Stop à la désinformation : consommateurs-agriculteurs, unissons-nous pour demander de la cohérence ! Des reportages à sensation et des articles anxiogènes déferlent dans tous les médias, ravageant l’image de l’agriculture française et de ses productions.

Prenons l’exemple de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques qui n’est pas sans risque, personne ne prétendra le contraire, mais qui fait les frais d’un rouleau compresseur idéologique ignorant tout de notre travail quotidien d’agriculteur.

Les médias reprennent l’information indiquant que la consommation de produits phytosanitaires par l'agriculture française a augmenté de 0,3 % entre 2016 et 2017, insinuent que les pratiques agricoles n’ont pas évolué et que le plan Écophyto, dont l’objectif est de réduire l'utilisation globale de phytos de 25% d'ici 2020 et de 50% d'ici 2025, est un échec.

Aucun ne s’est demandé quels sont les produits qui entrent dans le calcul de l’indicateur appelé « NODU usage agricole » ayant permis d’arriver à ce chiffre. La réponse est : tous ! Autrement dit, les produits utilisés en agriculture biologique et les produits de biocontrôle entrent dans l’indicateur permettant de mesurer la consommation de phyto pour l’usage agricole. Le NoDU, nombre de doses unité, est un indicateur purement quantitatif qui ignore tout de la toxicité du produit et la pression parasitaire. Il place ainsi au même niveau la bouillie bordelaise et un produit de synthèse systémique à large spectre… Cela n'a aucun sens !! De plus, il tient compte des quantités de produits vendus au cours de l’année et non des quantités effectivement appliquées. Plutôt qu’une réduction du volume, la priorité devrait être une réduction du risque.

Il faut également compter sur les interdictions de molécules qui accentuent non seulement le risque de résistance des plantes aux phytos mais aussi le nombre de passages avec des produits de moindre efficacité. Il faut noter qu’au-delà de la disponibilité des molécules, les conditions d’épandage sont de plus en plus restreintes.

Par ailleurs, tout le monde est en capacité de comprendre que le volume utilisé dépend de la pression sanitaire et de la flore indésirable (variant chaque année selon le climat) ainsi que des progrès de la recherche d’alternatives aux produits. Ainsi on ne peut pas vraiment parler d’échec du plan Ecophyto. En effet, en pondérant la consommation de produits phytos par le niveau de pression parasitaire, on s’apercevrait que la consommation de produits n’augmente pas réellement, en dépit d’une hausse de consommation apparente.

Les agriculteurs utilisent des produits homologués par l’État français…

Pour être mis en vente sur le marché français, tout produit phytosanitaire doit disposer d’une AMM (Autorisation de mise sur le marché). La Commission européenne fixe des critères d’approbation des substances actives et, au niveau français, le dossier biologique du produit phytosanitaire à homologuer doit garantir son efficacité, sa sélectivité (= non phytotoxique) vis-à-vis de la culture concernée et son innocuité vis-à-vis de l’applicateur, du consommateur et de l’environnement. La compétence est accordée au ministère de l’agriculture et à l’Anses.

Contrairement à ce que laissent entendre de façon insultante certaines ONG, les agriculteurs ne sont ni réticents vis-à-vis des alternatives, ni « addicts » aux produits. Leur objectif est de veiller au bon développement de leurs cultures face aux maladies, adventices et ravageurs. Lorsque des alternatives efficaces et bon marché seront disponibles, les agriculteurs ne manqueront pas de les adopter. La balle est bien dans le camp de la recherche ! Recherche financée en partie par des taxes sur les PPP que payent les agriculteurs.

... sur lesquels les agriculteurs payent des taxes

Alors qu’aujourd’hui les agriculteurs endossent le rôle de coupables parfaits, la Coordination Rurale rappelle qu’ils contribuent eux aussi à la recherche de produits alternatifs. En payant une redevance importante pour « pollutions » diffuses sur leurs achats de produits phytos, les agriculteurs participent activement au financement du plan Ecophyto. Ainsi, ce sont près de 70 millions d’euros qui sont dégagés tous les ans pour les promoteurs du plan de restriction des phytosanitaires : une véritable manne pour la recherche ! Le projet de loi de finances 2019 prévoit d’augmenter le taux pour récolter 50 millions d’euros supplémentaires. Alors qu’aucune étude d’impact n’évalue les conséquences économiques d’une telle augmentation sur nos productions végétales, déjà victimes de nombreuses distorsions de concurrence, le projet vise également des produits de biocontrôle alors que le recours à ces produits est très fortement encouragé.

Entre 2011 et 2015, l’État s’est permis d’affecter à son budget général les budgets non consommés par ce plan Ecophyto payé en partie par les agriculteurs (soit 41 millions d’euros sur 6 ans), alors même que la recherche sur le biocontrôle a toujours manqué de moyens et que 80 % des usages sont orphelins dans les départements d'Outre-mer (dont les cultures vivrières sont complètement oubliées).

Où sont les alternatives suffisamment efficaces et économiquement supportables que les agriculteurs attendent ?

Nous importons des produits alimentaires traités avec des produits phytosanitaires interdits en France ou à des doses bien supérieures…

Où sont les associations environnementalistes lorsque les agriculteurs demandent aux autorités de renforcer la régulation et le contrôle des végétaux importés afin d’éviter l’introduction de ravageurs sur notre territoire ? Où sont-elles également lorsque les agriculteurs demandent aux autorités d’interdire les importations de produits alimentaires qui ne correspondent pas à nos normes de production ?

Sans parler de la distorsion de concurrence que subissent les agriculteurs français il en va de la cohérence pour le respect des consommateurs.

... et sur lesquels il n’y a pas de taxes

Quelle hypocrisie ! Si l’on estime qu’il y a pollution ou dangerosité : doit-on fermer les yeux sur la dangerosité pour les populations utilisatrices et sur la pollution qui s’opère ailleurs sur la planète ? La France ne devrait-elle pas montrer l’exemple en arrêtant d’importer ces productions ?

Pour la CR, il est temps d’arrêter de nous critiquer et de subir la désinformation pour regarder dans la même direction et retrouver du bon sens. Au lieu de la peur ayons le courage de nous opposer aux importations qui ne correspondent pas à nos normes !

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