Monsieur de Rugy,

C’est avec plaisir que nous avons pris connaissance de votre volonté de définir au sein de votre parti un programme en matière d’écologie qui se fonde sur la science, le progrès technologique et le progrès économique.

La Coordination Rurale, en tant que deuxième syndicat agricole français, ne peut qu’approuver cette vision. En effet, les agriculteurs que nous défendons sont par essence des professionnels de l’écologie. En constante interaction avec l’environnement, ils travaillent avec la nature dont ils dépendent pour produire une alimentation saine, sûre et durable. Mais comme vous le savez, les agriculteurs sont également confrontés à des réalités techniques, et notamment à la suppression d’outils de protection des plantes, et bien sûr à des réalités économiques, puisqu’ils subissent les conséquences désastreuses d’un marché mondial sauvage et dérégulé.

Nous partageons également votre souhait de sortir du prêt-à-penser écologiste qui s’apparente à une décroissance qui ne dit pas son nom. Au contraire, vous prônez un développement économique à la fois pour répondre aux besoins d’une population mondiale toujours plus nombreuse, mais aussi pour financer les innovations techniques qui permettront d’aller vers plus d’écologie.

Vous indiquez qu’il convient de travailler prioritairement sur les causes du changement climatique mais également sur l’adaptation au changement climatique, car on peut constater dès à présent ses effets, dont les agriculteurs sont les premières victimes. Aussi, vous indiquez que la question de l’eau est fondamentale et qu’on ne peut pas se contenter de regarder les plantes se dessécher en été ! Nous partageons cet avis !

À ce titre, et comme le défend le ministre de l’Agriculture, la Coordination Rurale défend la possibilité de stocker une partie de l’eau qui tombe en abondance l’hiver pour l’utiliser l’été. Afin de reconnecter l’écologie avec la science, et de sortir des débats de postures, ces choix doivent être débattus. C’est ce qui avait été fait pour le projet du lac de Caussade.

En effet, comme vous le savez, après vingt années d’échanges avec l’administration, l’arrêté du 29 juin 2018 avait autorisé la construction du lac de Caussade. Irréprochable tant sur le fond que sur la forme, le projet pouvait enfin voir le jour. Mais quelle ne fut pas notre surprise de voir votre signature en tant que ministre apposée sur un courrier demandant à la Préfète du Lot-et-Garonne de revenir sur son autorisation.

Après la présentation de votre vision de l’écologie, pourriez-vous nous dire quelle serait votre décision aujourd’hui concernant le lac de Caussade qui, nous le rappelons, a servi cet été à épargner une nouvelle sécheresse aux agriculteurs alentours, et qui cet hiver a joué un rôle de tampon dans les inondations qu’a connues le Lot-et-Garonne ? Nous attendons une réponse de votre part et espérons qu’elle sera en cohérence avec vos convictions. Dans cette hypothèse, nous vous inviterons à rejoindre les soutiens à la régularisation administrative de ce lac utile à tous.

Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de ma haute considération.

Bernard Lannes

Président de la Coordination Rurale

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