Aujourd’hui, exceptionnellement, un autre regard sur les jeunes agriculteurs : celui d’un agriculteur à la retraite qui a transmis sa ferme à ses enfants. Le jeune de l’étape a donc 64 ans. A cet âge, on est toujours aussi jeune que les autres, mais depuis un peu plus longtemps…

Chez les Loubet, on est maraîcher et producteur de semences potagères dans la périphérie urbaine de Beaune, à Ruffey-Lès-Beaune (21). En production biologique, ils ont développé leurs propres circuits de commercialisation pour rentabiliser au mieux la production. Entretien avec Yanick, le père, aujourd’hui à la retraite et qui a transmis le flambeau à ses enfants.

Comment la transmission de votre ferme s’est-elle passée ?

J’ai d’abord transmis mon exploitation à l’une de mes filles. Dans le même temps, mon fils s’était installé en reprise d’exploitation sur une commune voisine. Le départ de ma première fille sur une autre structure – elle a créé une ferme auberge avec son compagnon cuisinier et propose les légumes et viande produits sur place – a permis le retour de mon fils sur l’exploitation familiale et l’installation d’une autre de mes filles. Nous commercialisons l’ensemble de notre production localement : de la vente à la ferme, un marché à Beaune (nous avons la chance d’être présents sur un marché situé à moins d’un kilomètre de l’exploitation) et une dizaine de restaurants de la ville. Mes enfants ont plus particulièrement développé cet aspect et quitté l’Amap à laquelle nous participions car elle s’essoufflait.

Les démarches n’ont-elles pas été trop compliquées ?

Sur ma ferme, les choses ont été simples : pas de demande d’aides, pas de parcours particulier. Seulement les démarches auprès de la MSA et quelques investissements. Pour ce qui est des aides, mes enfants ne souhaitaient pas compliquer les démarches. Ils ont repris la structure à l’identique, tout en y apportant leur propre sensibilité. Ils connaissaient le travail car dans un premier temps, ils ont été aides familiaux sur l’exploitation. Ils poursuivent l’activité de semences potagères, mais n’ayant pas à consacrer de temps à la formation, ils en dégagent pour d’autres projets. Par exemple, ils testent la permaculture. Je suis heureux que mes enfants aient fait ces choix. Je ne les y ai pas poussés, mais je pense qu’ils y ont trouvé leur intérêt. Ils vivent correctement et reçoivent une réelle gratification pour leur travail : par une rémunération supérieure mais aussi grâce au contact avec une clientèle satisfaite de consommer leur production. Dans mon groupe de sauvegarde et de promotion des semences potagères, je compte de nombreux jeunes qui sont, je le pense, heureux de faire leur métier. Il y a de réelles perspectives pour eux dans ce métier !

Vous parliez à l’instant des semences potagères. Pourquoi avoir choisi de les développer ?

La production de semences potagères est l’une de nos particularités. Nous développons uniquement des semences naturelles, c'est-à-dire des semences de plantes non hybrides. Cela nous est possible car depuis de nombreuses années, j’ai fait le choix de toujours recourir à ce type de semences. C’est une problématique dans laquelle je suis particulièrement impliqué : avec mon épouse, nous avons créé « La graine et le potager », une association qui a pour objectif de les développer. Nous travaillons avec un réseau de fermes bio de la région Bourgogne Franche Comté pour développer et maintenir le catalogue. Par exemple, nous avons aujourd’hui environ 600 variétés de tomates. Cette activité m’a permis d’élargir mon champ professionnel : je suis formateur en agrobiologie en CFPPA, j’ai réalisé de nombreuses interventions à l’étranger (Amérique Latine, Afrique…) car toutes les agricultures ont intérêt à bénéficier de ces méthodes. J’ai fait des choses peu communes pour un autodidacte comme moi !

L’engagement syndical en est-il un exemple ?

D’une certaine manière, oui. Je suis à la Coordination Rurale depuis sa création. Je n’avais jusqu’alors adhéré à aucun syndicat et j’y ai trouvé ma place. C’est pour moi un syndicat qui défend des idées claires et précises, et qui est ouvert au dialogue. J’ai été par exemple élu par un conseil d’administration dans lequel j’étais le seul producteur bio. J’apprécie cette ouverture. J’ai récemment décidé de m’impliquer encore davantage en acceptant la présidence de la section Bio de la CR, mes interventions à l’étranger étant moins fréquentes aujourd’hui. Là aussi, c’est un sujet important pour moi, sur lequel nous avons un positionnement clairement défini.

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