D'une sensibilisation classique, les Coordination Rurale du Centre et du Loiret sont parvenus à marquer les esprits : Open Agri Food, préfecture, cathédrale, RN154, les agriculteurs étaient sur tous les fronts. Se plaçant dans la lignée de la mobilisation de la CR 37 à Ferme Expo le 5 novembre dernier, la CR a profité des hasards de calendrier pour rappeler l'importance de la crise traversée par tous les agriculteurs aux "partenaires" agricoles, et au grand public, par la même occasion. Retour sur le déroulé de cette journée...

14h00 : le rendez-vous était donné devant la cathédrale d'Orléans pour l'installation de la mise en scène symbolique : banderoles, croix, gerbes de fleurs.

14h20 : les agriculteurs rendent hommage à tous les agriculteurs qui se sont suicidés. Les chiffres de 2011, il y a 5 ans, annoncent 1 suicide tous les deux jours. Tout le monde sait que le rythme s'accélère, et que nous sommes actuellement davantage à un suicide par jour au niveau national. Un sujet cruellement revenu sur le devant de la scène par le suicide d'un agriculteur dans montargois (Loiret - 45) il y a moins d'un mois.

14h30 : les journalistes prennent quelques photos et enregistrements des témoignages d'agriculteurs. Installées en Région Centre - Val de Loire, en Île-de-France ou en Bourgogne, les problèmes sont malheureusement les mêmes.

14h40 : après la traditionnelle photo de groupe, Philippe Ribault, Laurent Lheure et Philippe Motheron, présidents respectivement des CR Centre, du Loiret et du Loir-et-Cher, ont pris la parole pour témoigner sur la conjoncture, et les raisons de leur mobilisation. Michel Le Pape, CR d'Indre-et-Loire, tentait de témoigner sur une émission de radio justement sur le thème du malaise agricole dans laquelle ils reprenait le même chiffre de 500 à 600 suicides d'agriculteurs annuels.

16h25 : sortie d'Emmanuel Vasseneix, PDG de la laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel, qui a quitté quelques minutes le podium pour venir échanger. Discussion de qualité et enrichissante : il a indiqué être sensible au problème, car sans agriculteurs (éleveurs), la laiterie n'existerait pas.

16h35 : le préfet semble apprendre que la CR manifeste devant la cathédrale, sans doute un "oubli" de ses services !

16h45 : Philippe Ribault claque la porte de la réunion préfectorale, il n'a pu supporter l'insupportable ! Il s'explique.

17h00 : Alain Sambourg, de la CR Île-de-France, réussit à entrer dans le théâtre, et négocie pour témoigner.

En plein centre-ville, à deux pas de la Préfecture, et à quelques encablures du théâtre d'Orléans, où se tenaient les débats du Forum "Alimentation et Innovation", autrement appelé Open AgriFood, ajouté à la symbolique du lieu, le parvis de la cathédrale était parfait pour atteindre les objectifs des agriculteurs : s'inviter dans tous les débats, et rendre hommage à leurs collègues qui n'ont trouvé d'autre issue à leurs problèmes que de se donner la mort.

15h00 : Philippe Ribault et Laurent Lheure se rendent à la réunion régionale de crise à la Préfecture d'Orléans. Devant le préfet de région, toutes les OPA, mais sans les centres de gestion, ont énuméré encore et encore des chiffres pour faire le bilan, sans réelle proposition, ni solution.

15h45 : une grande partie des manifestants se rend devant le théâtre pour tenter d'engager le débat avec les intervenants de l'Open AgriFood.

16h15 : les portes du théâtre se ferment devant l'arrivée de la délégation. A cette réaction, des débats s'engagent avec les participants sortant quelques minutes pour faire une pause. Avec certains, le débat semblait stérile.

17h15 : après avoir attendu la fin des débats, Alain Sambourg intervient devant toute l'assemblée, précédant le discours de clôture du président, Xavier Beulin.

18h00 : Laurent Lheure sort de la réunion en Préfecture, dépité sur le peu d'annonces aidant les agriculteurs, et écœuré de la "décontraction" avec laquelle les administrations et certains représentants d'OPA traitent la crise.

  "Devant la fermeture des portes à notre arrivée, il fallait que nous entrions. Après une négociation un peu théâtrale, j’ai souhaité intervenir pour honorer tous les agriculteurs qui sont « tombés  au combat ». Comment aborder notre rémunération ? Après avoir posé la question, personne dans la salle ne gagnait moins de 350 € par mois, comme c’est le cas actuellement pour nous. Il fallait absolument qu’ils en prennent conscience. J’ai également évoqué le thème de certaines grosses coopératives, partenaires de l’événement, qui n’en ont plus que le nom. Pensant, entre autre, à la « coopérative » sucrière Tereos, groupe international, dont le statut lui permet d’investir à moindre coût en France. Je noterais qu’au cours de mon intervention, certains syndicalistes présents, prônant pourtant, ces derniers jours, avec force un discours positif pour l’agriculture sont restés très silencieux, voire même très discret. J’aimerais espérer que mon intervention, juste avant la clôture de l’événement, aura permis une prise de conscience de l’auditoire, mais également aura laissé un goût amer à l’ensemble des débats."

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