Dans son journal de mars 2014, la Chambre d'Agriculture du Puy-de-Dôme par la voix de son vice-Président Philippe Boyer a communiqué sur la production laitière et sa vision de demain.

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Pourquoi les producteurs de lait arrêtent ? Voilà une question qui m'est souvent posée!

Ce n'est sûrement pas parce que le métier, difficile, n'est pas agréable ou gratifiant;

ce n'est pas parce que le travail est quotidien y compris les jours fériés, 365 jours par an;

mais bien parce que le revenu dont chaque producteur bénéficie n'est absolument pas à la hauteur de l'investissement et du travail.

Les producteurs ne le diront pas ouvertement mais beaucoup ont des revenus en dessous du seuil de pauvreté qui, rappelons-le, est de 980 euros pour une personne seule!

Certains disent, (en général ce sont des personnes extérieures au monde agricole), que les agriculteurs touchent des primes, ils ne devraient pas se plaindre.

Oui, les paysans perçoivent,non pas des primes, mais des aides compensatoires. La nuance est importante, les primes étant une gratification supplémentaire pour une qualité, une récompense alors que l'aide ici versée est mise en place pour compenser un prix volontairement bas des produits agricoles afin que les citoyens-consommateurs bénéficient ds prix abordables dans les magasins! A titre d'exemple, le prix du lait payé en 2013 au producteur laitier est le même que celui de 1980! Il est bien évident que le prix du litre de lait acheté en magasin aujourd'hui n'est absolument pas le prix de 1980! D'autre part, est-ce qu'un salarié accepterait un revenu de 1980 avec des charges de 2013 ? Je pense pouvoir répondre que non.

Aujourd'hui, même les aides compensatrices qui d'ailleurs sont réduites d'année en année ne permette plus de constituer un revenu équivalent à ce que les autres secteurs d'activités peuvent offrir. Heureusement que de nombreux conjoints (conjointes) travaillent à l'extérieur et ramène un revenu permettant de faire vivre la famille!

Les laiteries et les producteurs doivent travailler ensemble.

Si demain, nous voulons encore des exploitations laitières dans notre département, il va falloir considérer le travail des éleveurs et payer à sa juste valeur le lait produit sur les fermes. Nos régions laitières sont défavorisées, des hivers longs et rigoureux nécessitant des investissements importants, bâtiments d'élevages et de stockages, des productions de fourrages pour 6 mois d'étable.... Ce sont des coûts qu'ils faut évidemment considérés dans la valorisation de notre lait.

Ce serait d'autant plus évident aujourd'hui si le responsable soit disant d'un syndicat de producteur de lait départemental arrêtait de se croire président des présidents de coopératives en oubliant de défendre les paysans!

La grande distribution n'est pas l'oppresseur des producteurs.

A part les producteurs qui commercent en direct avec les magasins, les clients des producteurs de lait sont les laiteries et non la grande distribution. Ces clients sont d'ailleurs des acheteurs car ils imposent le prix du lait aux producteurs (vendeurs)! Si les laiteries et les grandes surfaces sont en batailles commerciales, c'est leur business. A chacun son métier et les plus compétents montreront leurs talents. Les producteurs ne peuvent plus être la variable d'ajustement de ces négociations. Jeter la pierre sur la seule grande distribution est une erreur. Interrogeons-nous sur les politiques commerciales de ces transformateurs qui répercutent leurs pertes des marchés exportateurs non rentables sur l'ensemble de la production et de la transformation. Pourquoi se battre sur des marchés dont nous savons pertinemment que nous ne pourrons pas être concurrentiels face aux productions de l'hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande)?

Les producteurs ne peuvent pas continuellement payer des politiques erronées des laiteries. Ils n'ont aucun regard ou décision y compris lors des Assemblées Générales lorsqu'il s'agit des coopératives.

Interrogeons-nous également sur les grands groupes comme Lactalis ou Danone qui par leur puissance de communication s'imposent dans les rayons des magasins? Les distributeurs n'ont pas capacité à discuter mais plutôt à subir? Les consommateurs eux par contre ont le pouvoir......d'acheter ou non tel ou tel produit.

N'oublions pas une réalité comptable très simple que les laiteries et la grande distribution connaissent bien d'ailleurs mais refusent de l'entendre bien évidemment:

Une augmentation au producteur de 12 centimes d'euro au litre de lait, ce seront des augmentations minimes pour les consommateurs, le pouvoir d'achat ne sera pas "plombé": moins de 1,5 centimes de plus pour un yaourt, moins de 1 euro d'augmentation par kg de fromage (il faut en moyenne 8 à 10 litres de lait pour faire 1 kg de fromage, 22 litres de lait pour 1kg de beurre...)

Pour le lait 1/2 écrémé (16g de matière grasse pour un lait sorti ferme à 40 g en moyenne), le plus consommé, l'augmentation ne dépasserait pas 10 centimes au litre en sachant que les transformateurs récupèrent la matière grasse pour faire du beurre (au sens propre et figuré bien sûr!).

Sans faire perdre du pouvoir d'achat aux consommateurs, sans top rogner sur les marges des intermédiaires, il est possible que tous les acteurs de la filière vivent correctement et dignement.

Les producteurs doivent reprendre leur avenir en main!

Il est urgent de se réunir autour de la table de négociation, avec des gens enfin responsables afin de discuter des orientations que l'on souhaite donner à cette production et ainsi, bien évidemment, conserver les producteurs en exercice, développer l'attrait du métier, créer des installations viables. Toute ma vie, j'ai défendu les producteurs de lait, je continue.

La Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme veut et doit initier ce travail.

Sous l'impulsion des élus, c'est le travail de la Chambre d'agriculture d'initier ce retour aux discussion et à la négociation,avec l'ensemble de la filière laitière locale et ainsi, enfin,

re- dynamiser cette agriculture laitière. Les représentants de la Chambre d'agriculture ont été élus par les agriculteurs pour les défendre. Nous mettrons tout en œuvre pour le faire.

Philippe Boyer

Vice - Président Chambre d'Agriculture -CR

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