Depuis septembre dernier, la France connaît une multiplication des cas de MHE (maladie hémorragique épizootique) sur le cheptel bovins, contraignant plusieurs communes du Cantal à intégrer depuis le 9 octobre la zone régulée. Si cette maladie n’a aucun impact sur la qualité de la viande, elle engendre des frais sanitaires pour l’exportation des animaux.
Outrés par le manque d’anticipation des conséquences de cette maladie sur le territoire alors qu’elle est présente dans un pays limitrophe depuis plus d’un an, les élus de la CR15 ont souhaité rencontrer le 29 novembre, le préfet du Cantal pour échanger avec lui sur les difficultés économiques et, sanitaires que rencontrent les éleveurs.
Pour Sylvie BONNET, vice-présidente de la CR15, la coupe est pleine : « Depuis l’apparition de cette maladie, en plus de la baisse des cours des bovins, nous devons faire face à un protocole très musclé, pour exporter un animal cela nécessite 4 feuilles complètes! Depuis une zone régulée, il faut réaliser une désinsectisation 14 jours avant l’export ainsi qu’une analyse PCR à notre charge
(d’environ 20 euros par animal) et qui doit être négative. Et je n’évoque pas les risques que l’on prend à manipuler en permanence nos animaux ! »
C’est pourquoi, la CR15 demande a minima une simplification du protocole administratif et la mise en place d’un dispositif allégé pour exporter les broutards vers les pays du Maghreb car ceci étant abattus dans un délai très court. Comme le constate M. BOS, administrateur à la CR15 : « Il y a plus de contraintes sanitaires pour exporter nos animaux que certains pays en ont pour exporter leur viande dans des pays comme la France ». Il est aussi nécessaire de trouver des produits de désinsectisation qui stoppent l’activité vectorielle tout l’hiver. En parallèle, la CR15 demande l’ouverture d’un dispositif d’indemnisation des frais vétérinaires sur la base des factures (ou d’un forfait par animal à établir sur un échantillonnage), la prise en charge des PCR (détection même au-delà de 5) incluant les frais de prélèvement.
Pour le préfet du Cantal, il ne faut pas s’attendre à ce que l’État intervienne à tous les niveaux. Mais comme l’évoque la vice-présidente de la CR15 : « Aujourd’hui, les protocoles d’exportation incluant les maladies MHE et FCO pour 15 broutards vont me coûter le prix de vente du seizième ! Des frais que je ne peux pas répercuter sur mon prix de vente. Un artisan ou un entrepreneur n’absorberait pas une telle perte ! »
La CR15 se demande si aujourd’hui les agriculteurs n’auraient pas intérêt à emmener directement leur seizième broutard, à la Direction des Services Vétérinaires ( DSV) pour payer les frais. La maladie est encore très présente en France et l’évaluation des impacts sanitaires est loin d’être achevée. Même si aucun cas positif n’est reconnu dans le Cantal, beaucoup de questions subsistent autour de cette maladie : qu’en est-il de la recontamination, de l’impact sur la reproduction ?
La Coordination Rurale du Cantal reste en alerte quant à ces nouvelles charges économiques et mentales causées par la maladie et qui constitueront le véritable défi des éleveurs dans un avenir proche.