Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, s’est déplacé en Bretagne vendredi 19 novembre dernier. Ce déplacement dans les Côtes d'Armor concernait l'arrêté de la castration à vif des porcelets.

En effet, à partir du 1er janvier 2022, la pratique sera interdite en France et remplacée par la castration sous anesthésie et analgésie au sein des élevages français. Le ministre a rencontré de nombreux élus et représentants des organisations professionnelles agricoles à la préfecture de Saint-Brieuc.

Lors de cette réunion la Coordination Rurale a interrogé le ministre sur les options d’aides disponibles au niveau national pour aider les producteurs de porcs. Nous avons attesté que les producteurs de porcs sont en difficulté économique due à la persistance de la crise de la COVID-19 avec, plus particulièrement, une augmentation forte du prix des matières premières. Par ailleurs, les études démontrent que la hausse des matières premières va se poursuivre en 2022. Beaucoup d'autres productions ont bénéficié d’aides, pourquoi pas la production porcine ? Nous ne comprenons pas que cette option n'ai pas été encore appliquée à notre filière.

Nous avons demandé que la cellule de crise, qui peut être activée par les préfets, le soit sans tarder afin que puisse être mis en place les dispositifs de crise tels que : l'allégement des cotisations sociales, l'exonération de TFNB (taxe sur le foncier non bâti) et, en fonction de l'ampleur de la crise, le déblocage d'une enveloppe complémentaire de prise en charge de cotisation MSA dédiée aux producteurs de porcs.

Nous avons aussi demandé ce qui allait se passer si les abatteurs et intermédiaires refusent de signer des contrats prenant en compte le coût de production des éleveurs.

À chaque question, revendication, ou inquiétude exprimée, le ministre a répondu par la loi EGalim 2 qui, selon lui, permet de repenser complètement la façon de construire les prix agricoles, en partant du coût de production dans la construction des prix alimentaires.

Les difficultés des producteurs de lait et de volailles ont également été soulignées lors de cette réunion.

Si le président des Jeunes Agriculteurs des Côtes d’Armor a déclaré à la presse que le ministre « nous défend bien » ; la Coordination Rurale de Bretagne n’est, quant à elle, pas naïve. Nous déplorons que le gouvernement se décharge complètement sur les interprofessions agricoles plutôt que de prendre ses responsabilités. Le résultat est prévisible : chaque possibilité de dérogation va être saisie par la quasi-totalité des interprofessions afin que leurs secteurs respectifs soient exonérés de cette loi par les décrets d’application.

Il en est de même pour l’obligation de transparence sur la part du prix des produits correspondant à la matière première agricole achetée aux agriculteurs. Une obligation à laquelle se dérogeront les interprofessions par une exemption par décret, ou via la sortie du prix des matières premières des négociations entre fournisseurs et acheteurs. Aussi, cette opération qui ne bénéficiera en rien aux agriculteurs. Finalement, cette loi prévoit systématiquement la possibilité de déroger aux règles qu’elle instaure. Cela signifie que l’agriculteur n’aura jamais le poids nécessaire pour mettre en place un prix minimum rémunérateur.

En parallèle, l’hypothèse de voir des bornes décidées par les interprofessions est bien peu probable, les transformateurs et distributeurs membres de ces dernières ont déjà prouvé leur volonté de s’opposer à toute mesure rémunératrice pour les producteurs.

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