La Coordination Rurale a adressé un courrier à Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture au sujet de la mise en place d’une distillation de crise. Fin décembre, la filière viticole était déjà dans une situation de récession pour de nombreux débouchés, que ce soit sur le marché français, sur les rouges en AOP en particulier, ou encore à l’export avec les taxes Trump, le Brexit et les concurrences en Chine. Seuls les vins bio n’étaient pas concernés.

Depuis la mise en place du confinement, outre la fermeture des restaurants et la difficulté de se déplacer pour les achats à la propriété, il ne faut pas négliger le fait que le confinement supprime la majeure partie des consommations occasionnelles de fin de semaine, que ce soit en famille ou entre amis. Ce sont donc certainement les caves particulières engagées dans la vente en bouteilles qui vont subir les plus fortes baisses. Et ce, malgré une augmentation chez les consommateurs réguliers qui ne conduisent plus ou sont confinés à la maison.

Quelles que soient les mesures de soutien apportées par les pouvoirs publics, on peut s’attendre à une baisse globale du pouvoir d’achat qui pèsera lourd sur la consommation de vin. La baisse attendue du tourisme cet été et le maintien de la fermeture des frontières dans de nombreux pays pèseront aussi sur l’export.

Même si le déconfinement s’accompagne enfin de la présence massive des outils de dépistage et de traitement en plus des masques, il n’est pas sûr qu’une reprise de la pandémie soit impossible. Et de toute façon, les personnes considérées à risque (âge, diabète, surpoids etc…) limiteront leurs déplacements. Il est également difficile de prévoir un retour à un niveau économique satisfaisant, le seul élément favorable étant pour l’instant le prix du pétrole.

D’autres productions de services ou de biens qui perdent toute recette pendant le confinement, retrouveront à la sortie du confinement des niveaux de prix sinon une quantité de débouchés quasi équivalents, comme d’ailleurs, certaines productions agricoles périssables. Contrairement à celles-ci, le vin étant par essence non périssable et stockable, la perte de ventes du confinement pèsera sur les trésoreries mais pas sur le résultat fiscal à cause de la montée des stocks. Cependant, ces stocks pèseront sur les cours indéfiniment et continueront de grossir étant donné qu’il n’y a pas une élasticité de la consommation par rapport au prix.

La Coordination Rurale prend acte du plan de soutien et de votre demande de distillation de crise auprès de la commission européenne et demande qu’elle se mette en place le plus tôt possible afin que le besoin de place pour les vendanges n’entraîne pas de déstockages pesant sur les prix. Cela permettra également que les distilleries puissent planifier sa réalisation.

De plus, la Coordination Rurale demande que le prix soit raisonnable afin que toutes les catégories de vins puissent y accéder. Le volume total doit être de dix millions d’hectolitres et il appartient aux comités de bassins et au conseil spécialisé de fixer les modalités de répartition entre les régions.

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