Mercredi 3 mai, une délégation de 4 représentants de la Coordination Rurale Auvergne Rhône-Alpes se sont rendus à la préfecture de la région pour rencontrer la préfète nouvellement arrivée, Madame Fabienne Buccio. Les échanges ont essentiellement porté sur les difficultés rencontrées par la profession pour faire face à la hausse des charges et à la flambée du coût de l’énergie.

Après une rapide présentation du syndicat, François Walraet, président de la CR AURA, a évoqué la sécheresse et les inquiétudes des agriculteurs au sujet de l’été à venir. Les représentants de l’administration ont également fait part de leurs inquiétudes, notamment au sujet du barrage de Naussac, dont le remplissage est beaucoup plus bas que prévu.

Les agriculteurs ont mis en avant les difficultés particulières de l’année 2023. Après une hausse des prix de vente mondiaux en 2022, leur baisse en 2023 ainsi que la flambée des coûts de production créent un effet ciseaux important. « Ces fluctuations de prix et la hausse toujours plus forte des charges suite à l’inflation menacent l’équilibre de nos exploitations. Il faut agir pour assurer la continuité du système agricole et alimentaire. L’énergie est la plus touchée par l’inflation et c’est souvent notre plus grosse charge.  » affirme François Walraet.

Ce que la Coordination Rurale propose :

  • Organiser la répercussion de la hausse des coûts de production et garantir de la visibilité et de la sécurité sur les prix à venir en :

    • rehaussant les prix minimums d’intervention européens (par exemple : aujourd’hui une centaine d’euros par tonne pour le blé tendre) afin de limiter l’ampleur de la prise de risque et de relever les « filets de sécurité » pour tous les agriculteurs européens ;
    • mettant rapidement en œuvre une politique de prix sécurisants sur les sources de protéines végétales, afin de réduire notre dépendance aux importations et de permettre la rentabilité de ces cultures peu demandeuses en engrais azotés ;
    • permettant la répercussion des évolutions des coûts de production sur les prix de vente. La matière agricole pesant relativement faiblement dans le panier final des ménages (par exemple : 4 à 6 centimes de blé dans une baguette).

La délégation a également fait part de plusieurs problèmes touchant l’arboriculture. Parmi eux, le danger que représente le scolyte du noyer pour la production de la région. Lors du CROPSAV  (Conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale) du 1er février, il a été signalé que le projet d’arrêté ministériel prévoit une zone d’abattage et lutte de 500 m autour des arbres malades détectés. Jean-Louis Ogier, arboriculteur en Isère, s’inquiète : « Le plan de sauvegarde présenté lors du CROPSAV est alarmant. Si on l’applique sur une zone de production de noix sur notre département, on pourrait décimer la production. ». Monsieur Bruno Feirreira, directeur de la DRAAF, également présent à l’entretien, s’est voulu rassurant sur cette question. En effet, l’arrêté à venir a été revu et le périmètre de destruction sera beaucoup plus réduit, probablement limité à l’arbre malade et non plus sur un périmètre de 500 m comme annoncé en première instance.

Patrice Laverlochère, maraîcher dans le Rhône, a questionné la préfète sur la présence des Perfluorés sur le département du Rhône. Bien que conscient de la nouveauté du sujet et de la transparence de la préfecture sur son travail, il a rappelé le besoin de clarification sur les informations qui sont transmises au grand public et média. « Suite à des analyses réalisées chez eux, certains producteurs se retrouvent en grande difficulté. Il est important que les agriculteurs ne soient pas stigmatisés une fois de plus. ».

Christian Provent, administrateur de la CR AURA et représentant au groupe national loup, a lui conclu sur le sujet du loup en proposant à la préfecture la possibilité de faire des effarouchements plus tôt dans l’année. Il a également rappelé qu’il restait un important travail à faire la responsabilité des chiens de protections.

Ce que la Coordination Rurale propose :

  • intervenir le plus en mont possible pour limiter la prédation sur les troupeaux domestiques,
  • donner des signaux forts au prédateur pour l’éloigner le plus possible des activités humaines,
  • établir des protocoles de défenses adaptés aux différentes typologies d’élevage pour pouvoir défendre tous les troupeaux,
  • déployer le réseau des agents de louveterie par une ouverture de celle-ci à d’autres corporations (chasseur, militaire, …)
  • mettre en place un système de comptage de la population lupine qui reflète la réalité et adapter les prélèvements en conséquence,
  • financer à 100 % les mesures de protection. Les éleveurs n’ont pas à supporter une problématique qui nous est imposée.

La CR AURA remercie Madame la préfète, ainsi que les représentants de l’administration pour la richesse des échanges et leur écoute. Le syndicat espère pouvoir renouveler ces rencontres aussi souvent que l’actualité agricole l’exige.

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