Pour la CR, la réforme de l’Organisation Commune des Marchés (OCM) vitivinicoles que propose Mariann Fisher Boel se résume en un acte de foi inébranlable dans le libéralisme. Hélas ! A trop vouloir libéraliser la viticulture européenne pour lui redonner de la compétitivité, elle va finir par la faire disparaître.

Le projet de Mme Fisher Boel d’arracher 400 000 ha de vignes est plus que surprenant, si l’on considère que l’important est de redonner de la compétitivité au secteur viticole. Mme Fisher Boel a demandé aux acteurs viticoles d’être ambitieux et imaginatifs. Il semble à la CR qu’elle ait oublié d’appliquer ces recommandations à son propre projet. En, effet, il paraîtrait plus judicieux de fournir les armes nécessaires à nos structures existantes pour aller se battre à l’export. Diminuer leur poids sur les marchés extérieurs ne permettra jamais à nos entreprises viticoles de sortir de la crise où elles se trouvent.

Supprimer la distillation des prestations viniques et la distillation de crise* est une aberration. L’intérêt des prestations viniques pour une viticulture de qualité est primordial. Le recours à la distillation de crise doit pouvoir être possible, dans un esprit de régulation exceptionnelle : la viticulture, tout comme l’agriculture, ne peut être comparée à une chaîne industrielle. Soumise aux éléments naturels, elle connaît des années à faible production et d’autres à production conséquente.

De plus, la possible option de libéraliser les plantations reviendrait à planter des vignes dans des régions peu qualitatives, et à y produire des vins industriels. Or, la renommée de la viticulture européenne est basée sur les notions de qualité et de terroir. L’ultra libéralisation proposée par la Commissaire européenne, en totale contradiction de la notion d’ « Organisation Commune des Marchés », ne pourra qu’amener à une viticulture industrielle et donc sans aucun atout commercial face à des concurrents toujours plus compétitifs. La CR s’y oppose fermement.

Cette réforme, basée sur un constat pour le moins erroné (le facteur structurel des excédents viticoles est largement surestimé), donne des réponses en partie inadaptées, et l’ultra libéralisation du secteur viticole paraît à la Coordination Rurale une solution peu satisfaisante.

Il est donc nécessaire de trouver un juste milieu entre le projet de réforme de Mariann Fischer Boel et l’OCM actuelle, qui a un besoin urgent de rénovation.

* La distillation des prestations viniques prévoit l’obligation pour les producteurs de livrer à une distillerie agréée la totalité des sous-produits de la vinification (marcs et lies). La distillation de crise est prévue pour faire face aux cas exceptionnels de perturbation du marché et aux problèmes graves de qualité. Source : Office National Interprofessionnel des Vins

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