Le Conseil d’État vient de sommer l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) de supprimer l’interdiction de commercialiser les légumes d’été (tomates, courgettes, poivrons, aubergines et concombres) produits sous serres chauffées entre le 21 décembre et le 30 avril. Cette mesure avait été introduite en 2019 dans le guide de lecture français des règlements européens qui encadrent la production biologique. La suppression a ainsi été faite le 29 juin dernier ; une aberration pour la Coordination Rurale !

Favorable à l’introduction de cette mesure en 2019, la Coordination Rurale rappelait alors que le respect du cycle naturel des légumes en bio est une façon de réguler la production et d’assurer aux agriculteurs des revenus en phase avec les coûts de production réels. La suppression de cette mesure est donc très mal accueillie par notre syndicat : « C’est une hérésie de produire des légumes d’été bio en hiver en utilisant de l’énergie fossile ! » s’insurge Sébastien Heraud, responsable de la section Fruits et Légumes de la CR. « Les importations de légumes bio en hiver arrivent, la plupart du temps, de pays où ils n’ont pas besoin de chauffer les serres, il faut plutôt dénoncer le bilan carbone de ces importations. En se mettant à produire et à vendre des légumes d’été bio en hiver, il y aura davantage de marchandise sur le marché et un risque d’une baisse des cours. »

Les producteurs vont faire face à une concurrence accrue avec des importations à bas coût, ce qui aboutira finalement à des pressions sur les prix. La course à la compétitivité et au rendement de l’agriculture biologique dans une mondialisation accélérée risque d’entraîner une chute catastrophique des prix.

« Il est tout à fait logique de respecter la saisonnalité lorsqu’on produit en bio », s’exprime Frank Olivier, responsable de la section bio de la CR. « Il est compréhensible que certains agriculteurs français souhaitent se positionner là où il y a un marché, d’autant plus que celui-ci était en train de nous échapper à cause de restrictions franco-françaises. Mais le raisonnement est-il poussé jusqu’au bout quand on voit le coût de l’énergie actuellement ? Les légumes français seront obligatoirement plus chers que les légumes d’importation. Les consommateurs seront-ils prêts à accepter cet écart de prix et à acheter nos produits ? Si nos décideurs veulent être cohérents et respecter l’environnement, le cycle naturel des légumes, et le travail des producteurs français, au lieu de supprimer cette mesure, ils devraient la conserver et bannir en plus les importations des denrées brutes et transformées produites avec de telles méthodes ».

Pour information, les producteurs sont soumis à l’obligation d’utiliser uniquement des énergies renouvelables pour chauffer les serres, pour toutes les exploitations entrant en conversion à partir du 1er janvier 2020. Pour les exploitations en conversion ou certifiées avant cette date, cette obligation entrera en vigueur au 1er janvier 2025. Ces obligations ne s’appliquent pas à la production de plants.

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