Lettre ouverte au Préfet du Cantal que vous retrouvez également sur www.amis-testu.fr Servans Baptiste, le bourg 15120 Lacapelle del fraisse. Lacapelle del Fraisse, le 14 septembre 2015, Objet : Lettre ouverte au Préfet et aux élus du Cantal. Mesdames, Messieurs, Ce n’est pas le premier courrier que nous vous adressons mais jusqu’à présent très peu de nos sollicitations n’ont trouvé d’écho de votre côté. Malgré tout, nous persistons, car la crise agricole que nous vivons actuellement ne peut que vous interpeller. C’est un véritable cri du cœur que nous vous lançons aujourd’hui et nous espérons qu’il ne restera pas vain. Ces derniers mois, notre Premier ministre s’est attelé à lancer un énième plan de soutien à l’élevage en débloquant, une fois de plus, une importante somme d’argent laissant à penser aux consommateurs français que la totalité de leurs impôts est directement versée aux agriculteurs et nous faisant ainsi passer pour de véritables assistés. À première vue conséquentes, ces aides ne sont pourtant que de la poudre aux yeux. Je ne reviendrai pas sur les chiffres nationaux que vous devez très certainement connaître, je m’intéresserai donc à ceux du Cantal. Le calcul est très simple : pour aider les éleveurs de notre département à sortir de la crise, l’Etat leur offre 200 € à chacun ! Vous serez certainement d’accord avec moi pour dire que ce chiffre est totalement ridicule, c’est une insulte pour ceux qui travaillent dur. Certes, d’autres mesures ont été proposées pour aider les agriculteurs à faire face à leur besoin de trésorerie actuel… Cependant, elles ne constituent pas des solutions acceptables sur le long terme et ne permettent finalement que de repousser le problème au lendemain. La crise agricole que traverse aujourd’hui la France est d’envergure européenne. Nous faisons partie de l’Union européenne et, à ce titre, nous acceptons le libéralisme européen et la concurrence qui va avec. Cependant, les normes franco-françaises sont parmi les plus strictes, elles vont au-delà de celles imposées par l’Europe et au-delà de celles appliquées par nos voisins européens. Ces différences induisent des distorsions de concurrence qui mettent en danger l’agriculture française. « Des prix, pas des primes », voilà ce que notre syndicat demande depuis des années. Aujourd’hui nous ne voulons plus de vos primes ou de vos aides financières qui ne font qu’opposer les consommateurs aux agriculteurs. Nous voulons que nos produits soient payés au juste prix ! Pour parvenir à retrouver un équilibre, il est indispensable de mettre en place des mesures structurelles et durables. Réformer la Politique Agricole Commune (PAC) … Pour redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard, la France doit obtenir de ses partenaires européens une réforme profonde de la PAC, avec une régulation des marchés et une production tournée vers nos besoins plutôt que soumise aux errements du marché mondial. Pour que la sécurité alimentaire des Européens soit garantie, il faut préserver notre potentiel agricole avec des revenus décents pour les agriculteurs grâce à des prix supérieurs aux coûts de production. Assurer une régulation des marchés L'Union européenne doit mettre en place une régulation des marchés et donner aux producteurs la possibilité de gérer leur production dans ce cadre régulé. Notre syndicat réclame ce modèle depuis des années. Les technocrates de Bruxelles doivent entendre les éleveurs français et permettre la création de structures européennes, nationales et régionales pour encadrer la production et sortir de la course aux prix bas qui ruine notre agriculture familiale. Harmoniser les normes à l’échelle européenne Pour pouvoir être compétitifs, les agriculteurs français doivent pouvoir travailler à armes égales avec les autres pays européens. Il faut en finir avec les normes franco-françaises qui sont les plus dures d'Europe alors que parallèlement nos voisins se contentent de suivre les réglementations européennes… Défendre l’agriculture européenne au niveau international Manger est vital pour l’humanité : l’alimentation ne peut pas être traitée comme l’industrie. La crise alimentaire mondiale de 2007 a mis au jour le grand danger pour les États d’avoir perdu leur souveraineté alimentaire et d’être tributaire du marché mondial pour nourrir la population. Pour permettre à l’agriculture de redevenir un pilier du développement, la seule issue réaliste est de créer « l’exception agriculturelle » que réclame notre syndicat à l’OMC. Protéger l’agriculture européenne des autres agricultures mondiales doit également se traduire par : -La préférence communautaire, avec la mise en place de droits de douane variables aux frontières de l’UE, qui protègent les agriculteurs européens contre les importations qui font s’effondrer les prix intérieurs ; -Il faut refuser les importations dont les normes de production ne correspondent pas aux normes européennes. Promouvoir la liberté d’entreprendre -Revenir sur l’obligation de contractualisation – antinomique du contrat qui suppose la liberté de consentement - qui impose des relations très déséquilibrées entre producteurs et transformateurs ; -Permettre le retournement des prairies pour satisfaire les besoins alimentaires des troupeaux en fonction des stocks et des conditions climatiques. En France, nous sommes perpétuellement déficitaires en protéines. Ainsi, les éleveurs doivent pouvoir en produire mais également augmenter leur production de céréales afin de sécuriser les coûts alimentaires ; -Autoriser la vente directe des céréales entre producteurs et éleveurs sans passer par un organisme stockeur. Objectif : faire baisser les coûts alimentaires en évitant les intermédiaires. Cette liste de propositions n’est pas exhaustive. Aussi, nous nous tenons à votre disposition pour vous faire part de l’ensemble de nos propositions et nous serions ravis de vous rencontrer. Nos propositions méritent d’être écoutées et défendues. Elles méritent d’être portées jusqu’au Sénat et jusqu’à l’Assemblée Nationale. Aussi, nous vous sollicitons pour que, en tant que représentants, vous puissiez porter la parole de vos électeurs jusque dans ces institutions. Aujourd’hui 14 septembre 2015, des éleveurs d’auvergne ne peuvent accepter le nouveaux coup dur pour l’élevage à cause de la « FCO », il est inimaginable que les éleveurs ne puissent pas commercialiser leurs animaux et permettre un concours national à ST Flour le weekend prochain et le Sommet de l’élevage à Cournon début octobre. Pourquoi un périmètre de 150 km ? Pourquoi pas 50 ou 1000 km ? Nous ne sommes pas contre les salons à condition que les éleveurs puissent vendre leurs animaux. Certain de votre attention et dans l'attente d'une réponse, je vous prie d'agréer l'expression de ma haute considération. Baptiste Servans, président du SMSA CR 15

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