En février dernier, la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE) proposait d’établir le bilan du Programme Ambition Bio (PAB) 2018-2022.
L’objectif : identifier les réussites et les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre du programme, mais également élaborer les futures actions en s’appuyant sur l’ensemble des partenaires du secteur, pour définir les priorités et identifier les leviers d’action.

Il ressort 7 axes de cette analyse :

1. Développer la production
Le dernier programme mis en œuvre démontre un manque patent de coordination et de lisibilité des actions.
> Or, pour la CR il est fondamental de renforcer la coordination entre les différents acteurs du développement agricole afin de permettre la montée en puissance des organismes de développement agricole.
Il est également nécessaire de lever les freins techniques et financiers des plans de filières élaborés par chaque interprofession malgré leur interdépendance. Ces derniers n’ont, en outre, pas été fixés en cohérence entre eux, alors même que les synergies entre les différentes filières (notamment élevage/cultures) sont essentielles pour répondre à des problématiques centrales du secteur biologique.

2. Structurer les filières
Cet axe démontre qu’il faut davantage inciter à la structuration des filières biologiques.
> À ces fins, la CR propose que soient mis en place de véritables outils au service du renforcement de l’amont en bio, ainsi que des relais régionaux officiels et structurés. En 2021, 12 régions disposent d’ORAB (Observatoire régional de l’agriculture biologique), contre 7 en 2018. Il faut continuer en ce sens. Ces dispositifs permettent en effet de disposer chaque année d’un état des lieux précis et chiffré de l’agriculture bio dans la région et de suivre son évolution.

3. Développer la consommation
Pour développer la consommation de produits bio, plusieurs actions de promotion ont été menées sur la période 2018-2022. C’est notamment le cas de la campagne de communication BioRéflexe, menée par l’Agence Bio en 2022. Selon les analyses, celle-ci aurait d’ailleurs permis d’améliorer de 14 points la confiance que les français accordent aux produits issus de l’agriculture biologique et de 17 point l’image et les valeurs auxquelles ils renvoient (bons pour la santé / favorisent la biodiversité / cultivés sans pesticides de synthèse).
> Pour la CR, ces campagnes de communication sont nécessaires : 2 consommateurs bio sur 3 sont en effet incités par les créations de la campagne à consommer plus de bio et 21 % des non-consommateurs sont incités à en consommer.

Cet axe de réflexion propose également de développer la consommation de produits biologiques en restauration hors domicile.
> Pour la CR, l’inscription dans la loi dite EGAlim 1, de l’obligation d’introduire 20 % de produits biologiques dans la restauration collective publique, a été un outil essentiel au développement de la consommation de produits biologiques. Alors qu’en 2021, l’Agence Bio estimait que les cantines servaient en moyenne 6,6 % de bio, les dernier chiffres de l’Observatoire national de la restauration collective bio et durable révèlent que la part des produits bio est aujourd’hui de 36 % en restauration collective.

> À noter que la CR a par ailleurs interpellé la DGPSE sur l’impact de la HVE. Ce label est en effet responsable d’une dépréciation environnementale par le consommateur, se traduisant par une augmentation du chiffre d’affaires des marques de distributeurs en grande distribution au détriment de l’agriculture biologique.

4. Renforcer la recherche
Les travaux menés dans le cadre de l’axe 4 ont montré la forte mobilisation des acteurs de la recherche française dans la production de connaissances sur l’agriculture biologique.
La coordination entre structures de recherche et acteurs du développement agricole, est également un enjeu primordial.
> La CR se félicite ainsi des nouvelles collaborations transversales entre l’ACTA et l’ITAB. Celles-ci devraient permettre aux instituts techniques de mutualiser leurs moyens et d’aborder collectivement les priorités de recherche.
> La CR déplore toutefois que l’étude ITAB-INRAE sur les externalités de l’agriculture biologique ait été orientée principalement sur la HVE, label pour lequel l’amélioration environnementale sera peu importante, voire nulle. Les aménités positives ne peuvent être mises en évidence qu’à travers une pratique agraire à très faible utilisation d’intrant, voire nulle, ce qui n’est pas le cas de la HVE. L’agriculture biologique ne peut être que le seul réfèrent qualitatif des SIQO puisqu’il se caractérise par l’absence de matière active. Enfin, le référencement de la HVE est incompréhensible par la profession et par le consommateur.

5. Former les acteurs
Ce nouvel axe montre la forte implication de l’enseignement agricole pour une meilleure prise en compte de l’agriculture biologique dans les exploitations et les formations.
> La CR se réjouit de la mise en place de trois actions pertinentes et efficaces : le réseau Formabio, AbioDoc, ainsi que l’orientation Agriculture biologique (AB), pour toutes les voies de formation (scolaire, apprentissage, formation professionnelle continue et formation à distance).
Elle encourage toutefois à aller encore plus loin en créant une véritable « section bio » !

6. Adapter la réglementation
L’axe 6 met en évidence l’activité particulièrement intense des autorités compétentes en matière de réglementation biologique sur la période 2018-2022, du fait de l’adoption puis de l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la production biologique.
En parallèle et afin de s’appuyer sur cette nouvelle réglementation, l’INAO a procédé à la mise à jour complète de son guide de lecture et des circulaires et décisions encadrant les contrôles.
L’INAO a également procédé à la dématérialisation des bases de données (animaux bio, semences et plants bio et dérogations).
> Selon la CR, il faudra toutefois veiller à ce que les administrations compétentes disposent de données mises à jour régulièrement sur les opérateurs, les certifications et les productions, sans quoi elles ne pourront effectuer leurs missions dans de bonnes conditions.

7. Impulser la dynamique dans l’Outre-Mer
Les travaux de l’axe 7 témoignent d’un fort développement de l’agriculture biologique dans l’Outre-Mer sur la période 2018-2022, mais mettent aussi en évidence la nécessité d’une meilleure prise en compte des spécificités de ces territoires pour parvenir à un essor réel des filières biologiques.
> La CR déplore que les actions inscrites dans l’axe 7 n’aient traité que le volet organisationnel. La définition d’actions opérationnelles spécifiques à ces territoires est en effet essentielle pour mobiliser les acteurs locaux et lever les freins au développement du secteur biologique sur ces territoires.

Dans la même catégorie

Bio
Infos et aides agricoles
Pays de la Loire
Bio