La DDT du Rhône est venue rencontrer la CR69 dans ses bureaux. Guillaume Furri, directeur adjoint de la DDT, et Isabelle Beloeil, cheffe du service « Économie agricole et développement rural » ont rencontré le 26 juin 2017 Françoise Boyer, présidente de la CR69, et Patrice Laverlochère, vice-président, dans les bureaux régionaux de la Coordination Rurale.

Irrigation : la DDt du Rhône étudie des projets collectifs

Concernant la problématique de l’irrigation dans le département, la DDT informe que deux conférences sur ce sujet ont déjà eu lieu et qu’une troisième sera organisée prochainement. Du fait du réchauffement climatique, les enjeux de la gestion de l’eau deviennent de plus en plus cruciaux. Toutefois, du fait de l'urbanisation progressive sur les terrains agricoles, les réseaux d’irrigation qui ont coûté très chers deviennent inutilisables. Les agriculteurs sont obligés de déplacer leurs cultures car les réseaux ne sont plus rentables. La DDT est en train d’étudier des projets pour améliorer la gestion de l’eau mais les coûts qu’ils engendreraient sont très importants. Ils souhaitent développer des projets collectifs pour limiter les investissements.

Foncier agricole et troubles de voisinage

De manière plus générale, la pression foncière pèse fortement sur l'agriculture du département. En effet, même si l'arsenal réglementaire pour la protection des terrains fonctionne, les agriculteurs ne peuvent plus exploiter les parcelles péri-urbaines à cause de contraintes trop importantes (arrêtés phyto, poussières, bruits, odeurs…). Ainsi, beaucoup de terrains deviennent des friches agricoles que les fermiers ne peuvent plus entretenir. Toutefois, il faut accepter que l’agriculteur puisse construire son logement près de son exploitation. Car être agriculteur n’est pas seulement une activité professionnelle : c’est également un projet de vie.

Les citadins veulent vivre à la campagne sans pour autant accepter les "inconvénients". L’exemple le plus récent est ce couple de citadins dans le Cantal qui s'est installé à proximité d’une ferme et qui attaque en justice quelques temps plus tard l’agriculteur, incommodé par l’odeur des vaches. Résultat, l’agriculteur risque de cesser son activité. C'est d’autant plus grave que cette décision pourrait faire jurisprudence. Les agriculteurs se retrouveront donc à la merci de n‘importe quel caprice de voisins malveillants. A qui le tour ensuite ? Un coq qui chante trop fort, un chien qui aboie, des engins agricoles trop bruyants… ? Voilà pourquoi la CR demande que, à chaque fois que des bâtiments se construisent près de terrains agricoles, des haies soient plantées par les promoteurs, pour protéger les agriculteurs des dispositifs réglementaires.

Aides PAC et contrôles

Concernant les retards de paiement des aides PAC, ils sont de plus en plus importants et s'accumulent depuis 2015. S'ils semblent en cours de résolution sur le premier pilier, la situation est particulièrement problématique pour les aides bio et les MAEC dont les annuités 2015 n'ont toujours pas été payées et pour lesquelles le versement vient d’être à nouveau différé à novembre 2017. Par ailleurs, il est question de mars 2018 en ce qui concerne les paiements des MAEC et des aides à l’agriculture biologique de 2016, le paiement des aides PAC 2017 étant quant à lui prévu en février 2018 avec une ATR mi-octobre. Ce retard est inacceptable.

La CR a également abordé la question des contrôles. Beaucoup de producteurs sont dans des situations de détresse et les inspecteurs doivent impérativement repérer ces situations et dédramatiser les contrôles. La CR défend également le droit à l’erreur, proposé par l’ancien ministre de l’Agriculture Jacques Mézard. Toutefois, la DDT informe qu’il s’agit d’une décision qui doit être prise à l’échelle européenne et que des discussions sont dans ce sens au sein de l’Union. La France est moteur dans ces échanges. La CR a également proposé la mise en place de conventions tripartites (Procureur de la République/Préfet/Président de la chambre d’agriculture), à l'image de celles qui ont été signées dans le département de la Charente, avec l’objectif d’éteindre les poursuites en échange d’un stage de sensibilisation suivi par l’auteur de l’infraction concernant l’application de la directive Nitrates ou la mise en vente et l’utilisation des produits phytosanitaires. La DDT ne semble pas contre ce projet.

Enfin, concernant les États généraux de l’alimentation décidés par Emmanuel Macron, ils devraient débuter au mois de juillet mais l’administration n’a pas encore reçu d’instruction de la part de l’État, notamment à cause du récent changement d’équipe. Toutefois, la Coordination Rurale a rappelé qu'étant un syndicat représentatif, elle devra être présente lors de ces rencontres.

Une histoire, des valeurs

La CR a également rapidement présenté le syndicat, son histoire, ses valeurs et ses revendications. Suite à la PAC 92, les fondateurs du mouvement pressentaient que les primes censées compenser partiellement la baisse des prix agricoles alignés sur les cours mondiaux étaient une atteinte à la dignité des paysans qui passeraient pour des assistés qui coûtent cher. C’est ainsi que, dès 1992 et derrière le slogan « Tous Unis », les agriculteurs revendiquent des prix rémunérateurs qui permettraient la suppression totale des aides compensatoires et de leur coûteuse gestion, sauf dans le cas de zones à handicap naturel.

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