Au début du mois de septembre, Jean-Louis OGIER (président de la Coordination Rurale AURA) et Alexandre ARMEL (responsable national de la section viande) se sont entretenus pendant près de deux heures avec M. Pascal MAILHOS, Préfet de la région AURA. Michel SINOIR (directeur régional de la DRAAF) a lui aussi pris part à cette rencontre.

Épisodes de grêle des mois de juin et de juillet 2019 :

Suite aux violents orages de grêle qui ont récemment impacté la région, Michel SINOIR dresse un premier bilan des pertes. Celles-ci avoisineraient 100 millions d'euros avec de fortes disparités au niveau des départements : 60 à 70 millions d'euros pour la Drôme, 20 millions d'euros pour l'Isère, 7 millions d'euros pour l'Ardèche et environ 3 à 5 millions pour la Savoie.

Jean-Louis OGIER espère vivement que les agriculteurs impactés pourront poursuivre leur activité et demande à ce que les évolutions climatiques soient appréhendées avec plus de justesse afin d'anticiper les grandes difficultés à venir. En tant qu'ancien arboriculteur, il évoque la nécessité de pouvoir se constituer une épargne de précaution. Dans les années 1970, les bonnes années compensaient les mauvaises et cela permettait d'atteindre un certain équilibre. Aujourd'hui, il constate que les mauvaises années se succèdent et que les agriculteurs disparaissent les uns après les autres...

Conscient de l'urgence de la situation, M. SINOIR met tout en œuvre pour que cette catastrophe soit abordée lors du CNGRA (Conseil National de Gestion des Risques en Agriculture) du mois d'octobre. Pour les agriculteurs qui ont perdu toute leur récolte, un revenu de solidarité devrait leur être octroyé le temps qu'ils trouvent des solutions pour sortir de l'impasse. Il est également évoqué un report de 3 ans des cotisations sociales. D'autre part, M. MAILHOS rappelle que le Conseil régional a débloqué une enveloppe de 6 millions d'euros pour venir en aide aux agriculteurs.

Sécheresse :

En 2018, l’État a débloqué une enveloppe de 65 millions d'euros pour aider les agriculteurs impactés par la sécheresse (13 millions d'euros pour le seul département de l'Allier). En 2019, Michel SINOIR et Pascal MAILHOS assurent que l’État aidera de nouveau les agriculteurs touchés (la situation est parfois dramatique). Jean-Louis OGIER et Alexandre Armel s'interrogent sur la durabilité de ce processus d'indemnisation et estiment qu'il serait temps d'adopter une véritable stratégie régionale d'adaptation aux changements climatiques.

Dénigrement des agriculteurs :

D'après le Préfet MAILHOS, les attaques qui visent les agriculteurs sont totalement injustifiées : il rappelle que depuis la guerre, aucun secteur n'a autant évolué que l'agriculture. Il invite les agriculteurs à communiquer d'avantage sur leurs pratiques afin de ne pas être injustement jugés par des personnes qui ne connaissent rien à l'agriculture. Jean-Louis OGIER considère qu'il est essentiel de faire comprendre aux consommateurs que l'agriculture est nécessaire à l'indépendance et à la sécurité alimentaire d'un pays. Il ajoute : "aujourd'hui, nous avons considérablement évolué par rapport à ce qui se faisait avant. Ce n'est pas normal que notre profession soit systématiquement dévalorisée vu les efforts consentis et l'importance du travail effectué pour nourrir correctement les concitoyens en plus du virage écologique que la société nous demande de négocier, l'agriculture connait un virage économique qu'il faudra bien appréhender pour éviter l'accident grave."

Gestion de l'eau :

Le préfet MAILHOS a mis en place un chantier régional sur l'usage de l'eau. Il a demandé aux préfets départementaux la mise en place rapide de projets acceptables, exemplaires et utiles : "Si l'on veut qu'un projet aboutisse, il faut le choisir, lui mettre un coup d'accélérateur, le réaliser puis faire en sorte qu'il serve de modèle et d'exemple pour d'autres projets départementaux. Par mon expérience, je sais que lorsqu'un projet d'irrigation dure trop longtemps, il finit par être abandonné pour deux raisons principales : la réglementation évolue et l'opinion publique change."

Pour le Préfet MAILHOS, l'amalgame est trop souvent fait entre usage de l'eau et agriculture. D'après lui, les agriculteurs devraient être capables de faire comprendre que "l'eau = la vie = utile à tous et à tous les secteurs (agriculture, écologie, hydroélectricité, tourisme...)".

Le danger du véganisme :

Alexandre ARMEL explique que face aux intrusions dans les élevages, aux intimidations et aux violences de toutes sortes, il craint des débordements qui, à terme, peuvent devenir complétement ingérables. Pour M. SINOIR, il s'agit de mouvements marginaux qu'il faut tout de même surveiller avec vigilance (le nombre d'adhérents à L214 a tout de même été multiplié par 100 entre 2016 et 2019). Les préfets échangent régulièrement des informations sur cette problématique et contrôlent la situation. Le directeur de la DRAAF demande à la Coordination Rurale d'alerter les cabinets des Préfets lorsqu'il y a des informations afin qu'elles puissent être vérifiées et que des mesures appropriées soient mises en place.

Après avoir remercier M. SINOIR et M. MAILHOS de les avoir reçus, les représentants de la Coordination Rurale espèrent que cette rencontre pourra avoir lieu chaque année afin de leur exposer les nombreuses problématiques rencontrées par les agriculteurs de la région.

 

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