C'est donc le 25 mai que nous nous sommes retrouvés pour la fameuse réunion de travail. Pour l'anecdote, tout le monde était présent sauf une personne... un certain M. Ramspacher. Pour mémoire, il avait lourdement insisté pour être invité...

J'étais venu avec un esprit très constructif. Après tout, il semble de prime abord assez facile de lister les candidats prioritaires pour les attributions de quotas. Et je pensais que les querelles syndicales seraient mises de coté. Sur les transferts fonciers, la Fédé a repris une très vieille demande de la CR, le consensus semblait donc être trouvé. Au niveau des JA, leur représentant demande maintenant 60 000 litres pour la Franche Comté, la Lorraine et la Haute Marne et 120 000 litres pour les autres départements considérés en déprise laitière. Ceux qui ont 60 000 litres peuvent toucher 30 000 litres supplémentaire s'ils sont en GAEC et qu'ils ne s'agrandissent pas.

Je fais un petit bémol puisque je ne trouve pas normal que l'on pénalise un JA en individuel. Il aura à faire face à d'autres investissements et devra peut-être avoir recours à de la main d'œuvre salariée. De même on peut trouver choquant qu'un JA s'installant en 2011 touche beaucoup plus que son voisin qui s'est installé en 2010. Un membre de la FDSEA me fait remarquer qu'il faut bien mettre une date limite et tant pis pour celui qui s'est installé 2 mois trop tôt !

Ensuite la DRAAF demande quelles autres catégories nous voulons mettre en prioritaire. M. Perrin de la FDSEA 54 prend la parole et affirme parler au nom de l'Interprofession qui aurait travaillée sur cette question. Pour lui, seuls les JA doivent être prioritaires. Et il continue en disant qu'il faut avoir du courage pour s'installer en lait de nos jours.

J'interviens en disant qu'avec près de 100 millions de litres, il y en a assez pour en donner à d'autres catégories et je cite en 1er les nouveaux investisseurs, comme nous y autorise l'administration.

En effet, il faut effectivement être courageux pour s'installer sur une ferme laitière, il ne faut pas moins l'être pour faire une mise aux normes après l'année 2009 ! De plus il y a des JA qui s'installent confortablement grâce au travail de leurs parents et d'autres qui ne feront du lait que jusqu'au départ en retraite de leurs parents. Alors oui, il faut attribuer du lait aux JA, mais ils ne doivent être les seuls à être considérés comme producteurs d'avenir.

M. Balandier pour la Conf' demande que les petits producteurs soient aussi considérés comme prioritaires. Le débat devient houleux et M. Perrin sort sa phrase magique pleine de mépris : "De toute façon, j'ai 4 voix !" D'une certaine façon, il n'y a rien à discuter mais juste à valider ce que la Fédé a préparé.

Les transformateurs privés soutiennent la Fédé. Je sens une petite gène du coté des coopératives qui ne veulent pas passer pour le vilain petit canard de l'interprofession mais qui doivent avoir des scrupules à ne pas soutenir les 2 remarques justifiées de la CR et de la Conf'.

La Fédé est donc contre les petits producteurs de moins de 250 000 litres et contre les structures moyennes qui sont seulement en cours de mise aux normes.

La symbiose entre les FDSEA /JA et les privés atteint son paroxysme lorsqu'un représentant Fédé se moque de la grève du lait. Ils rient tous ensemble de bon cœur. Dans un 1er temps il est étonnant de voir un tel soutient de la part des privés. Mais il ne faut pas être dupe, les privés ne se soucient pas de savoir à qui sera attribué le quota, ce qu'ils veulent c'est garder la main sur l'interprofession et notamment sur les négociations du prix du lait. Et le jour où les représentants Fédé iront se plaindre de la faiblesse du prix payé au producteur, les industriels sauront leur rappeler qu'ils les ont soutenus face à la CR et à la Conf', et donc la Fédé sera invitée à se faire moins insistante sur la question du partage de la valeur ajoutée...

Les mandats, les titres et les honneurs pour la Fédé. Les bénéfices pour les transformateurs. Les autres au boulot, il y a des vaches à traire pour faire tourner la filière !

Ce qu'il ressort de ces réunions, c'est que les FDSEA n'acceptent pas le principe de la conférence de bassin et ils partent du principe qu'il n'y a que l'interprofession qui doit décider. La question n'est même pas de savoir si la CR et la Conf' apportent de bonnes idées. Pour eux les autres syndicats n'ont tout simplement rien à dire. Les FDSEA se placent ainsi dans la ligne de M. Brichart.

Petit progrès tout de même, la prochaine réunion n'aura plus lieu dans les locaux de la Fédé mais dans un lycée agricole. C'est symbolique mais toutes proportions gardées, les commissions de l'Assemblée Nationale ne se réunissent pas au siège du parti au pouvoir.

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