Pendant la première quinzaine d'aout, le Président de la CR AURA Jean-Louis OGIER a fait appel aux adhérents de la CR38 pour aller à la rencontre des députés de leur département. En l'espace de deux semaines, les agriculteurs ont été reçus par trois députées LREM de l'Isère : Mme Monique LIMON (7ème circonscription), Mme Cendra MOTIN (6ème circonscription) et Mme Caroline ABADIE (8ème circonscription).

Le 8 aout 2018, rencontre de la CR38 avec Mme Caroline ABADIE, députée de la 8ème circonscription de l'Isère.

Au cours de ces différentes rencontres, les représentants de la Coordination Rurale ont souhaité attirer l'attention des députées sur les importantes difficultés auxquelles se trouvent actuellement confrontée l'ensemble de la profession agricole.

La fin programmée du dispositif TO-DE (Travailleurs Occasionnels - Demandeurs d'Emploi) :

Ce dispositif qui attribue une exonération des charges patronales pour les travailleurs occasionnels dans les exploitations agricoles est aujourd'hui remis en cause. Le gouvernement envisage de le supprimer au 1er janvier 2019, ce qui aboutirait à augmenter les charges des employeurs de 1,8% à 3,8%. Cette mesure impacterait les agriculteurs à hauteur de 144 millions d'euros, particulièrement les producteurs de cultures spécialisées, les viticulteurs, les arboriculteurs et les horticulteurs.

D'après Cendra MOTIN, députée de la 6ème circonscription de l'Isère, l'impact serait a relativiser puisque 90% des agriculteurs qui bénéficient actuellement de ce dispositif sont des viticulteurs (professionnels qui, selon ses termes, ne sont "pas les plus à plaindre"). Pour elle, la suppression de ces aides n'a pas pour objectif de sanctionner les agriculteurs mais plutôt d'inciter les opérateurs qui accompagnent les demandeurs d'emplois à faciliter l'embauche de travailleurs français. De son côté, Jean-Louis OGIER se montre plutôt sceptique sur cette intention. Le Président de la CR AURA et responsable national de la section fruits et légumes de la CR s'interroge : "dans le système français actuel, comment motiver les gens à aller travailler dans des conditions complexes et avec un petit salaire ? J'ai déjà essayé de recruter des saisonniers dans mon secteur mais le constat est simple : ils ne veulent pas travailler ! Aujourd'hui, on est obligé de se tourner vers des travailleurs étrangers."

Les retraites des agriculteurs :

Les adhérents de la CR38 ont interrogé Caroline ABADIE pour lui demander son ressenti concernant les agriculteurs qui reçoivent actuellement moins de 800 euros de retraite par mois. La députée de la 8ème circonscription de l'Isère s'avoue "choquée par ce constat" et estime que cette situation serait bien différente si les agriculteurs avaient pu obtenir une juste rémunération de leur travail dès le début de leur carrière.

Exception agriculturelle, PAC, produits phytopharmaceutiques et TVA sociale :

Tout d'abord, Jean-Louis OGIER a tenu a préciser sa vision de l'agriculture. Pour lui, le système agricole français n'a pas besoin du commerce mondial pour fonctionner correctement : "Il ne faut pas produire en pensant à l'export mais se concentrer sur l'échelle européenne. Il serait bien de pouvoir revenir à une politique de régulation cohérente et soutenable. Il n'y a que de cette façon que l'on pourra espérer un système alimentaire qui respecte des normes sanitaires et une qualité pour le consommateur, qui offre au producteur une rémunération intéressante et qui le protèges des secousses des cours mondiaux." Pour Cendra MOTIN, il n'est pas possible ni souhaitable de couper l'agriculture du commerce mondial. D'après elle, le protectionnisme alimentaire et la préférence communautaire ne sont pas des idéaux porteurs d'avenir : "ce n'est pas avec ces pensées là que nous pourront imaginer l'évolution de l'agriculture..."

En ce qui concerne le versement des aides PAC, la CR38 a souhaité alerter les députées sur les importants retards de paiement qui existent actuellement.

Ensuite, fruits et feuilles malades à l'appui, Jean-Louis OGIER a tenu à expliquer aux députées les raisons qui poussent les agriculteurs à utiliser des produits phytopharmaceutiques sur leurs exploitations : "Vous voyez, ce n'est pas pour le plaisir que l'on traite. On cherche juste à protéger notre production". Face à ces cas concrets, les députées se sont montrées plutôt conciliantes. Pour Caroline ABADIE, il convient désormais de "mettre en place une concertation entre les riverains et les agriculteurs" pour permettre une meilleure compréhension des enjeux de l'agriculture et éviter les incivilités. La délégation CR s'est montrée réservée vis à vis de cette proposition, estimant qu'entre la réalité et de belles théories, il y a parfois une grande différence.

Enfin, lorsque Jean-Louis OGIER a présenté dans les grandes lignes le principe de la TVA sociale, les députées se sont montrées plutôt sceptiques et réservées.

Le 31 juillet 2018, rencontre avec Monique LIMON, députée de la 7ème circonscription de l'Isère. Jean-Louis OGIER (à gauche) et Thierry BOIRON (à droite)

Ces rencontres ont permis à la Coordination Rurale d'exprimer librement ses revendications et d'alerter les pouvoirs publics sur les nombreuses difficultés que rencontrent actuellement les professionnels de l'agriculture. Les échanges ont été francs, directs et souvent constructifs.

Nous tenons à remercier les députées pour les quelques heures qu'elles ont bien voulu nous accorder. La CR espère qu'il sera possible de renouveler ce types de rencontres aussi souvent que l'actualité agricole l'exige.

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