Le 3 novembre, France Grandes Cultures (FGC) participait à une réunion au ministère de l’Agriculture concernant la problématique des engrais azotés, aux côtés des autres organisations de producteurs et des acteurs des filières, face à l’Union des industries de la fertilisation (UNIFA).

Cela fait maintenant un mois que FGC a demandé que des mesures soient prises pour faire la lumière sur la situation et sécuriser la production agricole.

Les fabricants d’engrais déclarent pouvoir produire une quantité d’ammonitrate équivalente à celle de l’année dernière, via des importations d’ammoniac. Cependant, ils ne se prononcent pas sur les possibilités de livraison d’urée et de solution azotée, soit plus de la moitié de la fertilisation azotée en France.

En outre, l’UNIFA est restée très évasive face aux questions plus précises qui ont été posées, notamment concernant les capacités de compenser les difficultés d’approvisionnement d’azote sous d’autres formes, ou concernant des rumeurs d’exportations de produits azotés vers des pays hors de l’Union européenne (UE).

Quant à la question de la suspension des taxes antidumping, qui fait consensus au sein des agriculteurs, l’UNIFA a manifesté son opposition, car selon eux, cette suppression serait inutile au regard des cours mondiaux actuels.

Pour FGC, il est plus qu’urgent de suspendre temporairement tous les freins à l’importation, et notamment les taxes antidumping, et ce même si la disponibilité n’est pas assurée sur le marché mondial. En effet, si la situation doit se détendre quelque part dans le monde, il faut que l’UE et la France puissent en bénéficier immédiatement.

S’il faut tordre le bras aux producteurs d’engrais pour avoir un minimum de transparence et sécuriser la production agricole, alors le ministre de l’Agriculture doit être courageux. FGC reproche également au ministre de l’Agriculture son manque d’empressement à se pencher sur la situation et à chercher des solutions. En effet, malgré l’urgence et la gravité de la situation, la réunion de mercredi dernier a eu pour seule conclusion une nouvelle date dans les semaines à venir.

Selon FGC, à court terme et par ordre de priorité, il faudrait :

- Faire baisser le prix des engrais le plus vite possible sur le marché intérieur, particulièrement en mettant un terme aux spéculations, donner des garanties sur les livraisons (délais, logistique, volumes qui seront livrés avec certitude), être transparent sur les risques de manque, pour pouvoir anticiper et s’organiser. Il faudrait aussi suspendre temporairement les taxes antidumping.

- Anticiper dès aujourd’hui les conséquences possibles de cette crise des engrais sur la rémunération à venir des agriculteurs français, pour maximiser la production : via le SSP, Arvalis ou tout autre acteur compétent. Il faudrait aussi réaliser des scénarios prospectifs d’évolution des prix des engrais et des produits agricoles, et leurs conséquences sur les rendements, assolements, fertilisation, etc.

- Mettre en œuvre des mesures temporaires de soutien direct à l’industrie des engrais, par exemple un prix du gaz plafonné pour ce secteur, comme c’est le cas pour les particuliers, ou encore un prix des engrais soutenu par l’État avant l’achat par les agriculteurs.

- Sauver les trésoreries des via des soutiens directs, chèque engrais ou autre, en dernier ressort si les solutions précédentes n’ont pas fonctionné.

À moyen et long terme, il faut aussi protéger les agriculteurs de nouvelles crises avec la mise en place de mesures :

- Assurer la souveraineté sur la production d’engrais azotés via le développement des usines sur notre territoire, et réduire la dépendance de ces engrais aux énergies fossiles.

- Réduire la dépendance des agriculteurs aux engrais et favoriser l’autonomie des exploitations tout en garantissant la productivité et la protection de l’environnement (protéines végétales, agriculture de conservation des sols, etc.).

- Taxer les importations de protéines végétales issues de pays tiers, au niveau européen.

- Orienter une partie de la production vers ces protéines végétales, via une véritable politique de prix.

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