La Coordination Rurale de l’Allier a organisé son assemblée générale, le 24 février dernier, au cœur d’un territoire d’élevage, en Montagne Bourbonnaise, sur la commune de Nizerolles. Ce moment convivial d’échanges entre adhérents fut également l’occasion de faire un point sur la situation agricole du département.

Après quelques semaines bousculées par le COVID, François WALRAET, président de la CR03 a exprimé sa joie de revoir l’ensemble des adhérents et agriculteurs présents. Occasion pour lui d’aborder cette assemblée en évoquant les derniers  chiffres du recensement agricole qui traduisent la sévère crise que connaît l’agriculture depuis plusieurs années : 

« Le dernier recensement agricole (2020), même s'il a parfois tendance à répéter quelques évidences, nous éclaire cependant sur plusieurs points fondamentaux au niveau de notre département. Un seul chiffre résume à lui tout seul ce constat : en 40 ans, 75% des agriculteurs et des fermes ont disparu. 3 agriculteurs sur 4 n'ont pas été remplacés. Nous ne sommes plus que 4356 aujourd'hui dans l'Allier. L’agriculture vit ce que l’industrie a vécu il y a 50 ans. Notre secteur connaît le plan social le plus dur qu'a connu la France ! Les seules branches ou les seules professions qui ont subi des plans sociaux de cette ampleur sont les mineurs, les constructeurs de lampes à pétrole, les gardiens de phare, les demoiselles du téléphone, allumeurs de réverbère, rémouleurs et autres poinçonneurs du métro. Autant dire des métiers qui ont disparu aujourd'hui. Et c'est l'avenir promis à nos agriculteurs. »

Face à ces illustrations très poignantes et ce triste constat, il n’y a pas de fatalité. F. WALRAET a appelé les adhérents à poursuivre ensemble le combat. Un combat pour réveiller la société civile sur la réalité de ce monde et un combat pour orienter l’État vers une politique qui redonnera enfin au métier d’agriculteur ses lettres de noblesse à travers la mise à disposition de moyens techniques pour produire, pour se protéger face aux aléas divers et pour être à nouveau compétitif au niveau mondial.

 

PRÉSENTATION DE SYMBIOSE

 

Suite à la présentation des différents rapports, M. Jean Jacques Miyx, administrateur à l’association Symbiose Allier, dont la CR03 est un des 11 membres fondateurs, a souhaité présenter cette entité méconnue de la ruralité.

Créée en 2015, cette association agit dans le domaine de l’environnement et de l’agriculture en portant la voix de la ruralité face aux questions que se pose la société civile. Reconnue par l’administration en décembre 2020, elle tend à développer des projets collectifs en impliquant les acteurs locaux du territoire,agriculteurs, forestiers, chasseurs, coopératives, négociants agricoles, chercheurs ou encore le grand public. Cette diversité de partenaires permet ainsi de confronter les attentes et besoins de chacun et ainsi d’établir des projets cohérents et durables à l’échelle du territoire.

 

LA CONTRACTUALISATION OBLIGATOIRE

 

Enfin, Benoit DENIS, coordinateur du pôle élevage à la CRUN a présenté la loi Egalim-2 et la contractualisation obligatoire.  Faisant grand bruit dans le Massif Central, cette loi franco-française inquiète depuis son annonce de nombreux éleveurs de la région qui produisent en majorité du maigre destiné à l’export.

Pour rappel, les contrats rédigés par les producteurs doivent s’établir :

  •  pour une durée minimum de 3 ans,
  • avec le premier acheteur,
  • en définissant une formule de prix qui tienne compte notamment d’un indicateur portant sur les coûts de production agricoles, un volume total de produits vendus, et une qualité donnée.

 

Toutefois, la contractualisation écrite obligatoire ne s’applique pas: (CRPM L631.24) :

  • À la vente directe aux consommateurs
  • Aux dons aux associations caritatives
  • Aux ventes sur les marchés (MIN et autres marchés physiques de gros)

 

Par ailleurs, le décret 2021-1801 du 24 décembre 2021 a exclu de l’obligation contractuelle les entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à:

  • 10 000€ pour les producteurs pour le produit concerné en filière bovine et porcine
  • 100 000€ pour l’acheteur en production bovine
  • 780 000€ pour l’acheteur en production porcine et 700 000€ pour l’acheteur de lait cru (vache, chèvre et brebis)

Si les responsables de la CR entendent bien le discours des défenseurs de la loi, qui font de l’obligation contractuelle la pierre angulaire de sa réussite, elle demande que la contractualisation ne s’applique qu’à hauteur de 70 % de la production de chaque élevage permettant ainsi une meilleure prise en compte des spécificités de certains marchés.

La mise en place de cette mesure permettrait aux éleveurs de mieux adapter leur production sur certains segments de marché (vente d’animaux maigres ou d’animaux de boucherie ou encore reproducteurs par exemple) si la totalité de leurs ventes n’est pas engagée. De même, ils pourront orienter vers les marchés aux bestiaux des animaux ne correspondant pas aux attentes de leurs acheteurs habituels, sans avoir à dénoncer leur contrat, ce qui permettra le maintien indispensable d’une souplesse de marché.

Pour la Coordination Rurale, il semble que le temps soit déjà venu pour le législateur de réviser cette loi certainement trop idéaliste et franco-française. Si le gouvernement souhaite réellement qu’elle s’applique et soit en mesure d’améliorer la situation des producteurs, il est indéniable qu’elle nécessite des aménagements pour y apporter plus de souplesse.

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