Patrick Clogenson, président de la CR Ile-de-France, a participé au comité sanitaire animal-végétal (CROPSAV) du 12 avril, portant sur le plan régional de lutte contre le campagnol des champs, présenté par la FREDON. Les agriculteurs souhaitant lutter contre le ravageur pourront utiliser la bromadiolone mais dans un cadre très strict. La CR IDF trouve ce plan d’actions contraignant mais la FREDON a dû tenir compte du cadre national fixé par arrêté interministériel.

Si les régions du centre et de l’est de la France subissent d’importants dégâts de campagnols terrestres (rat taupier), c’est en revanche le campagnol des champs qui sévit dans notre région francilienne.

Pour lutter contre le nuisible, la FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) a élaboré un plan d’actions régional. En tant qu’OVS (Organisme à Vocation Sanitaire), c’est elle qui a la responsabilité de ce plan.

L’arrêté national du 14 mai 2014 et la circulaire du 21 octobre 2015 posent un cadre très rigoureux.

L’agriculteur doit observer sa parcelle et appliquer une méthode de diagonale indiciaire : il est possible de traiter seulement à basse intensité, dès les premiers signes de présence du campagnol et jusqu' à une densité d'indices d'un sur trois.

Seule la FREDON pourra délivrer de la bromadiolone (anticoagulant) aux agriculteurs titulaires du certiphyto et ayant préalablement suivi une formation (prise en charge par VIVEA). L’application est réalisée au terrier, par canne sonde, à raison de 10 grammes d’appâts, dans la limite de 7,5 kg par ha et par traitement.

Une zone non traitée de 10 mètres devra être respectée en bordure de cours d’eau BCAE, en cas de présence du campagnol amphibie (voir la carte fournie par la DRIAAF).

Le plan d'actions fait débat : écologistes et agriculteurs n'ont pas le même point de vue.

L’objectif est de lutter contre le campagnol en période de basse intensité, avant pullulation, de manière à limiter les quantités de bromadiolone utilisées. Un couple de campagnols présent au printemps peut donner une descendance de 200 individus à l’automne suivant.

Les associations environnementales s’inquiètent des conséquences sur les rapaces mais selon un représentant de la chambre d’agriculture, rien ne prouve qu’une utilisation très encadrée de la bromadiolone entraine un tel risque. Les études réalisées en Franche-Comté sur le campagnol terrestre en milieu prairial ne sont pas transposables à l’Ile-de-France. Un groupe d’experts réuni par la DRIAAF a cependant conclu qu’il faut interdire le traitement entre le 1er avril et le 31 août, période de reproduction des rapaces. De plus, des restrictions sont prévues dans les communes où le busard saint-martin, le milan royal et le hibou des marais sont présents. Les animaux non cible retrouvés morts devront être signalés au réseau SAGIR (réseau de surveillance épidémiologique des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres). Paradoxe : les couverts végétaux (CIPAN, agriculture de conservation) attirent les campagnols et certains craignent que les agriculteurs se détournent de l’agro-écologie si les traitements à la bromadiolone ne sont pas facilités. En effet, le recours le plus efficace contre le campagnol est la charrue !

Avis de la CR sur le plan et alternatives proposées

Patrick Clogenson propose l’usage du CO2 comme gaz asphyxiant, qui supprimerait toutes les complications encadrant l’utilisation de la bromadiolone. L’idée est jugée bonne mais la technique n’est pas encore au point. Le CO2 a fait l’objet d’une dérogation 120 jours sur la luzerne : des essais ont été commandités par la Direction Générale de l’Aimantation du Ministère et une évaluation réalisée par l’ANSES (résultats non connus pour l’instant).

Patrick Clogenson pose aussi la question de plantes de couverture qui pourraient avoir un effet contrariant pour le campagnol. Des essais ont été menés avec le mélilot jaune mais sans réel succès. P. Clogenson souligne alors que les organismes de recherche doivent mettre les bouchées doubles sur ce sujet ! Au terme d’une vive discussion, le plan est finalement accepté par tout le monde. Si la CR regrette sa complexité, elle constate cependant que la FREDON a fait le maximum pour ne pas rajouter de contraintes à celles du cadre national. Le plan entrera en vigueur dans les prochaines semaines, après notification d’acceptation du préfet, par lettre, à la FREDON. Plan d'actions Campagnol (FREDON)

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