Une quinzaine de Bretons ont fait le déplacement à Tours pour assister au XXIIIe congrès national de la Coordination Rurale. Retour sur ce moment fort de l'année syndicale.

Le 7 décembre, des responsables de sections ou des agriculteurs engagés ont pris la parole pour évoquer l'actualité de leurs filières. Par exemple, Nicolas Jacquet, président de l'OPG a fait un point sur la crise des grandes cultures. Sylvie Girard a fait un état des lieux de la grippe aviaire et François Lucas a rappelé longuement les dangers de la régionalisation des chambres d'agriculture.

Par ailleurs, cette assemblée générale était élective. Président depuis 2010, Bernard Lannes a été réélu. Il a déclaré à la France Agricole : « Dès janvier 2017, nous nous mettrons en ordre de marche. Je vais faire le tour des régions pour faire en sorte nous soyons tous prêts pour l’élection aux chambres d’agriculture qui est importante pour nous, parce qu’on est compté à ce moment-là. Notre objectif est de rééquilibrer, une bonne fois pour toutes, le paysage syndical. » Son souhait de rajeunissement au sein du comité directeur a été exaucée. Véronique Le Floc'h, 43 ans, éleveuse de bovins et productrice de lait à Elliant (29), actuellement présidente de l'OPL, a été désignée secrétaire générale du syndicat. Jean-François Couetil, légumier à Roz-sur-Couesnon (35), devient trésorier national. Hervé Guillerm, éleveur de porcs à Kergloff (29), reste membre du comité directeur.

« L'agriculteur, une espèce en voie de disparition » Sylvie Brunel

Chaque année, adhérents ou sympathisants de la CR, agriculteurs non syndiqués, étudiants et curieux viennent écouter des personnalités parler de sujets d'actualité et les passer au peigne fin de leur expertise. Cette édition n'a pas échappé à la règle. Le jeudi 8 décembre, Sylvie Brunel, écrivain et géographe, professeur des universités, ancienne présidente de l'ONG Action contre la faim, a emballé les 700 personnes présentes avec son thème « La France et ses agriculteurs restaurer la confiance et le respect ». Elle a dénoncé « des attaques insensées face au professionnalisme et à la technicité des agriculteurs, des attaques sociétales liées à la méconnaissance du métier ». Elle a également fustigé « les joueurs de flûte. Beaucoup de gens ont pour l’agriculture une vision de Martine à la ferme ». Elle est aussi revenue sur l'empilement des contraintes : « Trop souvent la France alourdit les réglementations européennes déjà considérées comme les plus strictes au monde. » Enfin, elle a plaidé pour que l'agriculteur retrouve sa dignité et en précisant : « Toutes les agricultures sont nécessaires. »

En début d'après-midi, l'intervention de Jean-Pierre Digard, membre de l'Académie d'agriculture de France, intitulée « Regards de la société et réalités des éleveurs », a repris l'un des thèmes qui avait longuement animé l'après-midi de la veille, à savoir la question du bien-être animal.

Redonner le pouvoir aux agriculteurs

Le dernier intervenant de la journée était Xavier Hollandts, professeur associé à la Kedge Business School. Il a disserté sur « la gouvernance des coopératives face aux transformations du monde agricole ». Selon lui, il faut redonner le pouvoir aux agriculteurs. En effet, il constate que les prix alimentaires n'ont jamais été aussi bas, les agriculteurs autant compétitifs et pourtant ils vivent de grosses difficultés : paupérisation, arrêt des exploitations, suicides, baisse des installations, divorces… Dans le même temps, les coopératives n'ont jamais été aussi puissantes.

Il a présenté son référentiel sur la gouvernance des coopératives agricoles qui a vocation à aider les acteurs à engager des réflexions de fond sur la gouvernance de leurs coopératives. Il intègre et réaffirme les valeurs et l’identité propre des coopératives agricoles en matière de gouvernance. Il fait six préconisations concrètes, notamment concernant la relation aux adhérents. Selon lui, il faut « maintenir un lien direct et veiller à ce que l’activité réelle de la coopérative soit en phase avec sa vocation et les intérêts des adhérents ; exposer et expliquer la stratégie aux adhérents tout en engageant une dynamique de progrès ; maintenir la vitalité et l’implication des adhérents ; former et informer les adhérents. » A la question d'un adhérent, il a répondu avec conviction : « Ce qui doit toujours motiver la coopérative, c'est prendre les décisions les plus avantageuses pour l'adhérent et le territoire ».

Encore une fois la parole a été laissée au public, ce qui parfois donne lieu à des échanges animés mais qui sont toujours constructifs.

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