La Chambre d’Agriculture d'Ille-et-Vilaine se réunie en session ce vendredi 25 novembre à Rennes. La Coordination Rurale 35, représentée par Joseph Martin, Angélique Daufin et Jean-François Couetil, a déposé deux motions sur la crise laitière.

MOTION N°1 PROPOSÉE PAR LA COORDINATION RURALE SUR LA RÉGULATION ET L’ORGANISATION DE LA PRODUCTION LAITIÈRE

Considérant que :
  • Les contrats laitiers mis en place ne fournissent aucune garantie de prix aux producteurs de lait ;
  • Les très nombreuses Organisations de Producteurs (OP), majoritairement liées aux laiteries, n'ont pas suffisamment d'influence pour orienter les prix du lait dans les négociations avec les laiteries ;
  • Toute l’organisation de la filière laitière est à repenser.
  • Les outils d'intervention sur le marché des produits laitiers en Union Européenne sont trop faibles pour protéger les producteurs ;
  • Aucune mesure de régulation efficace n'est envisagée pour éviter la surproduction et la chute des prix du lait.
La Chambre demande que :
  • Les pouvoirs publics prennent la mesure de la gravité des conséquences de la dérégulation ;
  • Les dispositions concernant les OP et le prix du lait figurant dans la loi Sapin 2 soient rapidement adoptées et mises en œuvre ;
  • Des Associations d'OP (AOP) soient créées dans chaque bassin laitier, regroupant les OP des laiteries privées et les coopératives, afin d’augmenter leur pouvoir de négociation et de garantir la totale indépendance économique des producteurs de lait ;
  • Les conférences de bassins laitiers soient conservées comme lieu d'échange des coopératives, des laiteries privées, des AOP et des syndicats agricoles représentatifs ;
  • Le Cniel soit le moteur français de cette nouvelle orientation, entre l'échelon européen et les AOP. Il est donc indispensable que les représentants des AOP / OP soient intégrés aux groupes de travail du Cniel sur la stratégie de la filière ;
  • Les autorités européennes utilisent l'Observatoire européen du marché du lait comme outil d'intervention dans l'UE, afin d'organiser une régulation de la production de lait ;
  • Un programme de régulation comme le Programme de Responsabilisation face au Marché (PRM) du lait porté par l'EMB, permettant de maintenir pour les producteurs des prix supérieurs aux coûts de production, soit étudié et mis en œuvre dans tous les pays de l'Union Européenne.
 

MOTION N°2 PROPOSÉE PAR LA COORDINATION RURALE RELATIVE A LA CRISE LAITIÈRE

Considérant que :
  • Les bénéfices des industriels laitiers (privés comme coopératifs) sont basés sur la contribution des producteurs, obligés de fournir le lait à un prix extrêmement bas ;
  • La réduction de la production laitière s’avère une nécessité pour mettre fin à la crise laitière, mais elle doit être suivie par tous en Union Européenne pour être efficace et non à fonds perdus ;
  • La réduction de la production laitière ne doit pas être synonyme de restructuration, qui laissera bon nombre d’éleveurs sur le carreau ;
  • L'augmentation de la production laitière européenne sur les 2 dernières campagnes atteint les 10 millions de tonnes, soit plus de 6 %;
  • Réduire la production laitière de ceux qui l’ont augmentée récemment (souvent incités par leurs laiteries) est plus facile que pour ceux qui ont déjà fait l’effort de diminuer ou de stabiliser leurs volumes dès la fin des quotas en avril 2015 ;
 
La Chambre d'agriculture demande que :
  • Un système de pénalités applicables aux éleveurs dépasseurs soit instauré pour rendre ce dispositif incitatif et donc efficace.
  • Ce plan français s’inscrive dans une dynamique européenne avec la mise en place d’un système pérenne et réactif de régulation, avec une adéquation des volumes produits à la demande, comme par exemple le Programme de Responsabilisation face au Marché (PRM) proposé par l’EMB.
  • Le prix du lait soit indexé sur les coûts de production (intégrant une juste rémunération de l’éleveur) ;
  • Fondées par et pour les agriculteurs, les coopératives donnent l'exemple et mettent tout en œuvre pour préserver les producteurs, en particulier en leur offrant des prix justes pour leurs produits, même si cela induit un moindre développement sur le marché mondial ;
  • Les marges calculées par l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) sur le lait intègrent les valorisations de co-produits ou de produits plus complexes ;
  • La loi Sapin 2 confère à l'OFPM de véritables pouvoirs d'investigation afin d'obtenir de la part des entreprises concernées des données plus précises (bilans comptables) afin d’affiner le calcul des marges et améliorer les connaissances du fonctionnement des filières et de leur capacité à assurer une juste répartition de la valeur ajoutée créée.
 

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