Après l'arrêté du 4 mai 2017 portant sur l'application des produits phytosanitaires, les DDT ont lancé des consultations autour des projets d'arrêtés départementaux. Certains agriculteurs s'expriment, et ils ont tout à fait raison de transmettre la réalité du terrain à l'administration. En Région Centre - Val de Loire, un agriculteur désabusé nous permet de vous présenter ce texte, publié tel qu'il a été reçu :
Monsieur le Directeur,
L'extension de ZNT ne doit pas avoir lieu pour les motifs suivants : Il y a déjà des bandes végétalisées largement dimensionnées en place pour capter d'éventuelles dérives de produits phytosanitaires ou d'engrais sur ces bandes végétalisées, je paie un fermage ou loyer, des impôts et des taxes, elles me coute à l'entretien et, par contre, je ne perçois rien en contre partie. Ces bandes végétalisées sont des " réserves à chardons " que l'on ne peut détruire chimiquement avec les conséquences que l'on connait. Notre profession fait face régulièrement à des retraits de molécules sans contre partie, d'où, à terme, une concentration de même molécules. En revanche, l'importation de céréales "traitées" avec ces mêmes molécules, interdites en France, est quotidienne. Cherchez l'erreur... c'est de la concurrence déloyale ! Ces molécules ont des AMM, on les paie au prix fort pour les utiliser ! Ici, aujourd'hui, on vend nos produits une misère, nous sommes à contre marge, ça ne peut plus durer. Les primes sont dévalorisées annuellement, alors que ça devrait être le contraire, avec les contraintes que l'on a ! Nous ne sommes pas les employés de la France, nous sommes des personnes de bon sens qui travaillent à 2 euros de l'heure. Qui d'autre le fait ou le ferait ? Qui ferait un prêt de consolidation pour continuer de travailler en espérant une meilleure année ?Personne à part nous, "cons de paysans" que nous sommes.
Si c'est la disparition de notre métier que la France souhaite, qu'elle s'en affranchisse au grand jour !
S'il ne faut produire que du bio, donnez-nous de l'argent, beaucoup d'argent, énormément d'argent pour cela.Demain, je ne serais peut être plus paysan, parce que je jetterais l'éponge. J'irais grossir les rangs de Pôle Emploi, ou encore, j'irais faire sonner les cloches de mon église, ça fera un "con de paysan" en moins diront certains, ou "c'était un bon gars", ou bien encore "ça ne résout rien" diront d'autres !
Le problème est plus que grave, je me doute que vous en avez conscience, soyez avec nous, homme de bons sens.D.R. un agriculteur désabusé
