Avec la fin des quotas programmée dès 2017 les industriels européens du sucre veulent accroître leur production pour gagner en compétitivité. Lors de leurs assemblées générales et réunions d'information, les fabricants de sucre ont dévoilé leurs stratégies ainsi qu’une vague idée sur la teneur des contrats proposés aux planteurs. Leurs propositions ne font que confirmer les inquiétudes de la Coordination Rurale, la suppression des outils de régulation vise à produire plus pour être payés moins !

Des propositions de prix peu convaincantes !

Pour rappel, le système de quotas actuel limite la production de sucre au sein de l'UE et garantit un prix minimum aux agriculteurs de 25 €/T (sans pulpe) pour les betteraves et de 404 € /T de sucre pour les industriels. Depuis juin 2013, date à laquelle la fin des quotas européens a été décidée par la Commission Européenne, les planteurs de betteraves ont été sollicités par les industriels du sucre pour produire 20 % de betteraves en plus dès la saison 2017. Que ce soit pour Tereos, Cristal Union ou Saint-Louis Sucre, la Coordination Rurale considère qu'aucune réelle garantie de prix n'est fixée. Quelques différences existent mais aucune proposition ne certifie des prix rémunérateurs pour les producteurs :
  • Tereos propose, contre un engagement de 5 ans, « un prix minimum garanti » de 25 €/T (pulpes comprises) pour les deux premières campagnes (2017/2018 et 2018/2019) ;
  • Cristal Union communique sur un prix pivot de 24 à 32 €/T (pulpes comprises) pour un prix du sucre compris entre 450 / 500 €/T ;
  • Saint-Louis Sucre propose un prix indexé sur le marché du sucre, avec un prix indicatif de 25 €/T (pulpes comprises) pour un prix du sucre à 420 €/T.
Dans ces conditions contractuelles, où le prix proposé n’est accompagné d’aucune garantie sur le long terme, la Coordination Rurale déconseille aux producteurs de s'engager sur du tonnage supplémentaire.

L'allongement de la campagne sucrière doit être compensé !

Afin d’augmenter la rentabilité de leurs usines, les groupes sucriers souhaitent augmenter leur production en allongeant la durée des campagnes sucrières d’une trentaine de jours. Si les propositions de prix sont restées très vagues et non garanties, les mesures d'accompagnement des producteurs pour l’allongement des campagnes sont quant à elles inconnues. Pour la Coordination Rurale, les producteurs ne peuvent s'engager sur ce point sans en connaître les mesures compensatoires et notamment les indemnités de prévention contre le gel. En effet, sans compensation financière les producteurs risquent de réinvestir dans le bâchage de leur récolte le petit surplus de marge proposé : une hypothèse inacceptable ! De plus, l'allongement des campagnes entraînera très certainement une dégradation de la structure du sol et une perte de rendement sur la culture suivante. Pour cela il n'est pas proposé non plus une compensation aux producteurs.

Quels débouchés pour cette surproduction ?

Produire plus pour augmenter la rentabilité des sucreries est logique dès lors que les marchés permettent l'écoulement de la production. Or, ce n’est pas le cas en Europe où les stocks de sucre sont déjà très importants alors que sa consommation ne progresse plus. La Coordination Rurale s'interroge clairement sur l'intérêt de continuer à massifier l’offre. Concernant la possibilité d’inonder le marché mondial, objectif affiché par nos fabricants de sucre européens, les coûts de production de nos planteurs sont encore supérieurs de 30 % à ceux de leurs homologues brésiliens. Cette surproduction annoncée aura forcément une incidence négative sur le prix payé aux producteurs et c'est bien pour cela qu'aucun industriel n'est aujourd’hui en mesure de fixer un prix minimum garanti. Il y a fort à craindre que, dans le cas où les prix ne couvriraient plus les coûts de production, les planteurs européens cessent leur production et fassent disparaître leurs sucreries locales. Pour autant, cette hypothèse ne mettra pas à mal le souhait de nos fabricants de sucre de devenir des acteurs mondiaux du sucre. En effet, en étant déjà implantés sur les 5 continents leur prise de risque est moindre puisqu’ils pourront récupérer à l’étranger ce qu’ils auront perdu en France, ce qui n’est pas le cas des betteraviers français !

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