Fin septembre, la Présidente de la Coordination Rurale du Rhône Françoise BOYER a rencontré le député Thomas GASSILLOUD afin de lui faire part de son mécontentement vis-à-vis du plan pollinisateurs.

En introduction, la Présidente de la CR69 rappelle quelques chiffres. En 2015, dans 39 % des cas, les abeilles mouraient de maladie : varroa, maladie noire, loque américaine ou européenne, nosémose, virus des ailes déformées, mycoses, virus de la cellule royale noire... La liste est longue mais le varroa en particulier (21 % des cas de mortalité à lui seul !) affaiblit le système immunitaire de l’abeille et la rend sensible aux virus. Dans 14 % des cas, ce sont les apiculteurs eux-mêmes qui font mourir leurs abeilles par des mauvaises pratiques : mauvaise préparation à l’hivernage, couvain refroidi, et surtout, fait peu connu et peu médiatisé, traitements non conformes effectués sur les ruches (utilisation de produits « maison » contre le varroa, substances acaricides ou insecticides non destinées à l’abeille mais retrouvées après analyse). Dans 11 % des cas, les abeilles sont mortes de faim, les ressources florales autour de la ruche étant insuffisantes.Enfin, les intoxications par des produits phytopharmaceutiques ne concernent « que » 6 % des cas de mortalité. Si l’on peut les déplorer, il faut bien admettre que nous sommes très loin du cliché ressassé à la télévision, reportage après reportage, de l’abeille qui meurt uniquement des « pesticides ».

Les exigences de l’arrêté vont obliger les firmes à faire ré-homologuer la totalité de leurs produits (y compris les substances de biocontrôle) pour la totalité des utilisations potentielles. Au regard des coûts que cela représente, il est fort probable que les demandes de ré-homologation des produits phytosanitaires peu utilisés ne soient pas déposées. De fait, les filières utilisant des PPP pour des usages dits « mineurs » seront privées de toute solution et perdront des moyens de protection. Au final, la mise en œuvre de l’article 2 de l’arrêté entraînera mécaniquement une diminution des substances disponibles entraînant elle-même des impasses techniques. Les conséquences seront multiples : la prolifération de ravageurs, des baisses de production causant des baisses de revenu pour les agriculteurs. Par ailleurs, madame BOYER rappelle que l’arrêté « abeilles » limite drastiquement les heures auxquelles les agriculteurs pourront soigner les cultures attractives durant la floraison, (seulement 5 heures par jour, dont 3 heures de nuit). Ces plages horaires ne correspondent pas à la conduite des exploitations et aux zones de production situées en coteaux (risque d’accident). Les questions de sécurité relatives au travail de nuit n’ont pas été étudiées ni même appréhendées, alors que le travail de nuit est considéré comme un facteur de risque professionnel depuis 2015. Enfin, cette restriction en matière d’horaires de traitement obligera les professionnels à prendre plusieurs mesures, notamment vis-à-vis de leurs salariés et en matière d’équipements (références). Cela engendra des coûts supplémentaires (achat de matériels, coût du travail de nuit...).

La Présidente de la CR69 demande à M. GASSILLOUD à ce qu’une étude d’impact économique et technique soit menée auprès de professionnels volontaires, y compris en maraîchage, arboriculture, grandes cultures et horticulture ornementale, et ce pendant une période de trois années. Elle demande également à ce que les résultats de cette étude soient diffusés avant toute nouvelle discussion sur l’arrêté « abeilles ».

La Coordination Rurale du Rhône remercie le député pour son écoute et espère pouvoir renouveler ces rencontres aussi souvent que l'actualité agricole l'exige.  

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