Oui, il faut changer ce modèle agricole productiviste. Certes, il a été très efficace sur la période de l'après guerre jusque dans les années 1980. Ce modèle a en effet permis de nourrir toute la population, allant même jusqu'à sur-produire dans les années 1980, d'où la mise en place - et non sans mal - des quotas.

Mais aujourd'hui ce modèle est obsolète et empêche la transition écologique, c'est à dire que la Terre, notre Terre ne doit plus être considérée uniquement comme un moyen de production, mais comme un facteur essentiel dans le changement climatique. Il faut encourager d'autres approches culturales (non labour, semis direct), favoriser la production d'oxygène par les plantes, augmenter le stockage du carbone par la matière organique, développer le stockage et l'épuration de l'eau de pluie, relocaliser les productions au plus près des bassins de consommation, produire local pour consommer local, réorganiser nos productions céréalières vers plus de protéines (soja, légumineuses etc).

Cet autre modèle doit également remettre au centre du dispositif l'Agriculteur, qui doit pouvoir vivre et non pas que survivre de son métier. Aujourd'hui, les fruits de son travail sont captés par les filières et les "coopératives" qui pour la plupart sont devenues des mastodontes qui échappent aux Agriculteurs.

Les EGA, auxquels j'ai participé, nous avaient donné de l'espoir. L'espoir de ne plus vendre à perte, l'espoir que nos coûts de production soient pris en compte dans la formation du prix, l'espoir que l'on soit payé dignement pour nos productions de qualité. Mais tout ceci a été balayé d'un revers de la main, assumé par le ministre de l'Agriculture !

Ce qui est encore plus triste dans cette affaire, c'est que ce soient les "exploités agricoles" qui ne veulent pas que leurs prix de vente soient corrélés à leurs coûts de production, de peur d'être trop chers et de ne plus être compétitifs à l'export !! Pour Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, « Demander des prix minimums dans le contexte actuel est aberrant ». Elle ajoute que « vouloir changer de modèle est illusoire » Leurs solutions aux prix bas : produire plus, réduire encore plus les charges pour être compétitif à l'export !! C'est comme le tracteur à l'envers qui se trouve à l'entrée, lorsque vous pénétrez dans la chambre d'agriculture du Bas-Rhin : le monde à l'envers !!!!

La Coordination Rurale dit non à ce modèle suicidaire et propose de réguler la production pour des produits sains, destinés en priorité au marché intérieur, et à un prix rémunérateur. L'Agriculture française n'a pas vocation à exporter pour nourrir le monde entier car chaque pays devrait tendre vers son autonomie alimentaire.

Oui, nous voulons changer ce modèle qui a fait son temps. Nous y sommes prêts, et pour cela, il faut changer la gouvernance de nos chambres d'agriculture.

Avec vous, il est temps de changer de modèle agricole.

  Paul FRITSCH Président de la CR67, Président de la CR Grand Est

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