Pas moins de 250 personnes travaillent à produire à Pons-Avy, des champignons de Paris. Seule unité du genre en Poitou Charentes, maintenant.

 

A qui croit que cela pousse tout seul, un passage dans les hangars des établissements Renaud à Pons, battra en brèche la simplicité : le champignon de Paris demande toute l’attention requise pour arriver à maturité.

Le «process» paraît si linéaire : le champignon de Paris pousse sur des substrats, préparés à base de fumier de cheval, de paille de blés, composites. C’est la phase 1 «fermentation» à 80°C. . Phase 2, pasteurisation, puis lardage soit un ensemencement, de «blanc de champignon», graines de seigle enrobées de mycélium dans les substrats. Phase 3 incubation : on ajoute une bonne couche, 5-6 cm de tourbe, humide, avec des fibres et grasse, venant de Belgique, c’est le «gobetage.» Et on «laisse pousser» dans les hangars chauffés. Un long processus de 9 semaines avant de passer à la récolte à la main des champignons, de les calibrer, de les mettre en barquette ou en cagettes, d’expédier le tout dans le quart Sud-Ouest de la France. Chez les Renaud, Jean-François, le père, Jonathan et David, les fils, c’est la longue poursuite des champignonnières d’antan, du temps du créateur de l’entreprise, Jean, dans les années 70. Aujourd’hui, culture hors sol, ces champignonnières piègent tous risques de maladies, tant «sont fragiles» les champignons de Paris. A l’abri de la lumière, la rotation des tables de substrats est un savant calcul, tout au long de l’année. 250 personnes travaillent dans la proche campagne de Pons, sous des hangars pour travailler le mélange paille-fumier, l’ensemencer, le recouvrir de terreau, puis les ranger en «attendant» qu’émergent les petits chapeaux blancs. Rien n’est donc spontané. David Renaud fait le guide : «nous faisons le substrat 365 jours, en deux huit… Pas d’incidence de la météo ou presque. L’entreprise marche sur des cycles.» Dans les immenses hangars, le balai des chariots élévateurs et des camions est réglé, timing serré. «Nous réalisons à près 5 000 m2 de cultures par semaine.» Mis en place dans les années 90, ce process de production de l’incubation à la cueillette répond à une recherche permanente de la qualité des champignons cultivés : «l’hygiène est un souci premier. Surtout que la concurrence des pays de l’Est et des Pays-Bas est sérieuse» ajoute Jean-François Renaud. Selon David Renaud, entre aire de gobetage et salles d’incubation (5 salles par semaine), «le cycle de production des champignons a un coût élevé entre investissements, matières premières, main d’œuvre et transports.»


A la recherche de bottes de paille…
Dans le process que l’entreprise agricole Renaud met en œuvre pour réaliser et faire pousser les champignons, il faut de la paille. «Nous nous fournissons en paille de blés dans les 50 kms aux alentours. Mais certaines années ce n’est pas facile. Même si nous avons nos agriculteurs fournisseurs.» Les quantités sont importantes et viennent parfois en concurrence avec  les difficultés climatiques ou des éleveurs. Transportés par les camions de la société ou par des transporteurs, les balles de paille sont stockées à l’arrière des hangars de production de Renaud Champignons. Chargées par télescopiques et mis  dans la mélangeuse, elles viennent ainsi servir de base et de support à la culture. «Nous sommes souvent à la recherche de paille» concède David, «nous prenons ce que nous trouvons dans la saison de paille, petites et grandes parcelles. Nous faisons notre stock à ce moment-là, pour l’année.» Avec un rythme de 400 bottes (500 kg) de paille par semaine, il faut produire quelque 950 t de substrat par semaine, 1050 containers par semaine de 5,6 m2. Chiffres que précise Jonathan Renaud, maître de cette partie en amont de la culture : «la paille n’est pas facile à obtenir : nous prenons pas mal de surface et le coût du trajet est primordial dans notre coût de production. Mieux vaut de grandes parcelles.» Cette partie, ainsi détaillée, existe sur le site d’Avy-Pons depuis 6 ans. «Notre process est unique. Nous voulons quelque chose d’homogène toute l’année» ajoute Jonathan, «notre outil permet cela, protégé de la pluie.» Les autres champignonnistes choisissent des fournisseurs des Pays-Bas. «Cela nous permet aussi d’ajuster nos quantités produites en fonction de nos sorties en bout de chaîne.» Le fumier de cheval est aussi local, français. D’où le petit drapeau français sur la cagette vendue.

…Prêt à vendre du compost
A l’autre bout de la chaîne, lorsque les champignons ont été produits, reste le support, mélange de tourbe et de substrat. On aseptise le tout, et on produit du compost que Renaud Champignons a décidé de commercialiser comme amendement. C’est la nouvelle offre de compost de Renaud Champignons pour les viticulteurs notamment. En septembre dernier, l’entreprise fait réaliser une analyse par un laboratoire de la qualité de ses composts. On y trouve ainsi du phosphore, du calcium, du magnésium et du potassium, mais aussi des azotes (ammoniacal, nitrique et uréique)  sous différentes formes et surtout un ph à 8,1. (lire l’analyse sur notre site) De la grande remorque au camion benne, ce compost peut donc intéresser nombre d’agriculteurs de la région. Chez Renaud Champignons on se dit prêt à étudier les propositions d’achat de ce compost et leur livraison. «Nous avons la moitié de nos fournisseurs de paille avec qui nous échangeons et épandons notre compost, via des EDT.» souligne Jean-François Renaud.

 

 

Source : l'agriculteur charentais

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