Agri-Agro mariage de dupes !

Ce mardi, une ribambelle d'organisations dont Coop de France, la FRSEA et l'UGPVB manifestent à Rennes pour exiger une baisse des charges. Seulement, aujourd'hui, la seule bataille qui permettra aux agriculteurs de vivre dignement est celle des prix ! Bataille qui ne sera possible qu’avec une régulation européenne intelligente et pérenne. 

L'utopie de la baisse des charges

Depuis 30 ans, le principal combat du syndicat majoritaire demeure la baisse des charges ! Pourtant, aujourd'hui il n'empêche toujours pas de nombreux collègues de quitter le métier voire, dans le pire des cas, la vie… Pour baisser les charges, la Coordination Rurale revendique depuis sa création le transfert de charges sociales en TVA sociale qui permettrait à nos produits de gagner en compétitivité. Étonnamment, le syndicat majoritaire vient tout juste de s'emparer de cette proposition !  

Réclamons des prix !

La CR revendique depuis toujours des « prix, pas des primes ». En 2016, tous secteurs confondus, la ferme France aura perdu 5 milliards d'euros. Puisque le consommateur n'a pas payé moins cher ses produits alimentaires et que l'industrie agroalimentaire a dégagé des bénéfices pharaoniques, force est de constater que c'est elle qui a capté les marges !   En nous confisquant nos marges, ils nous privent non seulement de notre rémunération actuelle mais aussi de notre retraite… Alors, pourquoi souhaiter que leurs charges baissent quand elles pourraient au moins abonder notre régime social ?   En nous privant de revenu, ces industriels nous acculent à réduire nos charges en investissant moins (bâtiment, matériel agricole) et en délaissant des services (inséminateurs, contrôle laitier, etc.) qui affaiblissent nos partenaires du para-agricole.   Finalement, à moins d'être crédule ou intéressé, qui peut croire que les industriels manifestent dans notre intérêt et qu'ils ne profiteront pas d'une nouvelle baisse de charges pour diminuer d'autant nos prix de vente ? Manifester à leurs côtés ne revient-il pas à cautionner la spoliation de notre valeur ajoutée et à les déculpabiliser ?