Comme chaque année, le Sommet de l’Élevage est le rendez-vous de tous les éleveurs de France. Après une édition 2020 annulée pour cause de crise sanitaire, l’édition 2021 a rencontré un franc succès auprès des visiteurs malgré un contexte économique peu satisfaisant.
Cette 30ème édition était l’occasion pour les élus de la Coordination Rurale d’alerter une nouvelle fois les représentants politiques sur les maux dont souffre l’agriculture. Aussi, c’est avec humour que François Walraet, président de la CR AURA, a accueilli le ministre Julien Denormandie en affirmant ironiquement qu’aujourd’hui tout allait bien dans le monde agricole : « Oui, aujourd’hui, je suis heureux de vous accueillir en faisant un état des lieux positif de notre métier : des prix rémunérateurs, des alternatives au problème phytosanitaire et un climat de travail serein avec les riverains. Malheureusement, ce tableau idyllique ce n’est pas pour tout de suite Monsieur le Ministre. Au vu des contraintes toujours plus importantes, à l’image du Plan pollinisateurs, de l’absence de prix rémunérateurs et d’un agribashing omniprésent, notre profession se porte mal».
Suite à l’annonce majeure de Monsieur Denormandie sur la volonté d’établir une contractualisation obligatoire, Alexandre Armel, représentant de la section Viande a affirmé que « Si les contrats étaient porteurs de prix rémunérateurs, les éleveurs iraient d’eux-mêmes vers cette démarche . Dans le cas contraire, la contractualisation implique de les empêcher de prendre en main leur commercialisation ».
Ce Sommet a également été l’occasion pour les éleveurs d’aborder des problématiques plus locales, mais qui constituent un réel frein à l’installation des jeunes telles que la reconnaissance de la prédation et la gestion du rat taupier dans la Massif Central.
La gestion du rat taupier dans le Massif Central: que fait la recherche ?
Une table ronde organisée sur la gestion des rats taupiers dans le Massif Central a permis de faire un point sur l’historique de la recherche et des moyens mis en place par l’État pour lutter efficacement contre le rat taupier.
Pendant deux heures, Sylvie Bonnet, vice présidente de la CR 15 et Michel Bos adhérent de la CR 15 ont pu échanger avec les acteurs et les financeurs de la recherche dans la lutte contre le campagnol terrestre (DRAAF, Conseil Régional, Vetagrosup).
Sylvie Bonnet a souhaité ouvrir cette table en rappelant qu’« aujourd’hui, le problème des rats taupiers n’est pas qu’un problème agricole, il concerne tout le monde ! C’est un coût pour les éleveurs, un facteur à prendre en compte dans la gestion d’une exploitation notamment pour un jeune qui s’installe ! Au-delà d’une perte financière, c’est également un risque sanitaire, n’oublions pas que ce ravageur véhicule de nombreuses maladies ! »
Michel Bos a, quant à lui, rappelé qu’une solution est attendue depuis 50 ans et, qu’au fil du temps, les pullulations sont de plus en plus fréquentes et rapprochées. « Les produits restent assez inefficaces et nous avons le sentiment que les quelques avancées majeures ont pu se produire grâce à l’action des éleveurs de notre collectif, à l'image de la dérogation du ratron GW qui a permis une avancée, mais qui est loin d'être suffisante. »
Ce rendez-vous a été l’occasion pour Yves Michelin, chercheur à Vetagrosup, de dresser un historique de la recherche en la matière et de répondre aux questions des éleveurs. Des avancées significatives ont été faites ces dernières années, notamment sur la communication phéromonale chez le campagnol terrestre et sur la possibilité de réguler ces populations par une approche vaccinale, mais la recherche nécessite du temps.
Une question reste à l’esprit de tous les éleveurs : Quand aura-t-on une méthode efficace qui nous permettra d’éviter ces pullulations ?
La reconnaissance de la prédation dans le Massif Central
Bruno Lecomte, éleveur dans les Vosges et à la tête du collectif L113 (pour la protection des troupeaux), est venu sensibiliser les visiteurs à la reconnaissance de la prédation. Dans les départements tels que l’Allier où la présence du loup n’est pas encore considérée comme avérée mais plutôt de passage, les autorités tendent à minimiser les attaques auprès des éleveurs. Encore trop peu d’attaques sont reconnues et officiellement imputées aux loups.
De ce fait, une application nommée « European Predation Map » a été mise en place (Google Play : EP-MAP: European Predation Map – Applications sur Google Play / Site internet : https://ep-map.com/) pour que chaque éleveur puisse signaler une attaque qui s’est produite sur son exploitation. Cette application pourra aider les éleveurs à localiser et recenser les attaques. Dans les départements où la présence du loup n’est pas avérée, cette application permet d’alerter les agriculteurs sur des attaques proches de leurs exploitations.
Lors de sa conférence de presse au Sommet de l’Élevage, Bernard Lannes, président national de la Coordination Rurale a de nouveau réclamé « l’éradication du loup dans les zones d’élevage comme c’est le cas en Espagne ».
Le Sommet de l’Élevage n' a une fois encore pas manqué à sa vocation : des échanges constructifs, des rencontres avec des représentants politiques et des agriculteurs qui ont plus que jamais besoin d'un syndicat portant des valeurs fortes pour faire face aux difficultés que rencontre le monde de l'élevage.