Après l’échec cuisant de l’agriculture raisonnée, propulsée par le syndicat dit « majoritaire » et par ses satellites, après les EGA qui ont fait de la « montée en gamme » et de la « transition écologique » les leitmotiv de la politique agricole française, le ministère de l’Agriculture souhaite remettre à l’honneur la certification Haute valeur environnementale (HVE) - une version retravaillée de l’agriculture raisonnée.

La HVE est une certification officielle qui vient s’ajouter à la multiplicité des mentions et labels privés. Elle représente un risque de mise sous tutelle des agriculteurs. Elle profite notamment à certaines coopératives, organismes certificateurs et structures de conseil par la vente de prestations supplémentaires. Pour l’agriculteur, ce sont de nouvelles contraintes sans qu’aucune plus-value de prix ne soit garantie.

Quelle exigence pour la HVE ?

Si, comme le souhaitent le gouvernement et certaines organisations économiques, la HVE se développe, elle deviendra alors une norme minimale. De ce fait, les petites structures n’ayant pas les moyens de financer cette certification et d’en supporter les contraintes, tout comme les agriculteurs souhaitant garder leur indépendance, se verront évincés du marché1 ou n’auront plus accès à certaines aides PAC (ex. conditionnalité).

La CR revendique depuis toujours la juste reconnaissance de la conscience professionnelle et de la compétence des agriculteurs dont le métier est de nourrir les autres. Il est fondamental pour la sécurité des consommateurs et la gestion de l’environnement de reconnaître ces valeurs qui marquent leur travail au quotidien face à la panoplie de certifications qui les instrumentalisent, à l’opposé de l’agriculture raisonnable exercée librement par les paysans depuis des millénaires.

Les agriculteurs n'ont pas besoin de ces artifices coûteux et fastidieux pour accomplir correctement leur tâche de producteur et bien nourrir leurs concitoyens. S’il manque aujourd’hui un élément au consommateur pour qu’il effectue ses choix, ce n’est pas une certification HVE mais une traçabilité parfaite l’informant clairement de l’origine et de la composition de ce qu’il achète.

De surcroît, ériger la HVE en mention valorisante de l’agroécologie est une erreur. La rigidité et la standardisation des démarches de certification constituent le principe inverse de l’agroécologie, concept large incarné par l’observation et l’expérimentation menées par tout agriculteur responsable.

Un exemple pratique montre bien ce paradoxe : un agriculteur satisfait en année N aux critères de l’option B de HVE niveau 3, notamment le poids des intrants < 30 % du chiffre d’affaires. L’année suivante, il utilise une quantité moindre d’intrants, mais leur prix a augmenté, ou sa récolte a diminué pour cause climatique ou il est soumis à une baisse de ses prix de vente, voire les trois simultanés. Résultat : il se trouve dépasser le ratio et il est disqualifié de la certification.

Retrouvez les interrogations et propositions de la CR concernant la HVE en cliquant ici.

1 Dans le projet de décret portant sur l’approvisionnement de la restauration collective en produits locaux et de qualité qui doit atteindre le 50 % en valeur des approvisionnements dont 20 % AB, les produits issus d’exploitations HVE rentrent dans la liste des signes et mentions éligibles à ce quota. Cela ne concerne que les exploitations HVE certifiées au niveau 3. Une dérogation allant jusqu'au 31/12/2029 permet d'inclure les exploitation HVE niveau 2. Retrouvez les propositions de la CR sur la restauration collective en cliquant ici.

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