Dans son dernier communiqué le ministre de l’Agriculture a indiqué « être pour le respect de la saisonnalité et contre la sur-transposition de règles européennes » mais « pas contre les serres chauffées en tant que tel » notamment en agriculture biologique. La Coordination Rurale est surprise de l’incohérence de tels propos. Yanick Loubet, responsable de la section Bio de la CR est clair : « Si la lecture française du règlement AB aboutit à exclure les serres chauffées en bio. Il faut être cohérent et bannir les importations des denrées brutes et transformées produites avec de telles méthodes ». « Par le biais des serres chauffées les coopératives et les investisseurs cherchent à massifier l'offre bio pour vendre plus à moins cher. Ne reproduisons pas les erreurs du passé. Les seuls perdants seront les consommateurs et les agriculteurs », précise Yanick Loubet. En effet, l’arrivée de groupes financiers sur le marché du bio n’est pas une bonne nouvelle car il y a un risque de perte d’indépendance des producteurs et d’une concurrence accrue entre ces derniers, ce qui aboutira finalement à des pressions sur les prix. Au niveau du bio nous ne devons surtout pas répéter les erreurs faites dans les années 80 ; la course à la compétitivité et au rendement de l’agriculture conventionnelle dans une mondialisation accélérée a entraîné une chute catastrophique des prix. La dérégulation avec la fin des quotas a achevé de massacrer certaines filières comme le lait et les betteraves. À ce jour en bio, la France est presque autosuffisante en production d’œufs et de lait ; en céréales il manque encore 50% de production pour arriver à l’autosuffisance. « Il faut à tout prix mettre en place une protection et une régulation du marché bio et ne pas attendre qu’il y ait pléthore pour s’organiser », prévient Michel Le Pape représentant de la CR à Intercéréales bio. Pour la Coordination Rurale, le respect du cycle naturel des fruits et légumes en bio est une façon de réguler la production et d’assurer aux agriculteurs des revenus en phase avec les coûts de production réels. Pour Sébastien Héraud, responsable de la section fruits et légumes du syndicat, cette position va de soi, le recours aux serres chauffées doit être maintenue pour certaines situations et non pas pour une production bio toute l’année : « les serres chauffées doivent être utilisées dans une optique de protection, pour lutter par exemple contre le gel ou pour faciliter la production de plants. » Le 11 juillet le CNAB a finalement décidé d’autoriser les serres chauffées en bio à condition qu’il n’y ait pas de commercialisation entre le 21 décembre et le 30 avril de fruits et légumes bio produits en France et que l’énergie provienne de ressources renouvelables. Une position de compromis dont nous suivrons attentivement les applications concrètes.

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