L’Organisation des Producteurs de Lait (OPL) de la Coordination Rurale (CR) a organisé son XIe colloque à Laval (53) ce 17 mai. Le thème abordé cette année était la rémunération, et c’est autour de tables rondes et d’interventions qu’il a pu en être débattu avec les nombreux participants ayant fait le déplacement.

Dans la continuité des États généraux de l’alimentation, le congrès OPL s’inscrit dans l’actualité et a porté fièrement les revendications des agriculteurs, notamment en terme de rémunération: pour vivre d’un revenu digne, le prix du lait devrait s’établir à au moins 450€/1000L.

Une recherche d’efficience dans les OP

Un meilleur prix du lait aux producteurs ne dégrade pas les résultats des industriels, pour exemple, l’année 2014 fût une année record pour l’industrie laitière, quand le prix payé était de 400€/1000L… Tels furent les mots de la présidente de l’OPL, Véronique Le Floc’h, pour introduire la première table ronde entre les 4 organisations de producteurs représentées : Biolait, AP Bio de Seine et Loire, OPLGO et FMB GO. Les discussions orientées sur le thème de l’efficacité des OP ont soulevé de nombreux points, notamment le souhait des représentants d’être davantage dans la négociation, afin de peser sur le prix d’achat des collecteurs. « L’objectif à plus ou moins long terme est d’atteindre 500€/1000L », indiquait Jean-Pierre Lemesle de l’AP Bio de Seine et Loire avant d’ajouter « soit on arrive à changer le système, soit dans 5 ans on se fait laminer ». Faisant l’unanimité, cette idée soulève la question de la manière dont les OP peuvent réagir et reprendre le pouvoir dans les négociations. À Emmanuel Binois de FMB GO d’ajouter « Plus nous serons nombreux en OP transversales, plus demain la production nous appartiendra et les laiteries deviendront nos clients ». La question de l’intégration des coopératives dans ce système a également été au cœur des discussions: « Aujourd’hui, les producteurs laitiers coopérateurs doivent avoir la possibilité d’intégrer une OP, que ce soit l’OP « maison » créée par la coopérative ou une OP transversale ». D’autres sujets comme l’influence du projet de loi EGA et le contexte de mise en place de contrats cadre ont notamment été évoqué lors des débats.

À lait équitable, revenu équitable

Tel était le sujet de discussion autour de la seconde table ronde, où trois démarches étaient représentées. Trois initiatives qui ont eu pour point de départ un ras le bol de certains éleveurs, qui ne s’y retrouvaient plus dans le système conventionnel et qui ne vivaient plus décemment de leur production. « La grève du lait ayant eu lieu en 2009 a été une réelle prise de conscience situationnelle des éleveurs de la part du grand public » indiquait Fabrice Hégron de En Direct des Éleveurs. Malgré leurs différences structurelles ; En Direct des Éleveurs et FaireFrance sont des démarches initiées par les éleveurs (et par l’EMB pour cette dernière), C’est qui le Patron ?! est une démarche détenue par un communicant; les trois initiatives représentées étaient convergentes pour clamer que la situation ne peut plus durer, et que les éleveurs nécessitent de disposer d’une meilleure rémunération.

Une prise en compte des coûts de production pour une juste rémunération

L’après-midi fut marquée par l’intervention de Frédéric Veaux, préfet de la Mayenne, suivi de Frédéric Courleux, directeur des études d’Agriculture Stratégies, qui est intervenu pour une présentation de politique alternative agricole. « La PAC, aujourd’hui, ne sert plus que les intérêts des géants agroalimentaire et pas ceux des producteurs » a t’il pu commenter lors de sa présentation. Le nouveau président de l’EMB, Erwin Schöpges, a ensuite introduit l’étude sur les coûts de production, à l’initiative de l’European Milk Board , « 43 à 45 cts/L, ce doit être notre revendication ! Si on veut garder une nouvelle génération d'agriculteurs, c'est indispensable ! » a t’il pu lancer à l’assemblée.

Pour conclure, le mot de la fin est revenu à la secrétaire générale Véronique LeFloc’h et au président de la CR Bernard Lannes, qui ont martelé une fois de plus les positions du syndicat : « Il manque 100€ aux 1000L de lait » , « lorsque l’industrie laitière se porte bien, les agriculteurs sont la seule profession qui travaille à perte ».

  Avec le partenariat du conseil départemental de Mayenne, de la région Pays de la Loire, de la Chambre d'Agriculture de Mayenne et du Crédit Mutuel.

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