Face à la détresse de nombreux éleveurs du Massif Central, Michel Bos, éleveur allaitant dans le Cantal, administrateur à la Coordination Rurale 15, en charge du dossier rats taupiers, a participé mercredi 15 mars à un petit-déjeuner avec des membres de la commission des affaires économiques du Sénat pour évoquer la problématique du rat taupier.

La prolifération touche aussi les villes

Arrivé la veille, Michel a pu constater dans les rues de Paris, jonchées de poubelles que le problème des rats ne concernait pas que les campagnes. Il y a bien les rats des villes et les rats des champs, même si ces derniers font moins de bruit auprès des médias. Ce fut l’occasion pour cet éleveur de faire un point sur la situation du problème dans le Massif Central, « aujourd’hui les dégâts résultants de ces petits rongeurs privent plusieurs milliers de familles d’éleveurs d’environ 40 millions d’euros de revenus annuels ! » Les éleveurs des zones impactées subissent ainsi régulièrement une importante augmentation de leur coût de production qui met tout simplement leur système de production de viande et de lait, à partir de l’herbe, en péril.

Une question de santé publique

L’État doit également se préoccuper des risques sanitaires, la présence des rats dans le sol et leur disparition représente un risque important de transmission de certaines maladies à l’homme, via l’eau des sources, telles que le poumon fermier, l’échinococcose alvéolaire, etc.. Cela ne touche donc pas uniquement la profession agricole mais l’ensemble de nos concitoyens. L’État doit mesurer les risques sanitaires qu’il fait prendre à la population qui consomme de l’eau qui pourrait être contaminée. Même chose pour les fourrages souillés par la terre, contenant les bactéries laissées par ces rongeurs qui favorisent la transmission aux animaux, d’affections comme l’Yersinia, les fièvres charbonneuses ainsi que des cas d’occlusions intestinales, dont la seule issue est souvent l’abattoir.

Des solutions plus efficaces et à grande échelle

Les moyens mis à disposition des agriculteurs sont bien trop rudimentaires, piégeage manuel, conservation des prédateurs naturels, n’ont jamais permis d’enrayer ce fléau. Lorsque le Ratron GW a été commercialisé sur le marché français, « nous avons tout de suite compris que manuellement il serait difficile d’utiliser ce produit, qui de plus, n’est que moyennement efficace » s’exclame Michel. C’est pourquoi la CR a demandé et obtenu une dérogation afin de pouvoir distribuer mécaniquement, à l’aide de charrues spéciales, ce produit et ainsi gagner un temps précieux en adéquation avec le XXIème siècle.

La CR constate, après des décennies de recherche en laboratoires et des millions d’euros dépensés, que pas le moindre embryon de solution efficace n’arrive. Seules des promesses de solutions pourraient voir le jour dans un futur plus ou moins proche, sans certitude de réussite. La CR insiste sur le fait qu’il est grand temps d’essayer à une plus grande échelle, une ou plusieurs communes, en collaboration avec les agriculteurs locaux, l’expérimentation et l’application de nouveaux produits utilisés contre ces rongeurs à l’étranger et donnant apparemment des résultats probants. L’exemple de la lutte avec succès en Australie en 2021, mais également aux Etats-Unis, au Laos et en Indonésie doit être examiné avec le plus grand sérieux et intérêt.

La situation exceptionnellement grave depuis des décennies peut justifier de mettre en place des solutions qui aux yeux de certains peuvent paraître extrêmes mais néanmoins indispensables pour résoudre enfin ce cataclysme de notre région. Même si Michel Bos n’a pas regagné son Cantal avec des solutions miraculeuses plein la valise, il espère malgré tout que l’attention portée par les sénateurs et les membres du groupes d’études Élevage du Sénat, permettront un jour d’aboutir à une solution.

Malgré la satisfaction d’avoir pu échanger au sein de ce groupe de travail, Michel espère que l’État prendra enfin en considération la gravité du problème et donnera les moyens nécessaires aux familles d’éleveurs de nos régions de poursuivre leur activité vertueuse, celle de nourrir le peuple.

La CR tient à remercier Cédric VIALLEMONTEIL qui a initié cette rencontre ainsi que  Madame Marie-Christine Chauvin, présidente du groupe d’études Élevage au Sénat, Monsieur Damien Le Gallo, administrateur du Sénat, les sénateurs présents et Monsieur Mathieu Keller, chercheur à l’INRAE de Tours d’avoir accepté d’échanger sur cette problématique.

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