44 jours après le début de l’occupation de la sucrerie d’Escaudœuvres, une délégation de la Coordination Rurale (CR), composée du président de la CR 59, du président de France Grandes Cultures (FGC) et du vice-président d’Avenir-Sucre, est venue prendre contact avec les salariés en grève pour comprendre leur détermination à garder l’usine fonctionnelle.

Forts de détenir un stock de semences de betteraves et divers produits finis sucriers, ces derniers maintiennent leur bras de fer avec la direction pendant cette période légale de négociation du plan de licenciement (PSE).

Les représentants de la CR ont rencontré des travailleurs fiers de leur sucrerie qui, derrière des murs âgés de 150 ans, cache en réalité des outils modernes : une chaudière au gaz mise en route pour la première fois cette année, des structures de conditionnement de moins de 5 ans, un lavoir récent, etc. Des investissements qui représentent 60 millions d’euros, dont 30 millions au cours de la dernière année, selon les grévistes. Parmi les salariés rencontrés, certains ont même été embauchés en CDI en février 2023 !

Coopérateurs comme salariés recevaient donc des messages rassurants sur le devenir de ce site quelques jours seulement avant l’annonce de sa fermeture.

Un peu comme à Fessenheim, tout pouvait encore durer des dizaines d’années, mais des choix politiques incompréhensibles en ont décidé autrement !

Les planteurs ne sont pas les ennemis des salariés. En effet, cette décision de fermeture par le groupe Tereos ne sera pas sans conséquence pour les planteurs :

« Outre l’aspect social de la fermeture d’une sucrerie, les campagnes longues avec des arrachages précoces ou tardifs, l’allongement des trajets en camions, la distance pour aller chercher les pulpes, la désertification des campagnes, etc., ont aussi des conséquences négatives pour les planteurs, car on sait que ces coûts seront répercutés sur les prix payés aux agriculteurs », indique Stéphane Bleuzé, président de la CR 59.

Si du côté de Tereos on peut imaginer que la perspective d’une réduction des surfaces de betteraves puisse se traduire par des fermetures de sites, c’est bien l’inaction politique et la mauvaise gestion de la filière aux mains de la CGB depuis de nombreuses années qu’il faut pointer du doigt : comment croire que ceux qui ont créé les problèmes pourraient les solutionner ?

« Cette décision de fermeture d’usine sucrière est une conséquence de plus de la déstructuration de la filière betteravière et sucrière. Là où la politique de quotas et de prix rémunérateurs sécurisait les planteurs, les usines, et toute une économie territoriale, la déstructuration de cette filière accroît quant à elle encore plus la dépendance de l’Europe aux importations de sucre, produit dans des pays qui ne respectent ni nos normes sociales, ni nos normes environnementales », ajoute Damien Brunelle, président de FGC.

La CR n’a jamais cru que le sacrifice des quotas pour satisfaire à la « vocation exportatrice » du syndicat dit majoritaire ferait le bonheur des paysans, la preuve est faite : non seulement l’Europe est devenue déficitaire en sucre, mais les sucreries ferment faute de rentabilité de cette culture !

La CR rappelle enfin que parmi les valeurs de la coopération agricole, on trouve « la défense du territoire et de ses adhérents ». Il serait opportun que certains s’en souviennent.

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