La Coordination Rurale a participé à un débat sur les prix agricoles le 13 mai 2011 à 20h30 à Jarny dans le cadre du festival "Caméra des Champs".

La soirée a commencé par la projection Projection du film « Vers un crash alimentaire » de Yves Billy et Richard Prost, puis a été suivi d'un débat en présence de la CR (représentée par Francis Thirion), de la FDSEA (Laurent Paquin) et de la Confédération Paysanne (Michel Goujot).

L'occasion pour Francis Thirion de défendre l'idée d'Exception Agriculturelle, le rééquilibrage des production, la destination des cultures à l'alimentation, ainsi que les circuits courts, notamment la vente de gré à gré entre céréaliers et éleveurs.

Le Républicain Lorrain du 15 mai 2011 à consacré un article à ce sujet.

La crise alimentaire nourrit le débat

Se dirige-t-on vers un crash alimentaire ? C’est la problématique posée par les organisateurs de Caméra des Champs. A dix jours du festival, ils ont organisé vendredi soir à Jarny une projection suivie d’un débat sur ce thème.

Pour les intervenants, la crise alimentaire s’aggravera si les mesures politiques ne changent pas. Autre préconisation : « L’agriculture doit sortir de l’OMC. »

Une ville comme Paris qui sort de terre tous les mois en Chine ; les « agrocarburants », produits aux Etats-Unis à partir du maïs, qui engloutissent un tiers des récoltes du pays ; plus d’un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde et un nombre ne cessant d’augmenter…

C’est un documentaire fort nourri qu’ont regardé 120 personnes, dont 80 % d’agriculteurs du Jarnisy, vendredi soir à l’Espace Gérard-Philipe de Jarny. Vers un crash alimentaire, tel est le nom de ce film de deux heures, tourné en 2008, et diffusé en "avant-première" du festival Caméra des Champs (du 25 au 29 mai à Ville-sur-Yron). Une sorte d’amuse-bouche avant le plat de résistance. « Tous les ans, on fait quelque chose avant le festival pour réunir la corporation », explique Luc Delmas, le président-fondateur de Caméra des Champs.

C’est pourquoi étaient présents, outre les exploitants agricoles dans les rangs du public : Laurent Paquin, Francis Thiron et Michel Goujot. Tous trois sont respectivement président de la FDSEA 54, président pour la région Alsace-Lorraine de la Coordination rurale et porte-parole de la Confédération paysanne 54.

« On a choisi ce film pour faire le point sur la situation de l’agriculture dans le monde et réfléchir sur ce défi qui consiste à nourrir la population mondiale malgré les incidences climatiques, la spéculation et les agrocarburants », poursuit Luc Delmas. Lequel insiste : « On parle bien "d’agrocarburants" et non pas de "biocarburants" car l’exploitation de semences pour fabriquer du carburant est irrespectueuse de l’environnement. Ça pollue et engendre d’autres problèmes moraux.»

Un département en moins tous les 10 ans. Stupéfiant en effet de voir dans le documentaire qu’un tiers du maïs américain est consacré à la fabrication du carburant. Comme l’a souligné Francis Thiron lors du débat lancé après la projection : « Les Américains produisent de l’essence pas cher et tant pis si les autres crèvent ! » Consternant également l’accroissement de l’urbanisation en Chine et la paupérisation des petits paysans, la culture du soja en Argentine où seulement 2 % des exploitants assurent… 80 % de la production (le pays est, en outre, le 2ème producteur mondial d’OGM). Sidérant enfin d’assister au triste spectacle de déforestation pour récupérer des terrains…

Autant dire que le film a été loué par les intervenants, même s’ils ont regretté que les réalisateurs (Yves Billy et Richard Prost) aient occulté la flambée des prix. « Certaines choses ont été oubliées », a par ailleurs glissé Laurent Paquin. Du coup, celui-ci a rappelé à propos des terres cultivables : « En France, c’est l’équivalent d’un département qui disparaît tous les 10 ans. » Le président de la FDSEA 54 a ajouté : « On ne sait pas à combien s’élèvent les stocks de céréales dans le monde. Certains pays n’ont donc aucune gêne à déclarer un peu moins de volume afin de déclencher des spéculations. »

Répartition inéquitable Mais les difficultés à nourrir la population mondiale résultent aussi de la misère frappant un sixième des habitants de la planète. Comme l’a rappelé si justement Michel Goujot : «  Des céréales pourrissent dans les silos mais on refuse d’en donner aux gens qui n’ont pas les moyens de se nourrir. » « La production est là, elle peut suffire à nourrir la population mondiale. Mais les répartitions sont mal faites et les destinations inéquitablement choisies », a enchaîné Francis Thiron.

On le voit, à dix jours du festival, la soirée de vendredi a déjà exploré un certain nombre de champs…

G. I.
Républicain Lorrain – 15 mai 2011

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