, bovin ou équin ! Et toutes les pâtures, sur les plans financier, technique et paysager : c’est irréalisable.
Après, si les associations environnementales veulent financer et assumer… mais une fois cela fait, il faudra également penser à protéger les chemins de promenade, des fois que le loup diversifie son régime alimentaire.

On pourrait en rire, mais la pression sur les activités de plein air est une réalité. Il suffit pour cela d‘écouter le maire de Chichilianne dans les Alpes, expliquer que sur la commune, les habitants ne laissent plus les enfants sortir ni camper dans les jardins !

Et si on parle de présence humaine permanente pour protéger les troupeaux, c’est là encore économiquement intenable. Nombre d’éleveurs peinent à se dégager un salaire décent, comment imaginer embaucher des bergers supplémentaires.

Quant à ne plus laisser pâturer les animaux pour les enfermer toute l’année dans des bâtiments, c’est un non-sens écologique et économique… et contre le bien-être des animaux.

Une invitation à regarder vers l’Italie et l’Allemagne

Ensuite, « inviter à regarder vers l’Italie et l’Allemagne où cela se passe extrêmement bien » est une méconnaissance de la réalité de la situation chez nos voisins, et un manque de considération envers la détresse des éleveurs allemands et italiens. Nul besoin de remonter longtemps dans le temps, puisque 300 éleveurs de Bavière et d’Autriche ont manifesté le 2 octobre à Munich avec le slogan « animaux de pâturage plutôt que territoires à loups ».

La presse de Basse-Saxe se fait régulièrement écho d’attaques de loups sur ovins et bovins, y compris dans des secteurs côtiers.

« Aucune timidité » titre un article. Un loup ayant même été filmé suivant un tracteur en plein labour en Basse-Saxe fin avril !

ou un autre qui suivait une marcheuse nordique à une trentaine de mètres (voir la vidéo) début mars, secourue par un agriculteur qui passait par là.

En Italie, certains mettent des panneaux pour avertir les randonneurs : « Atenti al lupo – pericolo ».

En Vénétie, le gouvernement régional a déposé une motion pour mettre fin au projet « Wolfalps », suite à de nombreuses réunions tenues dans la région, les élus locaux étant fortement préoccupés des répercutions négatives sur le tourisme et diverses activités productives, ainsi que l’inquiétude des citoyens de voir leur sécurité menacée par la présence croissante de loups.
Sur le plan agricole, l’article rapporte que « les agriculteurs de Venise qui souffrent déjà des difficultés causées par la grave crise économique qui écrase leurs activités, ne peuvent pas se permettre de supporter davantage les coûts supplémentaires liés aux prédations des meutes de loups qui sévissent dans certaines zones de Vénétie. En plus des pertes causées à l’élevage, les éleveurs travaillent dans un état d’esprit chargé de beaucoup d’appréhension, ce qui conduira beaucoup d’entre eux à cesser leurs activités, avec pour conséquence l’abandon du territoire qui causera de graves répercussions sur la protection du territoire lui-même et l’environnement ».

Plus récemment, on peut reporter des attaques en Toscane près de Grossetto aux portes d’une ville, ou alors les problèmes posés par le loup dans le Trentin et dont se saisissent les élus et les éleveurs donc non, définitivement non, cela ne se passe pas extrêmement bien ailleurs !

Une position claire

Il est temps de reconnaître que la cohabitation entre élevage en pâtures et présence du loup est impossible. Et les nombreuses (et coûteuses) mesures de protection imposées (proposées ?) aux éleveurs se montrent bien souvent inefficaces. A l’échelle de certains secteurs, voire départements, la situation est vraiment préoccupante. Les pouvoirs publics doivent donc prendre une position claire sur le sujet avec les mesures qui s’imposent pour au moins respecter le protocole de régulation de la population de loups.

La détresse des éleveurs est réelle et nécessite, mérite, une attention particulière et des mesures fermes.

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