Quelle stupeur en lisant l'interview d'André Sergent, président de la chambre d'agriculture du Finistère, dans le journal Ouest France du 22-23 juillet 2017. Ces réponses surréalistes dévoilent le fond de sa pensée qui, semble-t-il, est resté bloquée dans les années 70 : une production de masse à des prix très bas pour continuer à faire fonctionner l'industrie agroalimentaire. Alors que le monde agricole s'enfonce un peu plus chaque jour dans la crise, il est certainement le dernier à défendre ce modèle.

Quel culot de la part d'un président de la chambre d’agriculture qui, depuis plus d’une décennie, vit grassement de fonds publics, allant même jusqu’à financer des « vacances-voyages » en Afrique du Sud.

Notre priorité, défendre le revenu des agriculteurs

Selon lui, « il faut arrêter de penser que nous devons demander un prix du lait de 450 € la tonne » car « c'est un discours populiste qui mène dans le mur ». Sachez que nous ne refusons pas ce qualificatif. Ce mot vient du latin populus qui signifie peuple. Or oui, nous défendons tous les agriculteurs et nous souhaitons qu'ils vivent dignement de leur métier.

Nous demandons 450 € les 1000 litres car tous les centres comptables l’admettent : c’est le minimum pour équilibrer les comptes, rémunérer décemment la main-d’œuvre et assurer le renouvellement des générations. Sans prix, demain, ce sont des retraites minables résultant de cotisations minimes liées aux résultats insignifiants. Demain, sans investissements, nos outils ne vaudrons plus rien !

Les coûts de production du lait en France en 2016 sont estimés par l’Observatoire de la formation des prix et des marges à 375 €… avant rémunération du travail des producteurs. Couvrir les coûts de production est une chose, mais comment prétendre défendre les éleveurs en se satisfaisant d’un prix qui ne les rémunère pas, eux qui travaillent 70 heures par semaine, quasiment 365 jours par an ? Qu'André Sergent aille se promener en Allemagne, à ses propres frais, il verrait que nos collègues allemands demandent sur les bords de route 450 € et même parfois 500 €.

Je vous rappelle qu'au plus fort de la crise du porc, nous demandions 1,50 €. On nous riait au nez, nous démontrant que c'était suicidaire. Aujourd'hui, nous y sommes ; ni les éleveurs, ni les industriels ne se plaignent...

Ne pas subir la crise

Pour André Sergent, les États généraux de l'alimentation qui démarreront fin août n'ont certainement pas lieu d'être puisqu'il semble satisfait de la répartition de la valeur ajoutée. Nous, ne nous satisfaisons pas de cette répartition. C'est pourquoi nous souhaitons qu'il s'attaque aux industriels laitiers, coopératifs et privés, qui ont des rentabilités extraordinaires. Qu'il aille voir dans les holdings financières des coopératives où se trouvent les résultats revenant de droit aux producteurs. Mais de grâce qu'il arrête de s'en prendre aux véritables défenseurs des agriculteurs !

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