Ce sont les propos tenus lors d'une table ronde organisée dans le cadre du 15e Rendez-vous de l'Histoire, à Blois, le samedi 20 octobre : "Quand les agriculteurs prennent en main leur destin - La modernisation de l'Agriculture par ceux qui l'ont vécue". Les intervenants ont partagé leur expérience de la grande révolution agricole et ont dessiné quelques perspectives d'avenir.

La modernisation agricole s'est faite par la restructuration des exploitations. Mais aujourd'hui, il faut éviter que cette restructuration aille trop loin.

Or, le Président de la FNSEA Xavier Beulin explique que certes le pourcentage d'agriculteurs dans la population active a fortement diminué mais que le pourcentage d'actifs dans l'ensemble des filières alimentaires s'est maintenu à 14%. Il y a eu donc eu un report d'actifs. "On ne peut pas se scandaliser de la baisse du nombre d'agriculteurs".

On sent en filigrane derrière ses propos le projet de son syndicat: restructurer encore, avec un agrandissement des exploitations, produire davantage et à moins cher, donner la priorité aux débouchés avec la défense des filières agro-industrielles, considérer les agriculteurs comme de simples fournisseurs de matière première.

Henri Nallet, ancien ministre de l'agriculture, va dans le même sens. "Raisonner par filière est quelque chose d'indispensable. Il faut voir ensemble l'agriculture et l'agro-alimentaire qui sont stratégiques pour notre pays". Il ajoute que le secteur agricole contribue au solde commercial de la France (la fameuse vocation agro-exportatrice de la France).

Xavier Beulin reprend l'exemple donné par Jean-Claude Sabin (ancien président de la FOP) : sur une exploitation de 12 ha, 3 ha étaient consacré à la nourriture des bœufs de trait. "Je suis sensible à cet exemple car aujourd'hui, les cultures énergétiques sont décriées". Rappelons que Xavier Beulin est aussi président de Sofiprotéol, groupe industriel produisant du carburant à partir d'huile de colza.

Reprenant à son compte le discours de la CR, Xavier Beulin évoque l'OMC et les cycles de négociations qui ont heureusement échoué. Il faut selon lui revenir vers une approche régionale. On se rappelle pourtant que la FNSEA a soutenu la réforme de la PAC en 1992, instaurant un système où les coûts de production de différentes régions du monde sont en compétition. D'ailleurs, Xavier Beulin n'évoque pas l'idée de sortir l'agriculture des négociations de l'OMC. Pour lui, "la PAC doit rester dans les règles définies par l'OMC". Un discours pour le moins ambigu...

La recherche sur les OGM est également abordée. Les intervenants déplorent que les citoyens entretiennent avec "la science" des rapports aussi conflictuels. On le sait, la FNSEA milite pour que les OGM soient autorisés en France, tout comme les hormones de croissance pour l'élevage. D'ailleurs, quelques réticences se font entendre dans la salle.

Enfin, Guy Vasseur, président de la Chambre d'Agriculture du Loiret et de l'APCA, explique que la loi instaurant des taxes sur l'utilisation de semences fermières va permettre de financer la recherche tout en légalisant leur usage. Il répondait à la question d'une auditrice médusée à l'idée que l'agriculteur doive payer pour ressemer sa propre récolte.

Bref, des perspectives assez sombres tracées par le syndicat majoritaire...

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