Les interrogations à propos d'une reprise éventuelle du groupe Doux s'enchaînent dans les médias, renforcées par les annonces de Philippe Mangin, président de Coop de France : Quelles coopératives pourraient racheter le groupe ? Combien de temps laisser aux éventuels acquéreurs qui souhaitent déposer une offre ? Des questions qui oublient cependant le sujet essentiel : comment les éleveurs engagés vont-ils pouvoir se sortir de ce mauvais pas ?

Une impression de déjà vu

Pour faire face au naufrage de Doux, le ministère travaille activement... avec pour interlocuteurs uniques : Coop de France et la FNSEA. La CR déplore que le ministère n'ait pas pris le soin de consulter l'intégralité des syndicats à ce sujet. Elle regrette que Stéphane Le Foll, qui avait défendu fermement le pluralisme syndical, retombe si vite dans les travers de la cogestion.

Les coopératives et la FNSEA peuvent se frotter les mains. Pour asseoir un peu plus sa mainmise sur le milieu agricole, le groupe Sofiprotéol (présidé par Xavier Beulin, également, président de la FNSEA), par l'intermédiaire de Glon, étudie la possibilité de reprendre le groupe volailler.
Philippe Mangin ne dément pas que Coop de France discute avec le président de la FNSEA et Glon pour que, dit-il, « la meilleure solution soit trouvée ». Reste à savoir à qui bénéficiera cette « meilleure solution ». Les éleveurs semblent être les grands oubliés dans cette affaire.

Défendre le statut des éleveurs intégrés

Tous les éleveurs ne sont d'ailleurs pas logés à la même enseigne dans ce drame économique. En effet, les éleveurs intégrés sont sous la menace de se voir réclamer le paiement des approvisionnements qu'ils ont reçus pour continuer à mettre en place des lots (poussins, aliment, etc.).
Pour rappel, cela leur a été présenté comme un geste de solidarité, pour ne pas enfoncer le groupe un peu plus. Les éleveurs ne peuvent pas continuer à s'enfoncer dans la dette, tout en n'ayant aucune garantie du paiement de leurs créances grandissantes. Pour ceux qui ne travaillaient qu'en contrat de livraison des volailles à Doux, il leur « suffit » de cesser les mises place pour arrêter la spirale infernale. Etant en charge de gérer leurs approvisionnements, ils n'ont pas la même épée de Damoclès au-dessus de la tête. Cette triste affaire illustre hélas les grands dangers de l'intégration des producteurs. Les propositions portées par la CR afin d'améliorer le sort des éleveurs intégrés prennent ici tout leur sens :

  • Créer un statut social particulier pour l’éleveur intégré, pour le protéger si la situation de l’intégrateur se dégrade (notamment l’insaisissabilité d’office de la maison si elle ne peut être étendue à l'ensemble de l'exploitation agricole, et une superficie minimum de subsistance pour les agriculteurs en grande difficulté.)
  • Rendre l’intégrateur co-responsable des risques financiers qu’il fait courir à l’agriculteur.

Vous pouvez consulter également cet article : Doux : les conseils aux éleveurs concernés


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