L’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) mène actuellement un lobbying afin d’obtenir la mise en place d’un dispositif exceptionnel de sauvetage de la filière féculière via une revalorisation substantielle des aides couplées destinées à la production de pommes de terre féculières à hauteur de 500 €/ha.

La Coordination Rurale a donc écrit au ministre pour lui demander de refuser cette demande et de faire la lumière sur les pratiques et la convergence d’intérêts de l’industrie féculière concernant cette demande.

 

Une demande inacceptable

Cette revendication suscite la vive opposition de la Coordination Rurale ; il n’est en effet pas envisageable que la PAC serve les intérêts de 2 industriels qui ne veulent pas payer leurs producteurs de pommes de terre, alors qu’ils vendent la fécule plus chère.
L’objet de l’aide couplée et de la PAC, n’est pas de permettre à des industriels d’augmenter leurs marges sur le dos des agriculteurs, mais vise à « accompagner les agriculteurs pour qu’ils augmentent leur production de pommes de terre féculières et a été calculée en vue de compenser la plus grande partie du différentiel de coûts de production avec la pomme de terre de consommation ».
S’agissant des prix payés pour la pomme de terre de consommation, les industriels des chips et des frites sont capables de mieux payer les agriculteurs, sans compter sur la PAC.
Sur la base du rendement moyen 2022, demander une revalorisation des aides couplées de 420 €/ha, revient donc à ne pas vouloir payer 11 €/t de plus au producteur alors même que les industriels en ont les moyens.
La matière première agricole doit être payée à sa juste valeur !

 

+ 9,2 millions d’euros pour les féculiers, mais au détriment de qui ?

Ensuite, demander une revalorisation substantielle de l’aide couplée destinée à la production de pommes de terre féculières revient, selon le principe des vases communicants, à diminuer d’autant les aides couplées à d’autres productions.

Cette aide couplée est bien prévue dans le Plan stratégique national (PSN) de la PAC 2023-2027, mais à hauteur d’un montant prévisionnel de 80 € pour une enveloppe de 1 856 400 €.
À surface équivalente à celle prévue dans le plan financier du PSN, la mise en place d’une telle aide revient à augmenter l’enveloppe annuelle de l’aide couplée de 9 193 600 €.

À notre connaissance, l’UNPT n’a pas précisé sur quelles autres aides couplées elle entend prélever les 9,2 millions d’euros nécessaires pour abonder cette revalorisation.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas envisageable que le financement des marges de l’industrie féculière se fasse sur le dos d’autres productions.

 

Un curieux mélange des genres

Les forces à l’œuvre derrière cette demande posent question à la CR, tant les situations personnelles de certains représentants se mélangent à des intérêts économiques théoriquement concurrents, avec pour centre de gravité une interprofession devenue tête de proue d’un lobbying économique au seul service de l’industrie.

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