Le matin du 27 février 2015, la CR67 avait organisé son Assemblée Générale à la Ferme du Cabri à Nordheim. Pour l'occasion, Paul Fritsch, président, avait invité M. Charles Vergobbi de la DDT et M. Didier Braun, Président des JA, qui ont tous deux répondu présent.

Après la partie statutaire, les échanges se sont poursuivis sur les nouveautés de la PAC 2015 et téléPAC, ainsi que la place des jeunes en agriculture. L'Assemblée a également visionné le film sur l'installation réalisé par la Chambre d'Agriculture de Lot-et-Garonne.

Après un excellent repas pris au restaurant de la Ferme, la journée s'est poursuivie par la visite de l'exploitation caprine, nichée au cœur du vignoble.  

Rapport moral de Paul Fritsch, président de la CR67 :

Après une année 2013 très difficile et qui a laissé de profondes ornières dans nos champs comme dans nos comptabilités, un hiver doux, un printemps 2014 très sec où la préparation des lits de semis (betteraves, maïs, etc.) n'avait rien à envier au déplacement d'un troupeau de bison dans le far-west en terme de nuage de poussière dans la campagne alsacienne.

Heureusement que la pluie est tombée à partir du mois d'août pour sauver les cultures d'automne telle que les betteraves et le maïs, mais malheureusement en nous apportant des maladies cryptogamiques comme le mildiou sur les pommes de terre et la fusariose sur le maïs. Abordons la situation de la filière végétale : - blé : tire bien son épingle du jeu avec marge brute meilleure que le maïs - maïs : bonne production mais prix en chute libre en dessous du prix de revient avec des coûts de production très élevés. - betteraves : bonne production mais récolte longue - pommes de terre : problèmes de mildiou et de repousses dûs au manque d'eau, prix catastrophiques - houblon : un peu mieux, redonne de l'espoir - fruits et légumes : marchés très compliqués ; production en baisse pour l'asperge - viticulture : situation très compliquée après une récente restructuration ; marché en baisse lié à la concurrence des grandes enseignes. - pommes : gel de printemps, 2ème année consécutive de prix bas. - vin : prix corrects mais 2ème année consécutive de rendements moyen voire bas, problèmes sanitaires, et des coopératives retiennent les paiements. Puis celle de la filière animale : - lait : prix corrects en 2014 mais de réelles inquiétudes sur la fin des quotas, une tendance baissière avec des investissements lourds, la 5ème directive nitrates qui oblige les producteurs à refaire des investissements dans les mises aux normes des stockages. - viande : revenus encore en baisse avec un historique de revenus déjà très bas. - volaille : en développement - porcins : baisse des prix , filière en difficulté La situation dans les différentes productions entraîne différentes conséquences : des agriculteurs en souffrance, des problèmes de trésorerie et une dégradation des bilans. Il y a environ 300 personnes qui ne peuvent plus payer leur MSA à l'échéance, et 3 à 5 % qui ne peuvent plus payer du tout ! N'ayez pas peur de demander le report des cotisations à temps, car la MSA dispose d'un fond. Si aucune demande n'est faite, la MSA ne peut pas faire jouer le fond d'intervention national, fond largement sous utilisé. Venons en aux élections MSA, qui ont vu leur participation chuter par rapport au précédent scrutin : de 8 à 10 points de moins ! La participation était de 39 % au niveau national, contre près de 41 % en Alsace. La participation dans le 67 était de 41,5 % contre 39,8 % dans le 68, la conséquence de la présence de 18 candicats CR67. Un élu CR67 en Alsace (1 sur 528 au total) avec le meilleur score de participation cantonal de toute la région. La présence de la CR a permi de favoriser la participation et de donner de la reconnaissance à notre caisse de MSA vis à vis du régime général. Pour les dossiers PAC 2015, 0 déclaration papier et 100 % téléPAC. 902 déclarants papier encore en 2014 dont une centaine de jeunes. La DDT, la Chambre, ainsi que les différentes OPA vous proposent de vous aider à faire votre déclaration PAC. En 2014, il y a une baisse du nombre d'installations des jeunes, après une année faste, notamment grâce aux 120 000 L de quota laitier supplémentaire accordés aux jeunes installés). Les jeunes manquent de visibilité sur leur avenir et se posent des questions, avec raison, sur la volatilité des prix des produits agricoles. La CR, aujourd'hui second syndicat agricole (ou 1er syndicat d'alternative) ne perd pas espoir et essaie de corriger certains dysfonctionnements en proposant : - la régulation des marchés - des prix rémunérateurs - un prix plancher, l'interdiction de vendre à perte mais aussi de produire à perte - la diversité de notre agriculture dans les productions ainsi que dans la taille des fermes - de favoriser les circuits courts - de rentrer au CA des coopératives pour les réorienter vers leur origine : créées par des agriculteurs pour des agriculteurs. Lorsqu'on a construit des usines d'agrocarburants, on nous a fait croire que les prix des céréales allaient remonter car l'offre allait diminuer. Aujourd'hui, ces mêmes personnes nous disent qu'elles sont obligées de baisser le prix de nos céréales pour pouvoir faire tourner ces usines car le pétrole a baissé de moitié. Après la mécanisation de l'Agriculture, nous entrons dans la phase de financiarisation. Et nous voyons aujourd'hui le résultat de cette politique dans l'industrie... Soyons vigilants pour que l'Agriculture qui nourrit la population reprenne sa place dans notre société . Notre demande n'est pas utopique : c'est juste de vivre de notre métier et non plus survivre en se laissant voler notre plus-value. Nous ne voulons plus être la variable d'ajustement de ce système mis en place depuis 60 ans. Nous demandons également plus de pédagogie dans les contrôles PAC et non pas que de la répression. Il faut remettre du bons sens paysan dans cette usine à gaz, de la proximité et de l'humanité. Nous ne voulons pas imposer notre agriculture à la société mais essayer de construire ensemble une agriculture durable, viable et vivable car il n'y a pas plus noble mission que de nourrir la population. Vous n'avez pas besoin tous les jours d'un médecin ou d'un pharmacien, mais vous avez besoin 3 fois par jour d'un agriculteur

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