La fin des quotas européens sur le sucre a été décidée par la Commission Européenne en juin 2013. Les producteurs de betteraves Nord-Pas-de-Calaisiens seront dès lors en prise directe avec leurs concurrents brésiliens, indiens, américains…

La fin des quotas betteraviers signe l'arrêt de la régulation de la production sucrière.

Or, c'est à l'opposé des missions assignées à la Politique Agricole Commune par les traités de Rome, de Maastricht et de Lisbonne. La Coordination Rurale du Nord Pas-de-Calais milite pour une régulation des marchés basée sur le prix à l’échelle européenne et ne peut donc se satisfaire de cette annonce.

Le risque est celui d'une surproduction européenne de saccharose de betterave, mais aussi d'isoglucose de blé. Les coûts de production des planteurs européens étant déjà plus élevés de 30% que ceux de leurs homologues brésiliens, les betteraviers courent le risque de voir encore les prix à la vente chuter. Nul doute donc, qu'afin de conserver une production betteravière en France, les sucreries devront assurer des prix rémunérateurs pour les producteurs.

Une chute des prix orchestrée de longue date

En théorie, les quotas sucriers permettent d'assurer un chiffre d'affaires moyen à l'agriculteur, mais depuis quelques années, avec la baisse des prix voulue par certains lobbies industriels comme Coca-Cola, la rentabilité devient de moins en moins évidente. Les droits à produire en sucre n'ont déjà plus vraiment de valeur pour l'exploitation et c'est affligeant pour les agriculteurs qui ont investi dans les quotas.

Compenser la baisse des prix par l'augmentation des rendements ne sera plus possible !

Les innovations récentes au niveau génétique ont permis d'augmenter les rendements de 40 %, ces 10 dernières années, ce qui a pu compenser légèrement la baisse des prix. Mais les restrictions d'utilisation de produits phytosanitaires annoncées laissent présager l'atteinte des plafonds maximum de production.

Impossible de pérenniser la production sans prix rémunérateurs !

La suppression des quotas sucriers suivra celle des quotas laitiers, disparus depuis le 1er avril 2015. Mais la production de betteraves est différente de celle du lait : elle demande moins d’investissements et il est possible de choisir de produire ou non des betteraves en fonction du cours. Le marché peut se réguler plus facilement que celui du lait mais, sans outil de régulation, il peut devenir chaotique. L'agriculteur capable de produire des betteraves peut facilement changer de production et c'est ce qu'il risque de faire en fonction des cours, alimentant ainsi la dérégulation.

C'est la production betteravière de notre pays qui est en cause dans la mesure où les sucreries ne pourront pas échapper à la concurrence et feront elles-mêmes disparaître leurs producteurs... et s'autodétruiront en même temps.

En s'attaquant aux quotas sucriers, l'UE, avec la complicité des gouvernants qui la composent,  arrive au terme de son plan caché : donner accès aux consommateurs européen à une alimentation basée sur des matières premières agricoles achetées au cours mondial pour transférer leur pouvoir d'achat vers d'autres biens de consommation. En réalité ce plan est bel et bien un jeu de massacre qui va provoquer un réveil douloureux lorsque les besoins alimentaires croissants retendront le ressort des prix mondiaux.

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